
(BFM Bourse) - Le spécialiste de la loterie et des jeux d'argent a annoncé ce lundi le projet d'acquisition du suédois Kindred pour une valeur d'entreprise de 2,6 milliards d'euros. Ce qui va lui permettre de doubler la numérisation de son activité, et de renforcer grandement sa présence à l'international.
FDJ sort le grand jeu et pose la carte de la croissance externe pour intensifier son virage dans le numérique. Le spécialiste de la loterie et des jeux d'argent a bien utilisé le levier des fusions-acquisitions pour se développer, rachetant par exemple ZEturf (175 millions d'euros) et l'opérateur de la loterie irlandaise Premier Lotteries Ireland (350 millions d'euros), en 2023.
Mais ces opérations s'avèrent sans commune mesure avec celle annoncée ce lundi. Confirmant de précédentes informations du Wall Street Journal, le groupe français qui s'était introduit en 2019 sur la cote parisienne a annoncé le projet de rachat du suédois Kindred, coté à Stockholm.
Fondé en 1997 par Anders Ström et introduit en Bourse en 2024, Kindred possède les marques 32Red et Unibet, et est présent dans sept des dix premiers marchés européens, parmi lesquels les Pays-Bas (où le groupe suédois est numéro un), le Royaume-Uni, la France, la Suède et la Belgique (ces cinq pays représentent plus de 70% de son activité). En 2023, son chiffre d'affaires après taxe sur les jeux s'est inscrit à 893 millions de livres sterling, soit environ 1,04 milliard d'euros.
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading
Un prix pas trop cher
Sa croissance attendue du "produit brut des jeux" (c'est-à-dire les mises des joueurs diminuées des gains reversées à ces mêmes joueurs) entre 2023 et 2025 se situe à environ 9% contre 5% pour FDJ, tandis que sa marge brute d'exploitation (Ebitda) s'inscrit autour de 24% en 2023 contre environ 25% pour FDJ.
En termes de prix, FDJ entend payer 130 couronnes suédoises par action pour acquérir Kindred, ce qui représente une prime de 24% par rapport au dernier cours coté du 19 janvier, et de 35% par rapport au cours moyen pondéré des trente derniers jours de cotation. La transaction implique une valeur des fonds propres de 2,5 milliards d'euros pour Kindred et une valeur d'entreprise (en incluant donc la dette) de 2,6 milliards d'euros.
L'offre publique d'achat, qui a reçu le soutien du conseil d'administration des deux groupes, sera ouverte le 19 février prochain pour une durée de neuf mois maximum et FDJ compte obtenir au moins 90% du capital pour retirer Kindred de la cote. Le groupe français a reçu l'engagement d'apport de titres de cinq actionnaires représentant un peu moins de 28% du capital de Kindred.
A première vue, FDJ ne surpaye pas sa cible. Stifel calcule que l'opération implique un multiple d'environ 11 fois l'Ebitda du groupe suédois, soit peu ou prou le multiple de 10 que FDJ avait déboursé pour racheter Premium Lotteries Ireland. Invest Securities, pour sa part, estime que le transaction valorise Kindred 13,5 fois les bénéfices attendus cette année, tandis que le même multiple sur douze mois pour FDJ se situe à plus de 16.
Par ailleurs, le prix proposé par FDJ s'avère inférieur de 22% environ au pic de 157 couronnes que l'action Kindred avait connu en septembre 2021. Le titre avait ensuite chuté, pénalisé par une baisse de ses revenus à la suite d'un revers aux Pays-Bas ce qui avait attiré les appétits d'investisseurs activistes. Comme l'explique le Wall Street Journal, le hedge fund Corvex (qui possède 15% du capital) avait révélé en avril 2022 avoir pris une participation dans le groupe suédois et pressait alors Kindred de songer à se vendre à un concurrent pour remonter son cours de Bourse.
Une importante relution du bénéfice par action
FDJ met en avant les vertus financières de ce rapprochement. Avec Kindred et en projetant la sortie prévue du groupe suédois de certains marchés non régulés localement (Norvège, Amérique du Nord), le produit brut des jeux de FDJ passerait, sur la base des chiffres de 2023, de 6,7 milliards d'euros à 7,9 milliards, son chiffre d'affaires de 2,6 milliards d'euros à 3,5 milliards d'euros, son résultat brut d'exploitation de 657 millions d'euros à 860 millions d'euros. Le flux de trésorerie libre grimperait, lui, à 740 millions d'euros contre 584 millions d'euros.
