La semaine passée, le néerlandais Damen et le suédois Saab se sont mis d’accord pour exporter conjointement le sous-marin C-718, développé à partir du modèle A-26 [classe Blekinge] destiné à la marine suédoise, avec l’intention de le proposer à la Marine royale canadienne. Et d’insister sur les retombées économiques que pourraient en tirer les Pays-Bas, surtout en cas de succès au Canada.
Étant donné qu’Ottawa n’a pas encore lancé d’appel d’offres, les perspectives évoqués par Damen et Saab paraissent bien lointaines… En réalité, leur objectif visait probablement à convaincre le gouvernement néerlandais de choisir leur C-718 dans le cadre du programme WRES, lequel doit permettre à la Marine royale des Pays-Bas [Koninklijke Marine] de remplacer ses quatre sous-marins de type Walrus.
D’autant plus que, ces derniers jours, il est apparu que l’offre soumise par le français Naval Group et le néerlandais Royal IHC était la mieux placée pour ravir ce marché aux dépens du tandem Damen/Saab et de l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems [TKMS].
Mais cette manoeuvre aura été vaine. En effet, ce 15 mars, le ministère néerlandais de la Défense a confirmé que Naval Group et Royal IHC avaient été retenus pour construire les quatre nouveaux sous-marins de la classe « Orka » destinés à la Koninklijke Marine.
« Ils ont réussi à proposer une offre équilibrée, polyvalente et réaliste. L’industrie néerlandaise a également un rôle important à jouer, condition importante dans le processus d’attribution », a fait valoir Christophe van der Maat, le sécrétaire d’État à la Défense.
Selon ce dernier, la proposition de Naval Group s’est révélée la plus compétitive non seulement pour la construction des quatre sous-marins mais aussi pour leur maintien en condition opérationnelle [MCO]. « Cette décision est bonne pour la marine et nos intérêts en matière de sécurité ainsi que pour les entreprises néerlandaises et le développement de notre savoir-faire », a-t-il souligné.
Pour rappel, l’offre de Naval Group repose sur le « Black Sword Barracuda », une version à propulsion classique du sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] de type Suffren [ou Barracuda], dotée d’un module AIP FC-2G [Air Independent Propulsion].
Dans son communiqué, au-delà des capteurs, du système de gestion du combat et autres équipements de pointe, le ministère néerlandais de la Défense a insisté sur deux points qui, visiblement, ont contribué à faire la différence : la capacité à tirer des missiles de croisière et les « performances » océaniques du modèle de sous-marin retenu.
Le gouvernement néerlandais a informé le gouvernement français du choix de Naval Group, suite à la compétition relative au renouvellement de la capacité sous-marine des Pays-Bas.
Ce choix permettra aux Pays-Bas de disposer de sous-marins de classe océanique au plus haut standard… https://t.co/tzKVNjn0Np
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) March 15, 2024
« Nous sommes extrêmement honorés d’avoir été sélectionnés par les Pays-Bas à l’issue d’une rude compétition et de participer à ce projet d’importance stratégique. Le sous-marin de la famille Barracuda fournira à la Marine royale néerlandaise des capacités de pointe répondant aux exigences fixées par le ministère néerlandais de la Défense. Nous sommes impatients de commencer à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires néerlandais pour conduire avec succès ce programme majeur qui contribue à l’autonomie stratégique des Pays-Bas », s’est félicité Pierre-Éric Pommellet, le PDG de Naval Group.
L’industriel français a par ailleurs souligné « l’exigence d’autonomie stratégique » exprimée par les Pays-Bas, qu’il soutiendra avec un « plan de coopération industrielle ambitieux » qui impliquera ses partenaires néerlandais « sur les systèmes et composants clés », de sorte qu’ils pourront « développer et conserver leur expertise tout au long du cycle de vie des sous-marins ».
« Nous avons l’intention de développer davantage cette coopération et nous remercions tous nos partenaires néerlandais pour leur soutien et leur dévouement pendant la phase de sélection », a conclu Naval Group.
Cependant, le constructeur naval français doit encore transformer l’essai. En effet, outre la signature d’un protocole d’accord par la France et les Pays-Bas sur les « droits d’utilisation, la sécurité de l’information et l’échange de connaissances », le contrat, d’une valeur comprise entre 4 et 6 milliards d’euros [selon la presse locale], doit encore être négocié et validé par le Parlement néerlandais.
Or, comme l’a récemment rapporté le quotidien De Telegraaf, l’imminence de l’annonce en faveur du Black Sword Barracuda a mis certains industriels néerlandais en « panique ».
Ainsi, est-ce le cas de l’entreprise Huisman, désignée par Damen et Saab pour fournir la coque épaisse du S-718. « Si cette commande, financée par le contribuable néerlandais, va à la France ou à l’Allemagne, notre industrie manufacturière maritime en sera la victime. Nous serons alors également dépendants de l’étranger pour l’entretien des sous-marins et la formation pour les trente prochaines années. Bon marché signifie alors cher », a fait valoir David Roodenburg, son PDG.
Quoi qu’il en soit, la Koninklijke Marine n’a plus de temps à perdre pour conserver ses capacités sous-marins. D’après le ministère néerlandais de la Défense, Naval Group devra livrer les deux premiers sous-marins « dans les dix ans suivant la signature du contrat ». Les futurs s’appelleront « Orka », « Zwaardvis », « Barracuda » et Tijgerhaa ».
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