Search

Vidéo. Agriculteurs en colère : au centre commercial BAB 2, ils vident les rayons de Carrefour des produits étrangers - Sud Ouest

Vendredi matin, les tracteurs s’annoncent klaxons hurlants en plusieurs entrées du centre commercial BAB 2, à Anglet. Il est 8 h 30, la galerie marchande ouvre à peine ses portes. Sa directrice, Mélina Cherakrak, va au-devant des agriculteurs en colère. Elle veut savoir la nature de leur action. « On va vérifier la provenance des produits. » Ici, les syndicats FDSEA 64 et des JA (1) ciblent le supermarché Carrefour. À Hasparren, Oloron-Sainte-Marie, Orthez et Pau, ce sont les enseignes Leclerc et Intermarché qui recevront la visite. Début d’une journée d’action contre la grande distribution.

Pourtant, la veille, le gouvernement posait de nouvelles promesses devant la grogne paysanne. Pause...

Vendredi matin, les tracteurs s’annoncent klaxons hurlants en plusieurs entrées du centre commercial BAB 2, à Anglet. Il est 8 h 30, la galerie marchande ouvre à peine ses portes. Sa directrice, Mélina Cherakrak, va au-devant des agriculteurs en colère. Elle veut savoir la nature de leur action. « On va vérifier la provenance des produits. » Ici, les syndicats FDSEA 64 et des JA (1) ciblent le supermarché Carrefour. À Hasparren, Oloron-Sainte-Marie, Orthez et Pau, ce sont les enseignes Leclerc et Intermarché qui recevront la visite. Début d’une journée d’action contre la grande distribution.

Pourtant, la veille, le gouvernement posait de nouvelles promesses devant la grogne paysanne. Pause du plan réduction des pesticides, 150 millions d’euros pour l’élevage, pas de signature de l’accord commercial entre l’Union européenne et la zone Mercosur… Assez pour qu’Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, appelle au retour dans les fermes. Ceux qui arpentent les rayons du Carrefour angloy ne font pas dissidence, assure Éric Mazain, représentant du syndicat au niveau départemental. « Cette action était prévue de longue date. Il y a des promesses du gouvernement, nous voulons aussi dire que nous serons vigilants sur leur réalisation. »

Sur le même sujet
Les agriculteurs mobilisés dénoncent l’importation de produits non soumis aux mêmes normes de production qu’eux.
Les agriculteurs mobilisés dénoncent l’importation de produits non soumis aux mêmes normes de production qu’eux.

Émilie Drouinaud/SUD OUEST

« Regardez, ils le vendent 21 euros le kilo. Nous, l’agneau sur pied, c’est 3 euros. Le producteur, il gagne quoi ? »

Marges

Direction la viande. Sur les présentoirs réfrigérés des morceaux prédécoupés, les agriculteurs relèvent « des trous ». « Ils ont prévu le coup, ils ont enlevé des produits des rayons ! Mais on va aller voir derrière, dans les frigos, s’il le faut. » L’étal de viande à la découpe n’est pas tout à fait plein. « C’est moi qui ai caché la viande », ironise Wilfried Delafoy, le boucher du magasin. Le bonhomme a du répondant, il atteste que ses produits, au moins, sont français. Et présente les papiers d’un quart de mouton qu’il découpera bientôt. Un agriculteur détaille le coupon : origine France.

Échange avec le boucher de la grande surface qui montre la provenance française des viandes sur son étal.
Échange avec le boucher de la grande surface qui montre la provenance française des viandes sur son étal.

Émilie Drouinaud/SUD OUEST

Un autre saisit un paquet d’agneau : « Regardez, ils le vendent 21 euros le kilo. Nous, l’agneau sur pied, c’est 3 euros. Le producteur, il gagne quoi ? » La question de la concurrence étrangère exacerbe celle des marges des distributeurs. Voilà des côtes d’agneau pareillement conditionnées. Les unes d’origine française, les autres importées d’Irlande. « Elles sont toutes les deux vendues à 15 euros le kilo. Qu’on vienne pas nous dire qu’on produit trop cher ! » Tous ici connaissent ces chiffres : pour un panier de 100 euros, 6 reviennent aux producteurs français. « Il faudrait au moins 10 euros pour sauver bien des fermes », relève Éric Mazain.

