DENIS CHARLET / AFP
Michel Ohayon, ici à Tourcoing, le 28 septembre 2022.
JUSTICE - Michel Ohayon fait beaucoup parler de lui ces derniers temps. Homme d’affaires touche-à-tout mais taiseux, âgé de 61 ans, il a construit depuis Bordeaux un empire immobilier et commercial fragilisé par le récent fiasco de Camaïeu et les inquiétudes actuelles des salariés de Go Sport.
Vendredi 17 février, il a pris la parole dans une rare interview, pour Sud-Ouest, dans laquelle il a notamment annoncé qu’il allait placer en redressement les 26 magasins Galeries Lafayette qu’il contrôle en France. « Pour les protéger de toute attaque », a-t-il précisé, ajoutant que leur situation était « saine ».
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Ce samedi 18 février, un porte-parole de l’homme d’affaires a dû rectifier : ces magasins vont en fait être mis sous sauvegarde du tribunal de commerce, et non placés en redressement judiciaire.
« Il y a eu une erreur (...). Il n’y a pas de placement en redressement judiciaire car a été déposée hier matin (vendredi, NDLR) une demande de placement en procédure de sauvegarde auprès du tribunal de commerce de Bordeaux. Il n’y a pas de cessation de paiement », a déclaré le porte-parole à l’AFP.
Michel Ohayon détient, via la société Hermione Retail, une vingtaine de grands magasins Galeries Lafayette acquis auprès du groupe en 2018. Ils emploient quelque 750 personnes au total dans des villes comme Bayonne, Cannes, Niort ou Rouen. Les élus du personnel des Galeries avaient exercé leur droit d’alerte en décembre et des débrayages ont eu lieu cette semaine dans des magasins.
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L’empire de l’homme d’affaires né à Casablanca vacille depuis quelques mois, au point qu’il paraît s’écrouler comme un château de cartes.
104e fortune de France
La liquidation brutale de Camaïeu en septembre dans le Nord a déjà laissé quelque 2 600 salariés sur le carreau et le tribunal de commerce de Grenoble a placé en redressement judiciaire, en janvier, une autre enseigne contrôlée par Michel Ohayon, Go Sport, qui emploie plus de 2 000 personnes.
Ce dernier a fait appel de la décision mais il estime que Go Sport sera « vendu avant » l’issue de la procédure, en entraînant l’enseigne Gap dans son sillage et avec de la « casse sociale ».
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« On a déstabilisé Go Sport à cause de Camaïeu. Alors que la société allait en 2023 faire ses premiers bénéfices en 17 ans, les salariés n’ont pas fait confiance aux dirigeants (...) C’est une erreur qui va provoquer de la casse sociale et entraîner dans le même mouvement Gap. Une mise en sauvegarde aurait suffi », commente Michel Ohayon, sur la défensive.
« On dit que je suis un spécialiste des rachats à 1 euro… Je précise au passage que HPB (la société Hermione, People & Brands, NDLR) a injecté 200 millions d’euros de fonds propres dans nos activités de commerce », ajoute-t-il dans les colonnes du journal.
Le serial investisseur, 104e fortune de France avec 1,1 milliard d’euros au dernier classement du magazine Challenges, sort de son silence alors que le tribunal de commerce de Bordeaux a également placé en redressement judiciaire mercredi - à sa demande - sa principale holding, la Financière immobilière bordelaise (FIB).
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C’est avec cette société que ce fils de marchand de tissus, arrivé en Gironde enfant depuis le Maroc, a bâti un vaste empire commercial et immobilier à partir des années 1980. Celui-ci comprend aussi, entre autres actifs, l’enseigne de jouets La Grande Récré et les cafés Legal, ainsi que plusieurs palaces : le Grand Hôtel de Bordeaux, le Sheraton de l’aéroport de Roissy et le Waldorf Astoria Trianon Palace de Versailles.
Un endettement de 477 millions d’euros
Les trois filiales de la FIB propriétaires de ces établissements avaient été placées en redressement fin janvier, assignées devant le tribunal de commerce de Bordeaux par leur principal créancier, Bank of China, faute d’avoir remboursé plus de 200 millions d’euros d’emprunts.
D’autres sociétés de la galaxie Ohayon, qui en compte une myriade, l’ont encore été cette semaine selon Sud-Ouest - Gambetta Revival, Hermione Real Estate et Hermione Stores.
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Les derniers comptes publiés par la FIB, correspondant à son exercice financier 2020, faisaient ressortir une perte de 31 millions d’euros et un endettement de 477 millions d’euros.
Son placement en redressement judiciaire - « sous la protection du tribunal », insiste Michel Ohayon - doit permettre selon lui « de poursuivre l’activité » et de « préparer les meilleures conditions de remboursement des créanciers et entreprises ». L’homme d’affaires veut « réduire le périmètre de la société » pour engager « un très fort désendettement ».
« FIB est solide, on dispose d’actifs qui font partie des plus beaux de France. Nous avons des problèmes de liquidité et non pas de solvabilité (...) On ne bradera rien », conclut Michel Ohayon.
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En 2019, il avait défendu dans une interview, accordée au magazine Forbes, la figure de l’entrepreneur qui « n’a jamais été admiré, ni encensé » en France, selon lui, et qui « maintenant cristallise beaucoup de passions, de crispations ».
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