Les prix des feuilles, cahiers, équerres et compas ont fortement grimpé en un an, selon une étude de l'UFC-Que Choisir. La papeterie est particulièrement touchée.
Une trousse et des feutres pour l'entrée au CP de la petite, un agenda flambant neuf pour votre collégien et une pile de classeurs pour votre aînée... A l'approche de la rentrée scolaire, le ticket de caisse s'allonge et peut rapidement grimper. D'autant que, si le pic de l'inflation semble avoir été franchi pour les produits alimentaires, la tendance dans les rayons des fournitures scolaires est à la hausse. En moyenne, les prix des indispensables du cartable ont augmenté de 10% entre juillet 2022 et juillet 2023, selon une étude de l'UFC-Que Choisir réalisée à partir de relevés sur 137 produits issus de marques nationales et de marques distributeurs. Pour compenser une partie de ces hausses des prix, l'allocation de rentrée scolaire, versée mercredi 16 août, a été revalorisée d'une vingtaine d'euros par enfant.
"L'ensemble du cartable" est concerné par cette hausse, a mis en garde le directeur de l'UFC-Que Choisir, Grégory Caret, invité de RMC fin juillet. Mais c'est surtout du côté de la papeterie que l'inflation se fait le plus sentir, avec 14% de hausse sur un an. Dans le détail, les feuilles simples à carreaux sont plus chères de 34%, et les copies doubles de 29%. Le prix des cahiers grand format s'est renchéri de 22%, contre 17% pour les petits cahiers.
Dans les autres rayons, l'UFC-Que Choisir a constaté une hausse de 9% du "matériel artistique" (peinture, pinceaux) et de 8% du "matériel scientifique" (règles, compas, etc.). L'équerre se classe parmi les fournitures dont le prix a le plus gonflé : +19% sur un an. Enfin, les stylos, crayons et feutres ont, de leur côté, augmenté de 7%. Les chiffres de l'Association des industriels de la papeterie et du bureau (AIPB) tendent à confirmer ces ordres de grandeur. "On observe des hausses qui oscillent entre 8,9% [dans les grandes surfaces alimentaires] et jusqu'à 10,6%" dans les enseignes spécialisées et les plateformes de commerce en ligne, rapporte la présidente de l'organisation, Nadège Helary, qui s'appuie sur des données du cabinet GFK.
L'enquête de l'UFC-Que Choisir révèle en outre que les prix des articles des marques distributeurs ont légèrement plus augmenté (+11% sur un an) que ceux des marques nationales (+9%). Les produits des marques des grandes surfaces restent toutefois, en moyenne, moins onéreux. Une différence qui pèse dans les arbitrages des ménages, qui "vont de plus en plus vers les marques distributeurs", souligne Grégory Caret.
Cette inflation est pour partie liée à l'évolution des cours des matières premières. "On est passé en 2020 d'un prix du papier à 600 euros la tonne, qui est ensuite monté à 1 300 euros la tonne, pour arriver aujourd'hui à 1 100 euros la tonne", détaille Guillaume Nusse, président de Clairefontaine et Rhodia. "Cela reste supérieur à tout ce que j'ai connu depuis 25 ans", constate le responsable.
"Le prix du papier a atteint un pic fin 2022, et même s'il a baissé depuis, on reste sur des valeurs hautes."
Nadège Helary, présidente de l'AIPBà franceinfo
De son côté, l'UFC-Que Choisir rappelle que les tarifs de gros du plastique ont "également fait le yoyo ces dernières années, du fait du Covid puis de la guerre en Ukraine".
Outre les cours des matières premières, la crise de l'énergie a aussi pesé sur les coûts de production, embraye Nadège Helary. Et malgré le reflux des prix des matières premières et de l'électricité ces derniers mois, "ce recul n'a pas encore été répercuté jusqu'au consommateur", observe l'UFC-Que Choisir. Et pour cause : les discussions entre les industriels et les distributeurs sur les prix des produits de la rentrée se sont tenues "entre début septembre 2022 et janvier 2023", explique la présidente de l'AIPB. Les prix affichés en rayons sont donc le reflet de négociations qui se sont tenues en pleine hausse des cours mondiaux.
Pour alléger en partie la note des familles, les fabricants mettent en avant une série d'offres. "On a toute une batterie de produits promotionnés" avec "soit du produit gratuit, soit des remises directes", explique à franceinfo Philippe Surun, directeur commercial chez Bic. Il dit s'attendre "à ce que le consommateur achète plus de références promotionnées qu'il n'en achetait précédemment". "Il y a quand même des efforts faits par les industriels pour proposer une gamme plus large en s'adaptant au budget des consommateurs", assure quant à elle Nadège Helary.
Du côté de la grande distribution, les enseignes affirment également multiplier les gestes commerciaux. Pour les porteurs de carte fidélité, le groupe Carrefour propose par exemple des réductions jusqu'à 70% sur une sélection de stylos, de surligneurs ou encore de colle de marque nationale. Auchan vante "11 produits indispensables de la liste scolaire à un prix imbattable", ainsi qu'un "pack rentrée" composé de 21 articles de sa marque pour moins de 40 euros. "Sur beaucoup de produits de la rentrée des classes, et notamment à marque distributeur, on ne prendra pratiquement pas de marges", a quant à lui promis Michel-Edouard Leclerc, à la tête du groupe Leclerc, prédisant sur Europe 1 que les grandes surfaces vont se "bagarrer" en septembre "pour garder leur clientèle".
Le gouvernement entend aussi faire pression sur les distributeurs pour contenir l'inflation des produits de la rentrée. Au printemps, la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, leur a demandé d'intégrer des fournitures scolaires au dispositif anti-inflation. L'opération, mise en place en mars et prolongée jusqu'à la fin de l'année, repose sur l'engagement des supermarchés à limiter la hausse des prix sur certains produits, en rognant sur leurs marges. Pour l'heure, une poignée d'enseignes, comme Carrefour, ont effectivement ajouté des articles de la rentrée à leurs paniers anti-inflation, selon les vérifications de franceinfo. De son côté, Casino ne les a pas inscrits sur sa liste des "500 produits du quotidien à moins de 1 euro", mais propose 60 fournitures scolaires de marque distributeur à moins de 2 euros jusqu'à mi-septembre. Intermarché assure avoir intégré des fournitures scolaires à son dispositif anti-inflation pour la rentrée, mais n'en communiquera les détails qu'à la fin du mois d'août.
Dans la foulée de la publication de l'étude de l'UFC-Que Choisir, l'exécutif a par ailleurs saisi la Répression des fraudes afin d'enquêter sur "les hausses de prix des fournitures scolaires". Elle devra s'assurer qu'il n'y a "pas d'abus", précise le cabinet d'Olivia Grégoire, et en particulier "vérifier du côté de la grande distribution ce qui est fait". La remise de sa copie est attendue pour septembre.
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