« Nous sommes en deuil » : ruée dans les magasins Camaïeu, qui ont baissé le rideau définitivement - Ouest-France

C’en est fini. Ce samedi 1er octobre 2022, les 2 600 salariés des quelque 500 boutiques Camaïeu de France ont dit adieu à leurs fidèles clientes. L’enseigne de prêt-à-porter a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Lille, jeudi 29 septembre, après quarante années d’existence.

Pour cette dernière journée d’ouverture, les clientes se sont ruées en nombre dans les magasins, installés en ville ou dans les centres commerciaux de périphérie. Autant pour dénicher une bonne affaire avant la liquidation que pour saluer les vendeuses, qui perdent leur emploi brutalement.

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Certaines clientes sont venues avec des petits cadeaux et glissent un mot de réconfort au moment de payer. « J’ai connu un licenciement aussi il y a trois ans, je sais ce que ça fait de plonger dans l’inconnu », confie une cliente quadragénaire, à Roubaix (Nord), avant de lancer à une vendeuse : « Je peux vous faire un câlin ? »

« Triste pour les vendeuses »

À Argentan, dans l’Orne, l’affluence de la boutique Camaïeu a triplé depuis l’annonce de la fermeture. Cindy, une fidèle cliente, se dit « hyper triste pour les vendeuses, e lles sont souriantes, polies, très pro. Je m’entendais bien avec elles. »

Les clientes se sont pressées à la boutique Camaïeu d’Argentan (Orne) avant sa fermeture définitive. | OUEST-FRANCE

À Lisieux, dans le Calvados, une longue file d’attente s’est formée une bonne partie de la journée, ce samedi. « Votre équipe vous dit mille mercis », pouvait-on lire sur la devanture du magasin.

Sentiment de malaise

Ambiance étrange entre les jeans et les tuniques : « Je suis venue soutenir les vendeuses, elles restent souriantes et dynamiques, ne font rien paraître, constate Angélique. Mais je me sens un peu mal à l’aise d’être ici, presque honteuse de faire des achats dans ce moment. Certains sont venus faire de bonnes affaires, je le comprends. »

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Mêmes scènes à Quimperlé, dans le Finistère, et à Nantes et Saint-Herblain (Loire-Atlantique) où les étiquettes – 50 % ont eu du succès. Les recettes liées à ce déstockage massif devraient revenir aux 2 600 salariés licenciés, selon les syndicats. Elles permettront d’améliorer les possibilités de formation et de reconversion dans le cadre du plan social.

« On va débrancher la machine »

Commentaire de Nordine Misraoui, délégué CFDT, qui déplore une « casse sociale » qui aurait pu être évitée : « Ce soir, c’est comme une fin de vie, on va débrancher la machine. »

Dans un autre magasin Camaïeu, un chevalet accueillait les clients avec ce message : « Pardon si nous peinons à vous accueillir comme vous le méritez et comme nous le voudrions. Nous sommes anéantis et tellement fatigués. Nous sommes en deuil. »

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