
En Corse, on peut déjà parler « d’accident industriel » concernant la saison estivale en cours. Sébastien, quadragénaire en déplacement professionnel a pu le constater. « En plein mois de juillet, l’hôtel à Ajaccio nous a surclassés. Il était quasiment vide. » La filière touristique de l’île de Beauté fait grise mine. La fréquentation des hébergements touristiques est en chute libre. En pleine haute saison, l’île affiche des reculs de réservation allant de 20 à 50 %, selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) de Corse. C’est un...
En Corse, on peut déjà parler « d’accident industriel » concernant la saison estivale en cours. Sébastien, quadragénaire en déplacement professionnel a pu le constater. « En plein mois de juillet, l’hôtel à Ajaccio nous a surclassés. Il était quasiment vide. » La filière touristique de l’île de Beauté fait grise mine. La fréquentation des hébergements touristiques est en chute libre. En pleine haute saison, l’île affiche des reculs de réservation allant de 20 à 50 %, selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) de Corse. C’est un peu mieux dans les campings, mais 13 à 30 % des places restent vides actuellement, et les professionnels laissent entendre qu’ils vont devoir remettre en question leur politique de prix.
La Corse est sans doute un des exemples les plus frappants d’un coup de frein, au milieu de la haute saison, de l’activité touristique française. D’autres destinations que l’on croyait définitivement attractives, pour leur soleil et leurs plages, marquent le pas. « Je viens, en heure de pointe, un samedi de week-end classé rouge par Bison futé, d’effectuer un trajet entre la côte de Charente-Maritime et Paris. Franchement, cela circulait bien dans les deux sens… » raconte Olivier Lachenaud, directeur général du réseau Camping paradis, inspiré par la série TV du même nom.
« Un mois de juillet un peu déceptif »
Si le dirigeant assure que les 91 campings que compte l’enseigne « fonctionnent bien », il reconnaît un « mois de juillet un peu déceptif sur le plan des réservations » dans toutes les régions. Le professionnel estime que les hausses de prix, liées pour beaucoup aux augmentations de salaires accordées au personnel et à l’explosion des charges énergétiques, « ont sans doute poussé une partie de la clientèle à préférer les destinations étrangères accessibles via les moyen-courriers, « comme la Tunisie, le Maroc et l’Espagne qui enregistrent des fréquentations à + 40, + 50 % par rapport à l’an dernier ».
N’empêche, les données d’Abritel, la plateforme de réservation, montre que les touristes français dits « de dernière minute » ont préféré les destinations tempérées aux chaleurs torrides. Entre le 1er et le 14 juillet, les recherches pour les destinations telles que la Côte de la Manche, le Pas-de-Calais et la Bretagne ont connu une progression de 30 %. C’est aussi le cas pour les destinations comme les Vosges ou les Alpes du Nord (+ 20 %).
Côte d’Opale, nouvelle Côte d’Azur ?
Abritel assure que « la Côte d’Opale est la nouvelle Côte d’Azur ». Ses chiffres 2023 montrent que les demandes de location dans la Manche ou le Pas-de-Calais ont dépassé, sur les quinze premiers jours de juillet, les réservations dans le Var.
« La tendance existait déjà en avant saison. Mais si de nombreux Français continuent à passer leurs vacances d’été dans le Sud de la France ou dans des pays comme la Grèce, l’Espagne ou l’Italie, cet été confirme qu’un certain nombre, toujours croissant, recherche des destinations alternatives, où le climat est moins extrême et plus adapté à des vacances en famille avec de jeunes enfants », explique Xavier Rousselou, porte-parole d’Abritel.
Pour Karim Soleilhavoup, directeur général de Logis hôtels, « si le phénomène forte chaleur joue parfois en faveur des destinations au nord et à l’est de la France, certaines, comme une partie de la Charente-Maritime, l’île de Ré, d’Oléron, ou le bassin d’Arcachon, souffrent de fortes hausses de tarifs. Nos hôtels s’en sortent bien parce que nous avons limité les augmentations à 6 % maximum en juillet et août. Dans ce contexte, je m’inquiète moins pour leur fréquentation que pour leur équilibre financier ».
Les hausses de prix, dans un contexte d’inflation et de recul du pouvoir d’achat, pèsent davantage aujourd’hui pour les ménages les plus modestes qu’au sortir de la crise sanitaire. L’intérêt suscité par la zone au quart nord-est de la France tient sans doute aussi au fait que les tarifs de location y sont en moyenne 30 à 50 % moins élevés que dans le reste de la France.
Au final, une année normale ?
Juillet marque le pas, mais août et l’arrière-saison peuvent-ils le faire oublier ? « Désormais, et c’est sans doute aussi pour profiter de prix plus bas, les mois de juin et de septembre s’avèrent plus porteurs que les années précédentes », assure Marc Canavaggia, directeur général des campings Sunêlia.
« Nous avons cependant tort de comparer 2023 à 2022, une année hors norme. Après 2022, beaucoup de professionnels ont cru qu’en termes de business, les arbres pouvaient monter jusqu’au ciel… En fait, le tourisme français revient dans la norme et cette année, c’est finalement plutôt une bonne saison », conclut-il.
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