Une croissance du PIB atone, et donc de l'emploi, mais des recettes qui continuent de couvrir les dépenses, malgré l'appétit du gouvernement : l'Unédic a présenté mardi une trajectoire de son solde financier de 2024 à 2027 nettement moins bonne que celle dévoilée en septembre, mais toujours suffisamment excédentaire pour que le régime d'assurance-chômage puisse espérer diminuer fortement sa dette d'ici là.
L'excédent s'est ainsi établi à +1,6 milliard d'euros en 2023, après +4,3 milliards en 2022, et tomberait à +1,1 milliard cette année. Mais il remonterait sensiblement les années suivantes.
De 63,6 milliards fin 2021, à cause du Covid, la dette tomberait à 38,6 milliards fin 2027, grâce aux effets de conjoncture sur la période (11 milliards), mais surtout à ceux des réformes de l'indemnisation imposées par les gouvernements Philippe et Borne (23 milliards). Ce, malgré 12 milliards de ponctions de l'Etat pour financer l'apprentissage et France Travail, le nouveau réseau de service public de l'emploi.
« L'Unédic reste solvable »
Avec ces prélèvements qui amputent la capacité de désendettement, « on a pris un sacré coup derrière la tête […] mais l'Unédic reste solvable », s'est félicité le nouveau président de l'Unédic, Jean-Eudes Tesson du Medef, soulignant lors d'une conférence de presse que le contexte actuel n'était pas « le plus simple que le régime ait connu ».
Le contexte, c'est d'abord une activité au ralenti, a rappelé le directeur général de l'Unédic, Christophe Valentie. Se basant, comme à chaque fois pour cet exercice, sur le consensus des économistes, ses équipes ont retenu une hypothèse de croissance du PIB de 0,7 % en 2024, inférieure de 0,3 point à celle, tout juste révisée, du gouvernement .
Conséquence, la pause dans les créations d'emplois affiliés à l'assurance-chômage apparue en 2023 est appelée à perdurer cette année, avant qu'elles ne repartent ensuite. Le nombre de chômeurs indemnisés est aussi appelé à stagner, avant de baisser d'ici à 2027, sous l'effet de la reprise des embauches et de la montée en puissance des réformes.
Compte tenu des hypothèses d'augmentation de la masse salariale, l'Unédic table toujours sur une hausse de ses recettes, qui passeraient de 48,1 milliards en 2024 à 51,6 milliards trois ans plus tard. Les dépenses - d'allocations-chômage et financement de France Travail principalement - sont appelées à suivre une courbe inverse, diminuant de 44,5 à 40,4 milliards sur la période.
Résultat, hors prélèvements de l'Etat, les recettes seraient « nettement supérieures » aux dépenses, n'ont pas manqué de souligner Jean-Eudes Tesson, et la vice-présidente, Patricia Ferrand de la CFDT. Précisément, le solde financier cumulé sur la période considérée aurait permis de ramener la dette à hauteur de 25,5 milliards.
Entre l'activité partielle, dont l'Unédic a financé un tiers durant le Covid, ces ponctions et le surcroît d'intérêts financiers qui va avec (1 milliard), le régime d'assurance-chômage a financé 31 milliards d'effort national, ont-ils mis avant.
La menace d'Attal
La suite, bien qu'encore très floue, n'est pas pour les rassurer. Dans sa déclaration de politique générale, Gabriel Attal a menacé les partenaires sociaux de reprendre la main si la trajectoire financière de l'Unédic, bien qu'encore bonne, dévie, sans que l'on ne sache par rapport à quoi...
Le gouvernement doit aussi préciser s'il maintient ou pas le projet de porter la contribution de l'Unédic au budget de l'opérateur France Travail (ex-Pôle emploi) de 11 % à 12 %, voire 13 % de ses recettes. Reste aussi à connaître le sort de la dernière convention d'assurance-chômage, suspendue à celui de la négociation sur l'emploi des seniors .
Plus globalement, c'est la place de l'Unédic dans le réseau France Travail qui va se jouer : la convention tri-partite avec l'Etat et l'ex-Pôle emploi n'est toujours pas signée. Jean-Eudes Tesson a du coup réitéré son inquiétude de voir le rôle du régime limité à celui d'opérateur financier . « La performance de France Travail, avec derrière l'enjeu de la baisse du chômage, est un sujet de haute importance pour l'Unédic », a-t-il prévenu, demandant au gouvernement de la stabilité.
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