« Nous disons : attention danger. » En prenant l’initiative d’une lettre ouverte au Premier ministre Gabriel Attal, pour défendre la loi SRU et son fameux seuil de 25 % de logements sociaux, le maire écologiste de Bordeaux semble avoir visé juste : déjà 23 maires ou présidents de métropoles – écologistes et de gauche – ont signé, et pas seulement en Gironde. Anne Hidalgo (Paris), Grégory Doucet (Lyon),...
« Nous disons : attention danger. » En prenant l’initiative d’une lettre ouverte au Premier ministre Gabriel Attal, pour défendre la loi SRU et son fameux seuil de 25 % de logements sociaux, le maire écologiste de Bordeaux semble avoir visé juste : déjà 23 maires ou présidents de métropoles – écologistes et de gauche – ont signé, et pas seulement en Gironde. Anne Hidalgo (Paris), Grégory Doucet (Lyon), Éric Piolle (Grenoble), Martine Aubry (Lille), ainsi que les maires de Strasbourg, Clermont-Ferrand, Montpellier, Poitiers, Nantes et encore Brest et Marseille depuis ce jeudi 1er février. « C’est rare une telle pression de la part des élus locaux », revendique Pierre Hurmic. « Et c’est dire l’inquiétude. En matière de logement, nous sommes en première ligne, et ces annonces vont à l’encontre de ce qu’on attend : on veut de la production de logements sociaux, pas l’inverse. »
Dans sa déclaration de politique générale mardi, Gabriel Attal a mis le feu aux poudres en annonçant vouloir créer un « choc d’offre » en intégrant dans le contingent obligatoire assigné aux communes une part de « logement intermédiaire », aux loyers conventionnés, au nom des « classes moyennes ». Un détricotage en règle de la loi SRU, selon Hurmic et ses signataires, « une erreur politique majeure » doublée d’une « méthode cynique ».
« Ce serait un amoindrissement de l’incitation à la production de logement social. »
« Dérisoire »
Pourtant, on a souvent entendu les élus et les promoteurs ferrailler contre ce seuil. « Oui, c’est compliqué d’atteindre ce seuil. Mais il faut juger la pente, la trajectoire : certains se contentent de taux ridiculement bas, on va les encourager s’il n’y a plus la barre des 25 %. Ce serait un amoindrissement de l’incitation à la production de logement social. » Et à la mixité sociale qu’est censée favoriser la loi SRU, votée en 2000. Celle-ci « n’a pas encore pleinement produit les fruits attendus », poursuit Pierre Hurmic, dont la lettre plaide pour un « temps long ».
Exemple à Bordeaux, passée de 18,5 % à 19,6 % de logements sociaux entre 2020 et 2022. Et où 70 % des habitants peuvent prétendre à ce parc social : 16 000 demandes sont en attente ; 46 000 à l’échelle de la Métropole, qui a lancé en 2022 un vaste plan pour relancer la création de logements sociaux. « Ce que nous annonce l’État est dérisoire : 30 000 logements sur trois ans dans 20 territoires du pays ! » La lettre demande une « réunion de travail » et la nomination d’un ministre du logement de « plein exercice ».
Spéculation
Le logement « intermédiaire » motivé par Attal ? « Ce n’est pas du logement social », insiste l’écologiste bordelais. « On n’a même pas de garantie que cela reste abordable : ces logements peuvent être revendus et devenir un outil spéculatif. » Il préfère mettre les moyens sur de nouveaux dispositifs qui favorisent l’accession à la propriété, comme le bail réel solidaire (BRS), qui dissocie le bâti du foncier, avec une promesse de prix entre 15 et 30 % en dessous du marché – 1 700 projets sont attendus à Bordeaux entre 2022 et 2026. Le vrai « bon plan » pour les classes moyennes ?
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