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Chute de la Silicon Valley Bank : quelques frayeurs en France mais pas d'inquiétude sur le fond - Le Monde

Un établissement de la Silicon Valley Bank à Tempe (Arizona), le 14 mars 2023.

Jeudi 9 mars, le vent de panique qui a précédé la fermeture de la Silicon Valley Bank (SVB) a en un rien de temps traversé l’Atlantique pour atteindre le bureau du Français Gilles Samoun. Comme beaucoup d’autres clients de l’établissement bancaire spécialisé dans les start-up, il lui fallait de toute urgence récupérer les avoirs de sa société, Successeve, fondée aux Etats-Unis. « On était obligé, explique-t-il. Ne pas le faire, quand un membre du board ou un investisseur vous le demande, serait une faute professionnelle. » Presque un crève-cœur pour cet investisseur qui opère entre la France et les Etats-Unis depuis les années 1980 et était client de la SVB depuis 2000 : « C’était une institution incontournable dès lors qu’on levait de l’argent aux Etats-Unis. »

« C’était la banque qui incarnait le mieux les valeurs de la Silicon Valley », abonde François Veron, le fondateur de Newfund, un fonds implanté à Paris et à San Francisco. A l’annonce de la chute de la SVB, il a ressenti un « énorme choc ». Ses équipes ont été mobilisées tout le week-end pour s’assurer que les jeunes pousses soutenues par le fonds n’allaient pas faire les frais de la faillite de l’établissement. Jusqu’à envisager d’injecter de l’argent frais pour soutenir ces pépites. Option évacuée lundi 13 mars quand les autorités américaines ont garanti qu’aucun client de la SVB ne perdrait ses avoirs.

Ces cas spécifiques ont été assez peu nombreux en France. La violence du séisme ressenti outre-Atlantique est sans aucun rapport avec celle perçue dans l’Hexagone et ne semble en rien remettre en question les fondamentaux de la scène des start-up françaises. « Dès dimanche, nous avons pu rassurer nos partenaires quant aux conséquences de cet événement sur notre portfolio », témoigne Pierre-Eric Leibovici, cofondateur du fonds Daphni.

Bpifrance, la réplique française

L’implosion de la SVB laisse cependant un vide aux Etats-Unis, où elle était un acteur important du debt venture, cet outil qui permet aux start-up de se financer par la dette, devenu particulièrement utile dans une période où les entrées en Bourse sont devenues trop risquées et les levées de fonds sont en recul. Selon le site spécialisé Dealroom, le montant des levées de fonds dans le monde a chuté de 32 %, passant de 734 milliards de dollars (685 milliards d’euros) à 483 milliards de dollars entre 2021 et 2022.

Ironie de l’histoire, la SVB a servi d’inspiration à la création de Bpifrance, qui est la banque de référence des jeunes pousses tricolores, explique Paul-François Fournier, son directeur exécutif : « SVB avait une culture de proximité avec ses clients et une forte compréhension du modèle économique de l’écosystème des entreprises de technologie. Mais nous n’avons pas d’activité de dépôt. » Plutôt que de se reposer sur un acteur principal, Bpifrance a préféré convaincre les banques françaises de participer à l’essor des start-up françaises : « On cofinance des projets avec elles, nous leur proposons des garanties sur les prêts les plus risqués, et elles s’appuient sur nous pour ce qui est de l’analyse de risque », ajoute M. Fournier. « Les banques commencent à comprendre que ces sociétés sont de futurs clients à haut potentiel », soutient également M. Leibovici.

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