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Guerre en Ukraine: à combien peuvent grimper les prix des carburants? - BFM Business

La hausse importante des cours du baril va se traduire par une augmentation des prix à la pompe. Mais une partie des taxes étant fixe, la répercussion n'est pas proportionnelle à l'envolée des cours.

Après l’inflation, le choc d’offre. La Russie se voit progressivement coupée du monde économique, à coups de sanctions imposées par les Occidentaux en réponse à son offensive en Ukraine. Pour le deuxième exportateur de pétrole mondial, cela complique les échanges pétroliers notamment parce que de nombreux groupes occidentaux se retirent du pays, comme Shell ou BP.

Conséquence de ces incertitudes géopolitiques et financières: le prix du baril grimpe en flèche. Le Brent touchait les 118 dollars au 3 mars, après avoir dépassé les 110 dollars la veille. Et les analystes soulignent une probable augmentation, pouvant à terme atteindre les 150, 180 voire 200 dollars.

Les distributeurs vont donc devoir répercuter les prix du brut sur les prix à la consommation, à la pompe, comme le confirmait Dominique Schelcher, PDG de Système U, invité de BFM Business :

"Sept jours après le déclenchement, il y a le choc du prix du carburant, nous l’achetons dix centimes plus cher. On ne prendra pas de marge suppplémentaire, mais ce prix d’achat, on sera obligé de le répercuter", résumait le distributeur.

Le litre de gazole atteignait il y a quelques jours 1,74 euro, quand le sans-plomb 95 touchait 1,80 euro. Soit une hausse de 20 centimes depuis le début de l'année.

Un tiers du prix de vente

A combien risque donc de grimper le prix du carburant après la mi-avril (l'achat de brut produit dans le Golfe se fait 45 jours avant la vente) dans les stations? Pour l'estimer, il faut en revenir à la composition du prix du carburant.

Le prix du brut ne représente qu'une fraction du prix, environ un tiers. Le reste provient des coûts de raffinage et de transport, marges comprises (environ 10% du prix), et surtout de deux taxes: la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) et la TVA, qui s'applique à 20% sur l'ensemble, y compris la TICPE. Cette dernière s'élève à près 70 centimes le litre pour le sans-plomb et des 60 centimes pour le gazole.

Le fait que la principale taxe pesant sur les carburants soit fixe, signifie en pratique qu'une hausse du prix du baril s'accompagne d'une augmentation plus faible du prix du carburant: un tiers du prix du litre dépend du cours du brut, qui fait grimper une partie seulement de la TVA (pas celle sur la TICPE).

Ainsi, depuis le début de l'année, le prix du brut de Brent a augmenté de 24,4% environ, passant 79,5 à 98,9 dollars ; dans le même temps, le prix du gazole a connu une hausse de 9,6%, et le sans-plomb 95 de 8%. Soit entre un tiers et la moitié de la hausse du baril.

Avec un baril à 118 dollars, comme actuellement, le prix du carburant pourrait grimper à 1,87 euro pour le gazole et 1,91 euro pour le sans-plomb. Dans l'éventualité d'un Brent à 150 dollars, les prix à la pompe s'approcheraient des 2,20 euros.

Compensation impossible du pétrole russe

Mais d'autres facteurs pourraient encore influencer le prix de l'essence : c'est notamment le cas de la parité entre le dollar et l'euro. La France achète son pétrole en dollar, et l'euro s'effrite face à la monnaie américaine depuis plusieurs mois. Un euro valait 1,22 dollar au mois de mai 2021, ce n'est plus que 1,11 dollar à la fin du mois de février.

Le cours de brut, de plus, est pour l'instant difficile à prédire : en dehors des sanctions éventuelles, c'est le niveau de demande (et donc la sensibilité des consommateurs à sa hausse) qui fixera son prix, et le prix du carburant avec.

Ce qui demeure certain, comme l'analyse Alexandre Andlauer, analyste financier chez Kpler, invité de Good Morning Business ce jeudi, c'est que la Russie va moins vendre, faute de demande :

"Ce sont des anticipations de potentielles sanctions qui vont venir sur le pétrole russe. C'est aussi une question de risque, d'assurances, les acteurs pétroliers ne veulent plus aujourd'hui s'engager dans l'achat de pétrole russe".

Aucun pays ne pourra compenser les quatre millions de barils vendus chaque jour par Moscou, à des prix plus faibles que d'autres pétroles -américain, émirati ou saoudien notamment. Les initiatives américaines pour puiser dans les réserves stratégiques, ne suffiront donc pas à endiguer, du moins dans les semaines prochaines, la hausse du prix du pétrole - et donc du carburant.

Valentin Grille

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