Avec la société Hermione People and Brands (1) que vous avez créée en 2018, vous vous êtes lancé à corps perdu dans le commerce de détail de centre-ville. Vous reconnaissez que c’était un mauvais calcul ?
Non. Je maintiens ma forte croyance dans le commerce de centre-ville. Je pensais avoir les hommes qu’il fallait pour redresser les affaires, je me suis trompé. Il me fallait un spécialiste de la restructuration d’abord et un spécialiste du développement ensuite. J’avais un excellent spécialiste du redressement, je n’avais pas le spécialiste de la restructuration. Personne n’a démérité, mon erreur aura été de ne pas avoir compris cela plus tôt.
Camaïeu, c’est désormais de l’histoire ancienne ?
Oui, hélas, mais non… Car, si j’accepte de parler aujourd’hui, c’est pour mettre les choses au point. Dans l’affaire Camaïeu, je me suis mis tout seul dans la gueule du loup, je n’avais qu’à pas y aller… Mais on est venu me chercher. C’est flatteur, j’avais réussi à redresser La Grande Récré, j’avais repris les magasins des Galeries Lafayette. En mai 2020, quand le monde entier était tétanisé par la crise Covid, j’ai pensé que je pouvais tenter de sauver plus de 2 000 emplois. Les personnels m’ont accueilli comme un sauveur au tribunal de commerce. On m’avait présenté une entreprise fragile, mais elle était surtout bancale. Elle avait subi deux dépôts de bilan, une liquidation, un plan de sauvegarde, plus de 3 000 emplois avaient déjà été détruits. Elle avait enregistré 1,2 milliard d’euros de pertes. Que les gens soient tristes, amers, je peux comprendre, mais je n’admets pas l’injustice.
« Non, je ne suis pas un chacal des tribunaux de commerce ! »
C’est-à-dire ?
Dans ce genre de situation, 15 à 20 % des entreprises seulement sont sauvées, nous n’avons pas réussi à en être. Depuis l’échec, j’ai tout entendu sur moi mais, non, je ne suis pas un chacal des tribunaux de commerce ! Pour La Grande Récré, nous sommes arrivés en soutien du plan de continuation du dirigeant d’alors, toujours en place. Les 26 Galeries Lafayette ont été achetées à la famille propriétaire, Gap a été reprise aux Américains…
Sur Camaïeu, on m’a reproché de ne pas avoir mis suffisamment d’argent. Non seulement, nous avons apporté ce qui était promis, mais 2,5 fois plus. On a tout tenté pour sauver l’emploi. On dit que je suis un spécialiste des rachats à 1 euro… Je précise au passage qu’Hermione People and Brands a injecté 200 millions d’euros de fonds propres dans nos activités de commerce. Je vis très mal, dans ma chair, le fait que mon nom ait toujours été mis en avant, quelles que soient les affaires. Je ne suis qu’investisseur actionnaire, pas le dirigeant des entreprises Camaïeu, Go Sport, Gap…
San Marina ferme ses boutiques, Place du Marché a disparu : vous connaissez le nom des actionnaires ? Non, tout le monde s’en fout. Je me demande pourquoi on me réserve ce traitement particulier. Je ne laisserai jamais passer les allégations sans réagir. J’ai essayé de vivre avec, mais, franchement, je ne peux plus.
Faut-il s’inquiéter pour les Galeries Lafayette ?
Non. Nous allons placer les Galeries Lafayette en redressement judiciaire pour les protéger de toute attaque. Leur situation est saine.
Votre vaisseau amiral FIB est lui aussi en redressement judiciaire depuis quelques heures….
Justement, à propos de traitement médiatique injuste, je tiens à préciser que, non, la FIB n’a pas été placée en redressement judiciaire. Le destin de la FIB ne nous échappe pas, comme cela a été écrit. Nous avons pris la décision de placer la FIB sous la protection du tribunal de commerce de Bordeaux. Les mots comptent, ils ont des répercussions sur la confiance qui nous est accordée par nos créanciers et partenaires financiers.
« Il va falloir réduire le périmètre de la société »
Qu’espérez-vous avec cette décision concernant la FIB ?
Pour la société que j’ai fondée il y a trente-sept ans et qui constitue mon patrimoine familial, cette procédure doit permettre de poursuivre l’activité, de concentrer nos équipes sur notre cœur de métier et de préparer les meilleures conditions de remboursement des créanciers et entreprises.
Votre cœur de métier, c’est l’immobilier. Fini le commerce ?
Notre diversification dans le commerce était à contre-cycle. Je pensais que c’était une bonne idée… Mais les circonstances ont rigidifié nos partenaires.
Pour redresser la situation, vous disposez d’un patrimoine immobilier évalué à 1,5 milliard d’euros. Qu’allez-vous vendre ? L’immeuble Virgin en centre-ville de Bordeaux, les hôtels ?
Il va falloir réduire le périmètre de la société, c’est évident. Nous visons un très fort désendettement, retrouver de la pérennité et la confiance de nos partenaires. Je réserve le plan stratégie de redressement, sur lequel nous travaillons déjà, au tribunal de commerce. Mais FIB est solide, on dispose d’actifs qui font partie des plus beaux de France. Nous avons des problèmes de liquidité et non pas de solvabilité.
Je réitère : vous vendez déjà l’immeuble Virgin de la place Gambetta ?
C’est ni faux, ni vrai… On ne bradera rien, nous resterons à l’écoute d’offres significatives et sérieuses… Mais rien ne presse, nous avons présenté au tribunal une situation qui devrait nous offrir les délais nécessaires pour réaliser des arbitrages aux meilleures conditions du marché. Sinon, cela n’aurait aucun sens d’avoir acquis des joyaux immobiliers toute une vie de travail. FIB rebondira !
Ce rebond concernera le projet libournais d’aménagement de la caserne ?
Ce projet est tout sauf mort. C’est typiquement le type de projet qui incarne le futur solide de la FIB.
(1) HPB gère les enseignes : Grande Récré, Go Sport, Gap, Galeries Lafayette.
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