
Malgré des règles européennes censées encadrer la pratique, encore trop d’enseignes jouent avec les prix barrés dans le dessein de faire miroiter des promotions alléchantes à leurs clients, au risque d’induire ceux-ci en erreur. Un an après l’entrée en vigueur de la directive européenne dite Omnibus, fixant un cadre aux annonces promotionnelles, l’association de défense des consommateurs UFC-Que choisir a fait savoir mercredi 31 mai, dans un communiqué, qu’elle allait porter plainte contre huit sites de commerce en ligne pour « pratiques commerciales trompeuses ».
L’Union fédérale des consommateurs (UFC) reproche à Amazon, ASOS, Cdiscount, E.Leclerc, La Redoute, Rue du Commerce, Veepee et Zalando de « duper » les acheteurs avec des étiquettes affichant des prix barrés, leur laissant croire qu’il s’agit d’un rabais alors qu’il ne s’agit bien souvent que d’un prix de comparaison avec une enseigne concurrente.
« Seulement 3,4 % de véritables promotions »
La règle est pourtant claire : la directive européenne Omnibus, entrée en vigueur le 28 mai 2022 par ordonnance, précise qu’un professionnel doit bien mentionner le prix pratiqué avant la ristourne. Et que celui-ci doit être le prix « le plus bas pratiqué par le professionnel à l’égard de tous les consommateurs au cours des trente derniers jours précédant l’application de la réduction de prix », selon l’article L112-1-1. Seule exception, cette règle « ne s’applique pas aux opérations par lesquelles un professionnel compare les prix qu’il affiche avec ceux d’autres professionnels ». En cas de fraude, un commerçant encourt une sanction pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende pour pratique commerciale trompeuse.
Mais l’UFC-Que choisir juge que les enseignes de vente en ligne ont mis en place « de nouvelles stratégies pour contourner la réglementation ». S’appuyant sur une étude portant sur 6 586 annonces mises en ligne par les enseignes contre lesquelles elle porte plainte, l’association estime que « seulement 3,4 % [des promotions] correspondent à de véritables promotions opérées par les vendeurs ». « Ils choisissent librement un prix de référence avec lequel comparer leur produit, de manière à présenter leur offre comme une affaire à ne pas manquer », constate l’UFC. Les enseignes mentionnent selon les cas qu’il s’agit d’un « ancien prix », d’un « prix de vente conseillé », d’un « prix moyen sur la marketplace », d’un « prix renseigné par le vendeur », etc. ; des termes recensés par l’association, qui les juge « aussi multiples qu’inintelligibles ».
Tout est fait pour « reproduire le format visuel d’une promotion »
« La grande similarité de ces annonces induit les consommateurs en erreur, en les amenant à considérer ces prix barrés comme des réductions de prix conformément à la réglementation, et non comme une simple comparaison », considère l’UFC. Elle estime qu’afficher un prix barré participe à entretenir la confusion, notant également que « les commerçants (…) mettent également tout en œuvre pour reproduire le format visuel d’une promotion ».
Une pratique « opaque », pour la professeure des universités Virginie Pez, spécialiste du comportement des clients, et qui peut « susciter la défiance des consommateurs envers les commerçants, car ils peuvent se sentir manipulés ». « Les offres sont tellement nombreuses que le consommateur ne peut pas tout analyser et base son choix sur des raccourcis cognitifs tels que la promotion ou la comparaison de prix s’apparentant à une promotion déguisée », précise-t-elle.
Selon les calculs de l’UFC-Que choisir, en ce qui concerne « les véritables promotions conformes à la réglementation », la ristourne moyenne est estimée à 6,0 %, alors qu’elle atteint « le montant improbable de 26,5 % pour les références non réglementées ». En plus de la plainte déposée, l’association appelle également les autorités européennes à agir pour interdire « strictement tout autre système de prix de référence que celui prévu par la directive Omnibus ».
A l’occasion des soldes et du Black Friday, l’UFC-Que choisir avait déjà dénoncé d’autres types de fausses promotions visant à contourner Omnibus. Certaines enseignes gonfleraient notamment leurs prix trente jours avant la période de réduction commerciale pour prétendre faire des promotions. Une consommatrice témoignant pour TF1 en novembre 2022 s’en était rendu compte lors de l’achat d’une robe : « Le prix de référence avait augmenté, et le prix soldé était juste identique au prix d’avant la démarcation. »
Bagikan Berita Ini
0 Response to "L'UFC-Que choisir dépose plainte contre huit sites de commerce en ligne pour « pratiques commerciales trompeuses » - Le Monde"
Post a Comment