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Voitures électriques : l'irrésistible ascension du constructeur chinois BYD - La Tribune.fr

C'est peut-être l'entrée dans une nouvelle ère. Celle de l'hégémonie chinoise sur le marché de la voiture électrique et plus précisément de BYD ("Build your dreams"). Ce mardi, le constructeur de Shenzhen a, en effet détrôné Tesla, le leader mondial de la voiture électrique en nombre de véhicules livrés lors de ce dernier trimestre de l'année 2023 : 526.409 véhicules entre octobre et décembre, contre 484.507 véhicules pour l'entreprise d'Elon Musk. Une performance liée à son essor à l'extérieur de la Chine. Car s'il truste la première place des ventes en Chine depuis l'année dernière, BYD grappille également des parts de marché partout dans le monde, à commencer par l'Europe, notamment en Suède, où la marque s'est classée en première position des ventes cet été. Et ce n'est que le début : l'annonce en décembre de la construction d'une usine en Hongrie, sa première sur le Vieux-Continent, va lui permettre de monter en puissance en Europe. En France pourtant, rares sont les automobilistes qui connaissent cette marque, qui ne place aucun de ses véhicules dans le top 100 en termes de ventes.

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  • Aux origines, une usine de batteries

Car BYD est un nouveau-né dans le paysage automobile. Fondée en 1995 à Shenzhen, une métropole reliant Hongkong à la Chine continentale, où sont rassemblées plusieurs entreprises de technologies comme Huawei ou le groupe taïwanais Foxconn, l'entreprise fabriquait initialement des batteries électriques. C'est en 2003 qu'elle a décidé de se diversifier dans l'automobile et propose ses premiers modèles un an plus tard : la berline F3, la citadine F4 et le break F5.

Malgré son savoir-faire dans les batteries électriques, BYD commence par fabriquer des véhicules thermiques puis hybrides afin de se construire une réputation de constructeur automobile.

« La stratégie de BYD se trouve à mi-chemin entre Tesla et les constructeurs traditionnels, explique Bernard Jullien, maître de conférence à l'Université de Bordeaux et spécialiste de la filière automobile. Ils ont d'abord cherché à comprendre comment on fabriquait une voiture pour gagner en légitimité. »

Désormais, près de 8 voitures sur 10 vendues en Chine sont de la marque BYD. Une écrasante domination sur ses concurrents chinois que SAIC, propriétaire de la marque MG, Dongfeng Motors ou encore FAW.

  • Des aides tardives de l'Etat

Car la Chine a initialement privilégié ces entreprises d'Etat, alors en association avec des constructeurs traditionnels comme Volkswagen pour SAIC ou encore Toyota pour FAW, pour développer son industrie automobile. Mais les constructeurs européens, à la traîne en Chine, ont freiné le développement de ces entreprises chinoises. La Chine décide en 2015 d'élaborer un plan « Made in China 2025 » destiné à promouvoir l'innovation technologique, en particulier de se spécialiser sur les voitures électriques. Cette nouvelle va faire décoller BYD, alors l'une des entreprises pionnières dans ce domaine, qui proposait ces premiers modèles électriques depuis 2010.

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Concrètement, les aides de l'Etat chinois dépassent 200 milliards de yuans (26 milliards d'euros environ) pour les entreprises automobiles qui fabriquent des voitures électriques en 2022. Des subventions qui irritent l'Union européenne, laquelle a lancé une enquête en septembre dernier, estimant que « les marchés mondiaux sont aujourd'hui inondés de voitures électriques chinoises bon marché, dont le prix est maintenu artificiellement bas par des subventions publiques massives ».

  • Internaliser au maximum

La plus grosse différence de BYD par rapport à ses concurrents se situe son avance technologique. Son expertise autour de la batterie a permis à l'entreprise de réduire ses coûts, mais également de présenter une batterie électrique nommée Blade, capable d'être rechargée en 18 minutes. Résultat : Tesla a fait appel à l'entreprise chinoise pour équiper ses propres modèles en batteries électriques. Il y en a d'autres. Toyota ou encore Kia équipent également leurs véhicules de cette batterie Blade, et Mercedes pourrait suivre sur sa future CLA électrique. Auquel cas, BYD deviendrait le deuxième fournisseur mondial de batteries électriques, derrière CATL.

 Mais le constructeur chinois ne s'arrête pas à la batterie. Il produit la quasi- totalité de la voiture, ce qui lui a permis, entre autres, de résister plus fortement à la crise des semi-conducteurs l'année dernière, ayant entraîné d'importants retards de livraisons pour les constructeurs traditionnels.

  • Une large gamme de voitures

Le groupe automobile chinois peut également compter sur une large palette de véhicules électriques. En tout, cinq modèles sont actuellement disponibles sur le marché européen : Atto 3, Han, Tang, Dolphin et Seal mais plus d'une dizaine en Chine. Tesla et BYD proposent tous deux des modèles premium autour de 40.000 euros et 500 kilomètres d'autonomie. Mais le constructeur chinois propose aussi un modèle à 33.000 euros, similaire à la Megane électrique de Renault mais beaucoup moins cher.

« BYD couvre l'ensemble de la gamme, contrairement à Tesla qui tourne sur des modèles similaires pour baisser les coûts. La stratégie du constructeur chinois ressemble davantage à celle des Japonais ou des Coréens lorsque ces derniers sont entrés sur le marché européen », souligne Bernard Jullien.

Surtout, l'annonce de l'usine d'assemblage de voitures en Hongrie permettra de ne plus payer les frais de douanes et de bénéficier du bonus écologique ainsi que du leasing en France. « Avec cette usine, on change de braquet. Il y aura des voitures électriques BYD en dessous de 20.000 euros sûrement », assure Bernard Jullien.

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  • La conquête de l'international

En outre, si BYD est le numéro un en Chine, le groupe a des visées exportatrices. Avant l'ouverture de l'usine européenne, BYD construira une autre usine au Brésil dont les premières productions devraient sortir d'ici fin d'année prochaine. En Europe BYD pourrait annoncer une deuxième usine prochainement. Plusieurs pays se pressent pour accueillir les investissements chinois, dont la France. Mais l'Espagne semble favorite.

Avant cela, le géant Chinois continue de s'implanter sur le territoire national avec plus de 20 points de ventes en France ouverts depuis juin. Pour l'avenir, Bernard Jullien est confiant : « BYD a une stratégie plus conservatrice et respectueuse de l'automobile que Tesla. Pour séduire les Français, ils s'implantent chez des concessionnaires réputés dans leur région. »

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