L'opération aura un impact positif sur la marge d'Ebitda de FDJ, ce qui lui permettra de dépasser son objectif initial visé en 2025, c'est-à-dire plus de 25%. Le groupe estime également que la relution sur son bénéfice net par action dépassera les 10%.
Oddo BHF calcule pour sa part un impact encore plus important sur le bénéfice, d'environ 30% sur ses prévisions de résultat net par action en 2025, en incluant des synergies de 80 millions d'euros (correspondant à 5% du chiffre d'affaires combiné). De son côté, FDJ n'a pas livré d'objectif de synergies.
Stratégiquement, l'acquisition de Kindred augmentera fortement l'internationalisation du groupe. La part du produit brut des jeux hors France de FDJ passera ainsi de 2% à environ 20%. Il en est de même pour un point très surveillé par le marché: sa présence sur le jeu en ligne, qui avait quelque peu ralenti fin 2022.
La part du produit brut des jeux de FDJ dans le numérique passerait de 14% à l'heure actuelle à 29%, une fois l'acquisition de Kindred achevée. Le seul segment du pari et des jeux en ligne s'inscrirait autour de 20% contre 3% actuellement.
"Cette acquisition permettrait non seulement à FDJ d'accroître sa part de marché en France, puisque Unibet détient actuellement une part de 10% à 15% du produit brut des jeux et qu'il s'agit de l'un des trois principaux concurrents de FDJ, mais aussi de l'internationalisation de FDJ dans les paris sportifs, les casinos en ligne, le bingo en ligne et le poker en ligne, ce qui en ferait l'un des principaux opérateurs de jeux d'argent en ligne d'Europe", apprécie ainsi Stifel.
Un important effet de taille
En termes de financement, FDJ puisera dans sa trésorerie disponible (671 millions d'euros à fin décembre) et aura recours à un crédit relais auprès de banques françaises.
L'opération devrait être finalisée au quatrième trimestre 2024, anticipe la société française.
Le marché accueille avec entrain l'annonce, le titre FDJ s'adjugeant 5,3% vers 11h30, soit l'une des plus fortes hausses du SBF 120.
"Nous considérons cette annonce comme positive compte tenu de l'effet de taille qu'elle ajoute à la FDJ, en particulier sur un marché très concurrentiel (les jeux en ligne, NDLR), où il est extrêmement difficile de créer des marques de manière organique", loue Stifel.
"Nous jugeons cette opération comme une étape majeure pour FDJ dans sa transformation en un acteur diversifié du jeu en Europe de l'Ouest, à partir d'un leader de la loterie en France. En particulier, la combinaison des positions de Kindred et de FDJ renforcera la part de marché de FDJ dans les paris et jeux en ligne en France (y compris les paris sportifs) ouverts à la concurrence, dans le top 3 des acteurs, ce qui est un axe clair de la stratégie de FDJ depuis son introduction en bourse", souligne pour sa part Oddo BHF.
FDJ a au passage publié certains indicateurs pour l'exercice 2023. Au quatrième trimestre, ses revenus en progressé de 7,1% hors effet périmètre à 747 millions d'euros. Sur l'ensemble de 2023, ces revenus ont augmenté de 2,8% à périmètre comparable à 2,62 milliards d'euros tandis que sa marge d'Ebitda courant s'est inscrite à 25,1%. "Ce taux élevé tient compte du niveau exceptionnel de résultats sportifs très favorables à l’opérateur en fin d’année et d’une reprise de provisions relatives à des litiges avec d’anciens courtiers-mandataires. Sans ces éléments, le taux de marge ressortirait à 24,3%", explique l'entreprise.
Julien Marion - ©2024 BFM Bourse
Vous suivez cette action ?
Recevez toutes les infos sur FDJ en temps réel :
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Fdj : La FDJ casse sa tirelire pour racheter la maison-mère d'Unibet et décolle en Bourse - BFM Bourse"
Post a Comment