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Les rumeurs sur la chute de Credit Suisse affolent les marchés - Le Monde

A Bern (Suisse), le 15 août 2022.

Une action du groupe bancaire Credit Suisse vaut moins cher qu’un café à Zurich, où il n’est certes pas donné. La moquerie qui a circulé lundi 3 octobre sur les places financières avait le parfum amer des intuitions précédant les grandes catastrophes. La banque, numéro deux helvétique, et l’un des poids lourds du secteur au niveau mondial, serait toute proche de la déroute. Un scénario catastrophe, genre de remake du crash de Lehman Brothers en 2008 à Wall Street, qui avait entraîné une crise financière internationale.

« Est-ce possible ? », s’est interrogée Ipek Ozkardeskaya, analyste à Swissquote, dans une note de marché. « Oui, c’est possible, mais hautement improbable », car la banque serait encore bien capitalisée. N’empêche, rien ne semble arrêter la rumeur, cette peste des marchés, où l’on désigne déjà Credit Suisse sous l’appellation peu avantageuse de « Debit Suisse ».

Message interne

A la clôture de la Bourse lundi, l’action ne valait plus que 3,94 francs suisses (4,06 euros), en baisse de 57 % depuis le début de l’année. La capitalisation boursière de Credit Suisse n’atteint plus que 10 milliards de francs suisses, une broutille à ce niveau. A la fin de la semaine précédente, toute une série d’indices ont semblé confirmer la possibilité d’un « défaut » imminent de l’établissement, à commencer par l’envolée des cours de ses credit default swaps (CDS), ces produits dérivés qui permettent à leur émetteur de se protéger d’une éventuelle défaillance. Ils ont atteint ces derniers jours des niveaux jamais vus depuis la dernière crise financière.

Affolé par la vitesse à laquelle se répandait la rumeur, le nouveau PDG, Ulrich Körner, appelé en renfort pendant l’été, a battu le rappel des troupes. Dans un message interne vendredi, il a exhorté les employés à ne pas céder à la panique, pendant que les grands cadres appelaient les clients institutionnels et les investisseurs pour éviter une hémorragie des placements. Mais cela n’a pas suffi. Comme souvent dans ce genre de cas, des hedge funds seraient aussi à l’œuvre, qui vendent l’action Credit Suisse à découvert depuis des semaines pour profiter de l’écroulement du cours en bourse.

Il faut dire que les marchés, jamais très sentimentaux, ont flairé une proie idéale. Exsangue, Credit Suisse tente depuis de nombreux mois de restaurer une réputation ravagée par des scandales à répétition. Par malchance, ou plus prosaïquement par une prise de risques excessive, la banque s’est brûlée dans de nombreuses affaires sulfureuses ces dernières années qui lui ont coûté des milliards : implosion des fonds spéculatifs Archegos et Greensill Capital ; affaire des obligations pourries au Mozambique ; blanchiment d’argent de la mafia bulgare puni par la Cour suprême helvétique ; sans oublier les sordides affaires d’espionnage interne entre hauts dirigeants à l’époque récente du PDG Tidjane Thiam. Et comme si ce roman noir des mauvaises pratiques ne suffisait pas, un consortium de journaux internationaux (dont Le Monde) révélait en février dans « Suisse Secrets », une fuite de données, à quel point Credit Suisse avait trempé dans nombre d’affaires douteuses.

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