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Quand une prime devient un casse-tête. Le nombre de dossiers déposés pour MaPrimeRénov’, aide à la rénovation réservée aux revenus modestes, a dégringolé ces dernières semaines. La raison : depuis le 1er janvier 2024, elle était désormais réservée aux propriétaires faisant plusieurs types de travaux, sauf exception, afin d’inciter à des chantiers jugés plus efficaces. Pour les passoires thermiques (DPE classée en F ou G), il fallait aussi un accompagnateur de travaux certifié. Mais ces exigences ont découragé les candidats à la rénovation, d’autant qu’il fallait que les travaux soient réalisés par des artisans certifiés RGE (Reconnu garant de l’environnement) parfois introuvables dans certaines régions.
Le gouvernement a donc annoncé vendredi 8 mars au soir des assouplissements majeurs, la réforme de l’aide étant repoussée à 2025. Une urgence, car le logement représente près d’un cinquième des émissions de gaz à effet de serre du pays et que la France est loin de ses objectifs de rénovation. Des décrets entérinant ces modifications de l’aide sont prévus la semaine prochaine, Libé fait le point.
Recentrage de MaPrimeRénov’, késako ?
Lancée en 2020, MaPrimeRénov’ est la principale aide à la rénovation énergétique des logements en France pour les particuliers. Elle subventionne les travaux de rénovation énergétique jusqu’à 90 % pour les ménages modestes, dans la limite de 70 000 euros.
Elle bénéficie depuis plusieurs années de moyens financiers importants, mais va souffrir des coupes budgétaires annoncées fin février par Bercy, l’augmentation du budget 2024 de MaPrimeRénov’ ayant été sabrée à 600 millions contre 1,6 milliard annoncé initialement. Après ce coup de rabot, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu avait ramené l’objectif du nombre de rénovations thermiques globales de logements aidées par MaPrimeRénov’ cette année à 140 000-150 000, au lieu des 200 000 prévus initialement. Il avait aussi précisé qu’un milliard d’euros inscrits au budget en 2023 pour cette prime n’ont pas été dépensés, reconnaissant «des dispositifs trop compliqués». Et avait promis une simplification, en lançant : «Avec de la paperasse, des obligations de labellisation des artisans, des contrôles très tatillons, on finit par détourner une partie de ceux qui pourraient bénéficier du dispositif.» En 2023, le nombre de rénovations globales aidées par MaPrimeRénov’ s’est élevé à 71 600, en hausse par rapport à 2022 (67 000) mais en deçà de son objectif (90 000).
Par ailleurs, depuis le 1er janvier 2024, l’aide-phare du gouvernement était soumise à des conditions plus strictes. Le but : allouer davantage de moyens à des rénovations «d’ampleur», plus lourdes et plus performantes, et moins à des «mono-gestes», c’est-à-dire un seul type de travaux (changement de chaudière ou de fenêtres, isolation du seul toit…).
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Mais les ministères de la Transition écologique et du Logement ont annoncé vendredi reporter au 1er janvier 2025 la plupart de ces changements, accédant à une demande des organisations professionnelles du bâtiment qui les accusaient d’avoir porté un coup d’arrêt aux chantiers de rénovation.
«Mieux vaut une rénovation globale à un mono-geste mais mieux vaut un mono-geste plutôt que pas de rénovation du tout», a justifié le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu.
Les changements pour les particuliers
Les propriétaires demandant l’accès à MaPrimeRénov’ pourront en bénéficier sans devoir impérativement changer leur mode de chauffage.
Ils ne seront plus tenus d’effectuer un diagnostic de performance énergétique (DPE) pour prétendre à l’aide, tandis que les propriétaires de logements classés F ou G, les étiquettes les moins performantes, ne seront finalement pas tenus de s’engager dans une rénovation d’ampleur.
Accélération des «accompagnateurs»
Le gouvernement a également annoncé une accélération du déploiement des «Accompagnateurs Rénov», professionnels agréés que les candidats à une rénovation globale doivent impérativement consulter.
La montée en charge de ce réseau doit permettre d’augmenter le nombre de rénovations globales, qui permettent de gagner au moins deux étiquettes énergétiques.
Des facilitations pour les entreprises
Il s’est également engagé à simplifier l’accès, pour les entreprises, au dispositif Reconnu garant de l’environnement (RGE), indispensable pour participer à des chantiers éligibles à l’aide publique.
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Les entreprises ayant recours à des sous-traitants devront également avoir elles-mêmes le label, a ajouté le ministère, une mesure visant à lutter contre la fraude.
Les réactions
«Ça va à l’inverse de ce qu’il faudrait faire», a réagi Carine Sebi, professeure à Grenoble Ecole de Management et spécialiste de la rénovation énergétique. «On sait très bien que ce genre d’investissements non rentables doivent être massivement soutenus par des aides». «Il faut absolument engager des rénovations profondes et arrêter les mono-gestes», a-t-elle soutenu, car les premières ont un retour sur investissement bien meilleur.
«Ça décoince 90 % des chantiers», s’est au contraire réjoui le président de la Fédération française du bâtiment, Olivier Salleron, après avoir rencontré Christophe Béchu et le ministre délégué au Logement Guillaume Kasbarian. «Ça va permettre de décoincer les entreprises, de valider les devis, de se remettre au boulot», a-t-il ajouté. Le recentrage de l’aide avait fait dégringoler le nombre de dossiers traités en janvier-février, quatre fois moins nombreux qu’en 2023 à la même période, selon le président de la Fédération française du bâtiment.
«Je souligne le courage qu’ils ont eu de retravailler et de revoir leur copie, ça n’est pas très fréquent», a abondé son homologue de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, Jean-Christophe Repon.
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