
Le prix des carburants baisse partout en Europe, sauf en France, s’indigne, mercredi 10 mai, l’association Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV), qui reproche aux distributeurs d’avoir engrangé des « marges brutes explosives » ces quatre derniers mois, et réclame une baisse de 10 centimes des prix à la pompe.
« La grande distribution et les groupes pétroliers ne cessent de dire qu’ils s’engagent pour le pouvoir d’achat, il est temps que cela se traduise en actes. La CLCV n’hésitera pas à saisir les autorités compétentes si les marges brutes ne reviennent pas à la normale d’ici au début de l’été », dit-elle dans un communiqué.
Le pétrole brut oscille, depuis début mai, autour de 70-75 dollars le baril, des cours au plus bas depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022.
Se basant sur les « moyennes annuelles » pour 2018-2021 de la fédération des industries pétrolières, la CLCV estime que « la marge brute “transport distribution” », c’est-à-dire la différence entre les prix hors taxes et à la sortie de la raffinerie, « se situe en général aux alentours de 15 centimes le litre ».
En 2022, cette marge « a chuté à des niveaux très faibles car les distributeurs ont choisi de ne pas répercuter l’intégralité de la très forte hausse des cours du brut suite à la crise ukrainienne », rappelle la CLCV, soulignant que cette marge brute « a même été négative sur certains mois », mais que, « depuis le début de l’année 2023, cette marge se situe à un record historique dépassant les 25 centimes au litre ». « Il apparaît clairement que les distributeurs prennent depuis quatre mois des marges très élevées pour rattraper leurs pertes du second semestre 2022. Ce rattrapage pouvait s’entendre à condition d’être assumé de façon transparente », ajoute l’association.
« Fausses polémiques »
La ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, avait réitéré mardi son appel à la baisse des prix. « Je l’ai dit aux distributeurs de carburant : le prix à la pompe doit refléter au plus proche celui sur les marchés internationaux du pétrole, qui sont aujourd’hui à la baisse », a-t-elle déclaré sur le plateau de CNews. « J’ai demandé la semaine dernière aux distributeurs de carburant de répercuter au plus vite la baisse des prix à la pompe. Il y a eu une première baisse. Cela doit se poursuivre », ajoute-t-elle sur Twitter, ce qui a suscité l’ire de Michel-Edouard Leclerc.
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— AgnesRunacher (@Agnès Pannier-Runacher 🇫🇷🇪🇺)
Le président du comité stratégique des centres E.Leclerc a jugé, sur BFM-TV, « gonflé » que le gouvernement demande aux distributeurs de baisser leurs prix, alors qu’un « gros fournisseur » comme TotalEnergies, qui engrange « des milliards de bénéfices », n’est pas « tenu » de le faire. Interrogé sur l’enquête de la CLCV, Michel-Edouard Leclerc a en outre contesté les chiffres avancés par l’association : « C’est du délire, ça : au plus haut dans une station-service Leclerc [la marge est de] 8 centimes et, en moyenne, c’est 2,5 à 3 centimes. »
Michel-Edouard Leclerc (@Leclerc_MEL) sur les prix à la pompe: "Nous continuons à baisser, on rattrape les niveaux… https://t.co/POLkRaHVYv
— BFMTV (@BFMTV)
Parlant de « fausses polémiques », Dominique Schelcher, président de Système U, nie quant à lui tout changement de politique de prix. « Le carburant reste un produit d’appel sur lequel nos marges sont faibles. L’écart avec les autres pays européens est structurel », réagit-il. « Le prix HT comprend le prix du produit sur le marché international, mais inclut aussi les obligations réglementaires qui ne sont pas des taxes (…) Le dernier élément à prendre en compte est la perturbation de la chaîne d’approvisionnement suite aux grèves : la reprise a été très progressive. Or, pendant ce temps, nous avons importé des produits étrangers sensiblement plus chers sur le marché international. »
Il est nécessaire dans une période d’inflation qui pèse sur les ménages de ne pas créer de fausses polémiques. Or s… https://t.co/navAHeXGDn
— schelcher (@Dominique Schelcher)
TotalEnergies a limité les prix des carburants dans ses stations à 1,99 euro, du 1er mars au 31 décembre, sauf pour l’essence sans-plomb 98 et le diesel Excellium. Avec la fin des ristournes accordées par le gouvernement, le prix des carburants était reparti à la hausse depuis le début de l’année, une augmentation qui passe mal auprès des automobilistes, notamment après l’annonce, le 8 février dernier, de bénéfices record de 19 milliards d’euros.
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