
Conquête du marché américain, Formule 1, nouvelle plateforme... Alpine veut désormais jouer dans la cour des grands. Ainsi, trois segments se distinguent : les ventes aux particuliers, la Formule 1 ainsi que le reste de la course automobile. À court terme, Alpine souhaite réaliser un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros en 2026 pour un résultat financier à l'équilibre. Ce lundi 26 juin à Enstone en Angleterre, le directeur général du groupe Renault, Luca de Meo et celui d'Alpine, Laurent Rossi, doivent détailler le plan stratégique, devant les investisseurs, de la marque fétiche du dirigeant de Renault.
Marge opérationnelle supérieure à 10 % d'ici à 2030
La marque de sport made in France souhaite une croissance de son chiffre d'affaires de 40 % entre 2022 et 2030 pour atteindre à cet horizon-là 8 milliards d'euros. Le tout avec une marge opérationnelle supérieure à 10 %. Si Alpine a vu ses ventes augmenter en 2022 avec un bond de plus de 60 % entre janvier et août, l'euphorie s'est arrêtée cette année avec un recul de 13 % des ventes depuis janvier. Alpine table sur 4.200 ventes en 2023.
Afin de développer son attractivité, la marque annonce le lancement de 7 nouveaux modèles, tous électriques, d'ici à la fin de la décennie dont le premier, l'A290, sortira en 2024. Il s'attaquera au segment des citadines et sera fabriqué dans le Nord, au sein du pôle Electricity du groupe, sur la même plateforme que les futures R5 et R4. Viendront ensuite le crossover GT sur le segment C dans l'usine historique de Dieppe en Normandie prévu pour 2025 puis la nouvelle A110, très attendue, sur une toute nouvelle plateforme en 2026. Des questions demeurent quant à l'emplacement de cette nouvelle ligne de production, mais le choix de la France semble très probable. Une version cabriolet de cette dernière ainsi qu'un coupé sport de l'A310 sortiront dans la foulée.
Enfin, deux derniers modèles verront le jour sur les segments des plus grosses voitures, à destination des marchés américains et asiatiques et très certainement produits en Corée du Sud sur une plateforme Nissan.
À la conquête de nouveaux marchés
Car cette présence sur tous les segments a un but : conquérir les Etats-Unis et la Chine, les plus gros marchés automobiles du monde. Les nouveaux modèles seront proposés dès 2027 dans ces deux pays. « L'idée est de passer d'un segment de niche à une marque complète et globale », a expliqué Laurent Rossi, dans un communiqué avant la présentation officielle.
Sur les 8 milliards d'euros de chiffre d'affaires espérés en 2030, 1 milliard doit d'ailleurs provenir de la Chine, un marché qui n'a pas beaucoup réussi au groupe Renault jusqu'à présent. La marque espère faire la différence avec ces gros modèles, comparables aux berlines haut de gamme allemandes, mais en version tout électrique.
Toutefois, développer davantage de modèles ne suffira pas. Renault souhaite qu'Alpine puisse bénéficier de son expertise concernant le logiciel embarqué sur lequel il travaille en partenariat avec Google ainsi que des services de Mobilize afin d'assurer un service client de ses 140 points de vente.
200 millions d'euros d'investissements pour la F1
En outre, si le plan Renaulution est en marche sur le segment des particuliers, il l'est tout autant dans le sport, véritable porte drapeau d'Alpine. Et si les courses automobiles auront leur Hypercar Alpine, développée pour participer au Championnat du monde d'endurance en 2024, c'est bel est bien la Formule 1, discipline reine, qui est au cœur de l'attention à Enstone. En effet, afin de se développer davantage dans ce milieu et de pouvoir rivaliser avec les grandes écuries que sont Ferrari, Redbull ou Mercedes, Alpine n'a pas eu d'autres choix que d'ouvrir son capital à des investisseurs étrangers.
C'est donc la société d'investissement américaine Otro Capital et ses partenaires RedBird Capital Partners et Maximum Effort Investments baptisés « Groupe Investisseur » qui injectent près de 200 millions d'euros dans l'écurie française, soit 24 % du capital. Résultat : Alpine Racing Ltd est désormais valorisée à plus de 900 millions de dollars. L'un des co-investisseurs d'Otro Capital, Alan Scheiner, rejoindra par ailleurs le conseil d'administration.
De quoi apporter un nouveau souffle à ce segment apprécié par Luca de Meo, qui souffre des performances en dents de scie de la marque. En mai dernier, son directeur général avait tapé du poing sur la table au vu des performances de son équipe, rappelant qu'Alpine investit près d'un demi-milliard d'euros chaque année pour se développer en Formule 1. Avec cette rentrée d'argent, Alpine espère bénéficier de l'expertise des sociétés d'investissement américaines, déjà rodées dans le sport aux Etats-Unis, et ainsi développer le sponsoring et le marketing de la marque.
En 2022, l'écurie F1 d'Alpine était montée sur la quatrième marche du classement des constructeurs. Selon la position dans le classement, le constructeur ne recevra pas la même somme d'argent à la fin de l'année et les différences sont très élevées. C'est pourquoi Alpine veut se faire une place au sommet.
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