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Credit Suisse racheté en urgence par UBS « pour rétablir la confiance » - Le Monde

Les logos des banques helvétiques Credit Suisse et UBS à Zurich, le 19 mars 2023. (Michael Buholzer/Keystone via AP)

Un rachat pour une opération de sauvetage. La plus grande banque helvétique, UBS, a accepté dimanche 19 mars de racheter sa rivale, Credit Suisse, malmenée en Bourse la semaine dernière, repoussant ainsi le spectre d’une faillite qui aurait provoqué une onde de choc à travers l’ensemble du secteur financier mondial. La transaction s’élève à 3 milliards de francs suisses (3,02 milliards d’euros) payables en actions UBS, soit 76 centimes seulement pour une action Credit Suisse qui valait encore 1,86 franc suisse vendredi soir.

L’information, dévoilée dans un premier temps par le quotidien Financial Times, a été confirmée en début de soirée par le gouvernement fédéral suisse qui mise sur cette fusion pour « rétablir la confiance ». Cette solution « n’est pas seulement décisive pour la Suisse (…) mais pour la stabilité de l’ensemble du système financier » mondial, a assuré le président de la Confédération suisse, Alain Berset. La ministre des finances, Karin Keller-Sutter, a déclaré lors de la conférence de presse que la faillite de Credit Suisse aurait pu provoquer « des dommages économiques irréparables », ajoutant :

« Pour cette raison, la Suisse doit assumer ses responsabilités au-delà de ses propres frontières. »

UBS va bénéficier d’une garantie de quelque 9 milliards de francs du gouvernement qui sert d’assurance si des problèmes devaient être découverts dans des portefeuilles très spécifiques de Credit Suisse, a poursuivi Mme Keller-Sutter. La Banque centrale accorde par ailleurs une ligne de liquidités allant jusqu’à 100 milliards de francs suisses à UBS et Credit Suisse.

Un rachat salué par plusieurs pays et banques centrales

Credit Suisse compte parmi les trente plus importantes banques du monde d’un point de vue systémique, des établissements que les Etats ne peuvent se permettre d’abandonner à leur sort en raison de leur taille et de leur imbrication dans le système financier. Ce week-end, les autorités financières du monde entier ont guetté l’évolution des négociations, redoutant la contagion de la panique en cas d’échec.

La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a salué dimanche « l’action rapide » des autorités suisses, qui ont facilité le rachat du groupe bancaire Credit Suisse par UBS, estimant que ces décisions allaient « contribuer à rétablir des conditions de marché ordonnées ».

La ministre de l’économie américaine, Janet Yellen, et le président de la réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, se sont eux félicités de ce rachat, tout en assurant que le système bancaire américain était solide. « Le gouvernement britannique salue les mesures prises aujourd’hui par les autorités suisses au sujet du Credit Suisse pour soutenir la stabilité financière », a tweeté le Chancelier de l’Echiquier britannique, Jeremy Hunt.

Les « lignes de swap » renforcées

Pour faire bonne mesure, les plus puissantes banques centrales du monde ont annoncé dans la foulée une action coordonnée pour améliorer l’accès à des liquidités et rasséréner un peu plus les investisseurs. Les institutions − la Banque d’Angleterre, la Banque du Canada, la BCE, la Banque du Japon, la Banque nationale suisse et la Fed − ont décidé de renforcer les « lignes de swap », un dispositif qui facilite l’accès de banques centrales étrangères aux dollars. Elles vont ainsi augmenter la fréquence des opérations en dollars.

« Jusqu’ici hebdomadaires, ces opérations seront désormais quotidiennes et commenceront le lundi 20 mars 2023. Elles continueront à ce rythme au moins jusqu’à fin avril », fait savoir un communiqué. Le réseau de lignes de swap sert de « filet de sécurité de liquidités pour apaiser les tensions sur les marchés de financement internationaux et contribuer ainsi à atténuer les effets de ces tensions sur l’offre de prêts aux ménages et aux entreprises », rappellent les institutions.

Pression des principaux partenaires économiques de la Suisse

Le secteur bancaire est sous tension depuis que les grandes banques centrales ont augmenté fortement leurs taux pour essayer de maîtriser l’inflation. Nombre d’établissements ont omis de se préparer après avoir eu accès, pendant des années, à de l’argent pas cher.

La récente faillite de la Silicon Valley Bank aux Etats-Unis, et d’autres banques régionales américaines, a augmenté l’angoisse des investisseurs et les a poussés à vendre les titres des banques considérées comme les maillons faibles.

C’est le cas de Credit Suisse qui, depuis deux ans, va de scandales retentissants en revers. Et malgré les efforts de sa direction pour vanter un plan de restructuration sur trois ans, rien n’y a fait. Les investisseurs ont voté avec leurs pieds et l’établissement zurichois a eu du mal à accéder aux liquidités à des prix raisonnables. Une bouée de sauvetage de 50 milliards de francs suisses lancée mercredi par la Banque centrale suisse, après une journée noire en Bourse, n’a donné qu’un bref répit à la banque.

Les autorités de régulation et le gouvernement fédéral ont dû faire face à une pression immense des principaux partenaires économiques de la Suisse pour assainir la situation avant qu’elle ne contamine le monde entier.

Le Monde avec AFP et Reuters

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