Vendredi 8 mars 2024, la sentence est tombée pour la PDG de la maison d’édition Fayard. Sur la sellette depuis des semaines, Isabelle Saporta a été convoquée à un entretien de licenciement le 20 mars. L’épilogue du conflit ouvert qui l’opposait à la maison mère de Fayard, Hachette livre.
Ce coup de tonnerre chez Fayard est le dernier avatar de l’avancée du milliardaire breton dans le paysage éditorial français. (Et plus largement médiatique.) Un feuilleton entamé en 2019, lorsque Vivendi, contrôlé par le groupe Bolloré, rachète Editis, deuxième groupe français d’édition.
Une éditrice très à droite
En 2022, l’homme d’affaires lance une offre publique d’achat sur le groupe Lagardère, propriétaire d’Hachette Livre, numéro 1 français de l’édition. Mais la Commission européenne fait les gros yeux devant cette perspective de concentration. En novembre 2023, Vivendi lâche Editis au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et peut ainsi s’emparer de Lagardère.
Parmi les maisons d’édition concédées à Kretinsky se trouve Plon, à la tête de laquelle Vincent Bolloré a placé Lise Boëll, 57 ans aujourd’hui. Cette dernière, très marquée à droite, est l’éditrice d’Éric Zemmour et de Philippe de Villiers. Sa nomination s’est d’ailleurs traduite par moult crises et grincements de dents chez Plon, Lise Boëll étant de plus réputée être très autoritaire.
Mais elle est aussi connue pour avoir toute l’oreille de Vincent Bolloré. Il n’était donc pas étonnant que ce dernier la rapatrie dans sa galaxie. En février dernier, il lui offre la direction de Mazarine, filiale de Fayard. Mais il est demandé à la PDG de Fayard, Isabelle Saporta, de laisser Mazarine éditer certains textes sous la double marque Mazarine-Fayard. Ce qu’elle refuse, craignant comme beaucoup de ses salariés une mainmise de l’extrême droite sur Fayard. Car Lise Boëll aurait aussi pour intention de publier le premier livre du président du Rassemblement national, Jordan Bardella…
Une percée de l’extrême droite ?
Ironie du sort, l’arrivée d’Isabelle Saporta en 2022 s’était elle-même traduite par de nombreux remous. Elle avait fait partir un certain nombre de salariés et d’auteurs, dont Virginie Grimaldi et Jacques Attali, qui craignaient son manque d’indépendance vis-à-vis de la tête du groupe. Isabelle Saporta, une ancienne journaliste, a toute la confiance de Nicolas Sarkozy, par ailleurs administrateur d’Hachette et dont elle a publié Le temps des combats au mois d’août.
Isabelle Saporta s’est pourtant dressée contre sa direction et la perspective d’une percée de l’extrême droite chez Fayard, vénérable maison née en 1857 et qui a publié de grands auteurs, penseurs et humanistes. Elle a perdu le bras de fer. Si l’on considère le virage très conservateur pris par les médias de Vincent Bolloré, dont le JDD, Europe 1, CNews, cela préfigure peut-être un sérieux coup de volant pour la maison de Michel Serre, Robert Badinter, Boris Vian, Alexandre Soljenitsyne…
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