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Hausse des taux : la BCE va encore frapper fort pour juguler l'inflation - La Tribune.fr

Il semble y avoir peu de suspense : la hausse des taux de la Banque centrale européenne devrait être, à nouveau, de 75 points de base. L'institution financière doit, en effet, annoncer, ce jeudi, un nouveau resserrement de sa politique monétaire pour tenter d'endiguer l'inflation qui a atteint 10% en septembre sur un an au sein de la zone euro (les 19 pays à avoir adopté la monnaie unique).

Ce sera la deuxième fois consécutive que le conseil des gouverneurs de la BCE, composé de 25 membres, optera pour une hausse de 75 points de base. Le 7 septembre dernier, la banque centrale européenne avait déjà procédé à un relèvement de la même ampleur, après avoir augmenté ses taux d'intérêt en juillet pour la première fois en dix ans, de 50 points de base. Cette hausse a mis fin à plus d'une décennie de taux d'intérêt extrêmement bas, voire négatifs et aujourd'hui, le taux sur les dépôts bancaires à la BCE, qui est l'un des trois taux directeurs et qui fait référence, se situe actuellement à 0,75%. Avec la hausse attendue ce jeudi, il se rapprocherait ainsi d'un niveau de 2%, qui est peu ou prou considéré comme neutre pour l'activité.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde avait prévenu, en septembre, que les taux étaient encore « loin » d'un niveau qui « aidera à ramener l'inflation à 2% ». Elle avait ainsi déclaré que les hausses suivantes, qui « dépendront des données » économiques, devaient « être d'une amplitude qui nous rapproche plus rapidement » de cet objectif, assurant que la BCE allait « continuer à augmenter les taux ».

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L'institut francfortois semble calquer son action sur la Réserve fédérale américaine, qui pourrait à nouveau relever de 0,75 point de pourcentage son taux directeur en novembre, comme lors des trois réunions précédentes, selon les économistes. Mais aux Etats-Unis, l'inflation est nourrie par les dépenses des ménages aidés par Washington pendant la pandémie, tandis qu'en zone euro ce sont les prix de l'énergie et des matières premières importées qui font bondir l'agrégat.

Risque de récession

Cette politique n'est pas sans conséquence sur l'économie de la zone euro. Freiner la demande pour ralentir l'inflation peut, en effet, s'avérer délétère pour la croissance de la zone euro et provoquer une récession. Ce scénario semble d'ailleurs se préciser d'autant plus à en croire les propos du vice-président de la BCE, Luis de Guindos, le 14 octobre dernier. Selon lui, une interruption durable des flux de gaz russes vers l'Europe pourrait provoquer une récession de près de 1% dans la zone euro en 2023. Un scénario déjà assuré pour l'Italie et l'Allemagne selon le FMI. La première économie européenne devrait par exemple voir son PIB reculer de 0,4% l'an prochain. Dans un contexte de ralentissement économique, c'est donc un choix délicat que fait l'institution de Francfort, mais les gardiens de l'euro estiment que laisser les prix grimper serait encore plus néfaste.

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Certains Etats membres s'inquiètent toutefois des conséquences de ces relèvements successifs à l'instar d'Emmanuel Macron qui a appelé à ne pas « briser la demande » pour contenir l'inflation. La nouvelle présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, entrée en fonction cette semaine, a, quant à elle, souligné « le risque » d'une hausse des taux, notamment « pour les États membres qui ont une dette publique élevée ». Berlin n'est pas sur la même longueur d'ondes et il est important aux yeux du gouvernement allemand de ne « pas contrer les mesures des banques centrales » par un soutien trop fort de la demande. Ce qui ne l'empêche pas de soulager les consommateurs allemands face à l'inflation galopante comme il le fait avec son plan massif de 200 milliards d'euros pour plafonner les prix de l'énergie.

Un bilan à 8.800 milliards d'euros

La BCE devrait également profiter de la réunion de cette semaine pour discuter de l'alignement des autres instruments de politique monétaire avec ses efforts de lutte contre l'inflation. Il devrait notamment être question des TLTRO, ces prêts à plus long terme à des coûts avantageux et qui encouragent les banques à prêter aux entreprises et aux consommateurs de la zone euro, ce qui est favorable à la consommation et à l'investissement. Quand il s'agissait de soutenir les prix dans les plans anti-crises et que l'inflation se situait en dessous de 2%, plusieurs vagues de ces prêts géants et bon marché ont d'ailleurs été accordés aux banques. Mais avec une inflation à 10%, la priorité est désormais de freiner cette consommation, remettant en cause l'intérêt de ces TLTRO.

La BCE se sait aussi attendue sur la réduction de son bilan, qui a grimpé à 8.800 milliards d'euros sous l'effet de ses programmes d'achat d'actifs en soutien à l'économie.  Mais, compte tenu du risque d'ébranler les marchés financiers, les analystes estiment que le début de tout « resserrement quantitatif » - ne pas réinvestir les obligations arrivant à échéance - est encore loin. « Les récents événements au Royaume-Uni, qui ont forcé la Banque d'Angleterre à faire volte-face sur les achats d'obligations, pourraient être considérés comme un rappel utile que tout retrait agressif de liquidités risque d'être très perturbant pour le marché obligataire et la transmission de la politique monétaire », note Frederik Ducrozet, chef économiste chez Pictet Wealth Management.

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