
En déboulant chez Twitter un évier à la main et les idées (littéralement) en pagaille, Elon Musk a décrété que le personnel de la plateforme était trop dilettante pour lui. Par vagues imprévisibles et décrets parfois incompréhensibles, selon les désirs changeants du nouveau taulier et, surtout, les finances de l'entreprise rendues désastreuses par son montage financier, nombre d'entre eux allaient devoir brutalement quitter le navire.
Celles et ceux qui restaient, parce qu'ils avaient survécu aux coupes ou par choix, étaient placés devant un fait accompli. Twitter serait désormais une entreprise «extrêmement hardcore», selon les propres mots de son patron aux humeurs changeantes. Pour le bien de la firme, chaque salarié allait devoir lui consacrer ses jours, ses nuits, son corps, son âme, sa santé.
Quitte à devoir dormir sur place: c'est ainsi qu'a fait surface sur Twitter l'image de l'une de ces braves soldates du QG de l'entreprise, emmitouflée dans un sac de couchage posé sur un vague tapis de sol, essayant de grappiller quelques heures de sommeil entre les chaises, les écrans et les poussières informatiques.
When your team is pushing round the clock to make deadlines sometimes you #SleepWhereYouWork https://t.co/UBGKYPilbD
— Esther Crawford ✨ (@esthercrawford) November 2, 2022
La femme en question s'appelle Esther Crawford et, bien sûr, elle a beaucoup été moquée pour cette abnégation que d'aucuns ont jugé un peu trop totale –un peu trop hardcore en somme, même pour celles et ceux qui subissent quotidiennement les posts «inspirants» de LinkedIn.
Esther Crawford a été beaucoup moquée, mais elle a aussi été très remarquée. Alors que sa photo de «belle au bureau dormant» faisait 6 milliards de fois le tour des réseaux sociaux, la «Director of Product Management» de Twitter devenait ainsi l'une des plus proches lieutenantes d'Elon Musk. Elle finissait même, quelle gloire, par voir son visage en grand dans les pages du Financial Times, qui lui a consacré un portrait fouillé.
This is hardcore
Pendant quelques semaines, Esther Crawford a eu l'oreille d'Elon Musk, jouant un rôle d'interprète entre ses desiderata instantanés et les réalités techniques souvent beaucoup plus complexes qu'il ne le pense. Elle a accompagné les montagnes russes des chamboulements permanents qu'il imaginait pour sa plateforme à 44 milliards de dollars, et semblait donc être l'une des personnes les plus importantes du «nouveau Twitter», blue et hardcore évidemment.
Désormais «Chief Executive of Twitter Payments», elle était chargée pour cette entreprise engluée dans un tel marasme financier qu'elle ne paie pas ses factures, notamment celle de son outil de communication interne Slack, de réfléchir aux questions cruciales de monétisation. Quitte à faire de gros dégâts au passage sur la structure du réseau ou à promettre monts et merveilles aux utilisateurs abonnés à Twitter Blue.
Just got confirmation that Esther Crawford, chief executive of Twitter Payments, is out.
— Zoë Schiffer (@ZoeSchiffer) February 26, 2023
The new Blue isn’t live yet — the sprint to our launch continues but some folks may see us making updates because we are testing and pushing changes in real-time. The Twitter team is legendary. 🫡 New Blue… coming soon! https://t.co/ewTSTjx3t7
— Esther Crawford ✨ (@esthercrawford) November 5, 2022
Saut que dans tout phénomène de cour, à Koh-Lanta ou dans les rangs de Twitter, on peut tomber aussi vite que l'on grimpe, et il y a des déchus que l'on n'attendait pas.
Dimanche 26 février, Zoë Schiffer de Plateformer annonçait ainsi sur Twitter qu'Esther Crawford était «out», bien qu'elle ait été un temps une sorte d'ambassadrice semi-officielle de Twitter Blue (et du travail harassant des équipes de l'entreprise). Elle fait partie d'une nouvelle charrette de 200 salariés mis à la porte par Elon Musk, qui avait promis en novembre qu'il n'y aurait plus de licenciements.
Ironie du sort, The Verge a rapporté il y a quelques semaines que Crawford avait publiquement pris la parole sur Slack à la suite d'une précédente vague de licenciements massifs, afin d'expliquer que ces charrettes étaient nécessaires à la survie de Twitter, et qu'elle en était bien sûr navrée.
«J'ai le cœur brisé par ce processus qui a nécessité que tant de bonnes personnes doivent quitter Twitter, mais le business n'était pas profitable et des coupes drastiques allaient être requises pour notre survie, quel que soit le propriétaire de l'entreprise», écrivait alors l'autrice du hashtag #SleepWhereYouWork. À bon entendeur: le propriétaire Elon Musk a semble-t-il bien compris le message.
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0 Response to "Championne du monde des fayottes, Esther Crawford s'est fait virer par Elon Musk - korii."
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