Sur le même sujet

Recto verso

Thierry Hiriart produit de la viande bovine et ovine, complète avec ses rangs de piment d’Espelette. « Le piment qui est bien valorisé nous permet de tenir à deux sur l’exploitation, sinon, ma femme devrait trouver un autre emploi. » Il montre deux produits au « packaging » identique et selon lui trompeur. « Sur l’un, vous pouvez lire ‘viande française’ et sur l’autre ‘savoir-faire boucher français’, mais la viande vient de l’Union européenne. On joue sur la confusion, on trompe visuellement le consommateur. »

Des produits étrangers où à la provenance floue sont aspergés de peinture : ils ne regagneront pas les rayons.
Des produits étrangers où à la provenance floue sont aspergés de peinture : ils ne regagneront pas les rayons.

Émilie Drouinaud/SUD OUEST

L’agacement gonfle entre les armoires de surgelés. Un paquet de champignons promet au recto des girolles « cueillies dans les forêts d’Europe » et au verso situe leur provenance d’un très flou « UE/non UE ». « On ne sait pas s’ils ont été cueillis à Garazi ou à Tchernobyl », ironise un manifestant. Le paysan et syndicaliste Iban Pebet brandit un gigot surgelé, produit en Nouvelle-Zélande, congelé en 2022 et « à consommer de préférence » avant juin 2025. « Une aberration », gronde-t-il. « C’est vrai qu’il n’y a pas d’agneau au Pays basque… »

« Ils ne comptent pas leurs heures pour gagner une misère. Je suis prêt à payer un peu plus cher pour des produits français »

Les kiwis, aussi, sont néo-zélandais, quand les agriculteurs du bassin de l’Adour en produisent. Choux surgelés du bout du monde, poulets de l’Est, miel du diable Vauvert… les agriculteurs remplissent leurs chariots et passent à la bombe de peinture ces productions lointaines et moins normées qu’en France. « Il faut que soit vraiment appliquée la loi Egalim (2) », appelle Iban Pebet. La visée première du texte étant la traçabilité des produits et le rééquilibrage des revenus.

« En haut »

Les agriculteurs ont prévu de « rester la journée ». Le directeur du supermarché, Olivier Larue, les observe. Le groupe Carrefour a donné pour consigne à ses représentants de ne pas s’exprimer et le cadre local s’y tient. « Tant que c’est pacifiste, on laisse faire », glisse-t-il simplement.

Le directeur du supermarché, Olivier Larue, a observé l’action des agriculteurs. Il leur a ouvert les frigos.
Le directeur du supermarché, Olivier Larue, a observé l’action des agriculteurs. Il leur a ouvert les frigos.

Émilie Drouinaud/SUD OUEST

Devant l’action en cours, Jean-Grégoire fait ses courses. Lui comprend. « Ils ne comptent pas leurs heures pour gagner une misère. Je suis prêt à payer un peu plus cher pour des produits français. » Même si le consommateur convient que « tout le monde n’a pas les moyens ». Un employé dispose des produits dans les rayonnages et doute de la stratégie paysanne : « Moi aussi je me lève tôt, je me fais 1 400 euros, je dois élever mon fils et je ne me plains pas. C’est pas nous qu’il faut venir embêter. » Wilfried, le boucher, pense que « c’est en haut que ça se passe, chez ceux pour qui on vote ». « Ici, on est tous pareils. On bataille pour gagner nos vies. »

Les paysans promettent de « maintenir la pression ». Parlent d’« aller taper les industriels et les transformateurs ». Le Salon de l’agriculture, à la fin du mois, pourrait connaître des remous, préviennent-ils.

(1) Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles et Jeunes agriculteurs. (2) Loi agriculture et alimentation.

Adblock test (Why?)

https://news.google.com/rss/articles/CBMitwFodHRwczovL3d3dy5zdWRvdWVzdC5mci9weXJlbmVlcy1hdGxhbnRpcXVlcy9wYXlzLWJhc3F1ZS92aWRlby1hZ3JpY3VsdGV1cnMtZW4tY29sZXJlLWF1LWNlbnRyZS1jb21tZXJjaWFsLWJhYi0yLWlscy12aWRlbnQtbGVzLXJheW9ucy1kZS1jYXJyZWZvdXItZGVzLXByb2R1aXRzLWV0cmFuZ2Vycy0xODQwNTcxMS5waHDSAQA?oc=5

Bagikan Berita Ini

Related Posts :

0 Response to "Vidéo. Agriculteurs en colère : au centre commercial BAB 2, ils vident les rayons de Carrefour des produits étrangers - Sud Ouest"

Post a Comment

Powered by Blogger.