Sous une pluie de flashs, Manon hurle. Peu importe. C’est jour de fête. Stéphanie Bidault et Théo Leblaye sont venus faire photographier leur petite fille de 15 mois sur les genoux du Père Noël, dans le centre commercial Créteil Soleil (Val-de-Marne), dimanche 17 décembre. Réalisé dans un décor blanc et or, moyennant 15 euros, le cliché « fera un cadeau pour les deux mamies ». Leur fille aînée, âgée de 13 ans, aura droit à un « petit bijou », tandis que leur fils obtiendra une console de jeux PS5, acquise 400 euros fin novembre lors des opérations du « Black Friday ». « Pour la première fois », toute la famille s’est cotisée.
Les frères et les parents du couple auront droit à « un cadeau utile », une « friteuse ou de la vaisselle », c’est selon. Pour financer leurs courses de fin d’année, le couple a puisé dans les cagnottes de leurs cartes de fidélité Carrefour et E. Leclerc et acheté leur foie gras en grande surface « dès les premières opérations de promotion de novembre ». Mais « parce que tous les prix ont augmenté », ni Stéphanie ni Théo, endettés par la construction de leur maison à Bretigny-sur-Orge (Essonne), ne se feront de présents, cette année. Une première.
A la veille de Noël, l’inflation hante la plupart des clients de ce centre commercial de 270 enseignes. Et, à l’évidence, son impact sur le comportement d’achat des Français taraude ses commerçants. Car la fin d’année pèse lourd dans les comptes des distributeurs. Les grandes surfaces alimentaires réalisent 9 % de leur chiffre d’affaires annuel au cours des quatre dernières semaines de l’année, selon l’institut de données Kantar Worldpanel. Soit la bagatelle de 9 milliards d’euros générés chez E. Leclerc, Carrefour et autres Intermarché en France.
Quatre week-ends en décembre
Les parfumeries écoulent 20 % de leurs parfums en décembre. Le mois pèse environ 760 millions d’euros de chiffre d’affaires dans le circuit des cosmétiques que domine Sephora en France. Et, toujours au cours de ce mois, les magasins de jouets décrochent habituellement près de 30 % de leurs ventes annuelles. « Décembre, c’est le mois où beaucoup d’enseignes d’habillement font leur résultat d’exploitation », ajoute Yohann Petiot, délégué général de l’Alliance du commerce.
Sur le papier, le calendrier de l’année 2023 est idéal, reconnaît Alexandre Liot, directeur du grand magasin Galeries Lafayette du boulevard Haussmann, à Paris, qui a déjà accueilli 200 000 personnes au cours du week-end des 16 et 17 décembre. « Ce sera probablement moins, les 23 et 24 décembre, compte tenu des départs en vacances », convient le dirigeant. Mais, au moins, partout en France, le secteur bénéficie de l’ouverture de ses points de vente sur quatre week-ends en décembre, avant la date butoir du réveillon. « Le commerce physique peut bénéficier des achats que les Français réalisent en dernière minute », prédit Emmanuel Le Roch, directeur général de la Fédération pour la promotion du commerce spécialisé (Procos).
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