L'électrochoc de la guerre en Ukraine continue de faire trembler l'économie française. Deux ans après le début du conflit, les entreprises tricolores doivent toujours faire face à de vastes difficultés. L'inflation a certes ralenti dans la plupart des secteurs de l'économie française. Mais le coup de frein de l'activité pèse toujours sur le moral des dirigeants.
Et le bilan du médiateur des entreprises dévoilé ce jeudi confirme cette conjoncture morose. L'année dernière, les sollicitations et demandes auprès du médiateur ont bondi de 15%, passant de 3.677 à 4.300. Ces résultats sont loin du record de 2020 au pic de la pandémie à 22.800.
Ils restent toutefois bien supérieurs aux chiffres enregistrés sur la période 2010-2019. « Il est important de souligner un réel changement de paradigme qui s'est opéré après la crise de la Covid-19 », souligne l'organisation dans un communiqué. Au moment du confinement au printemps 2020, le médiateur Pierre Pelouzet avait dû affronter une avalanche de sollicitations inédite.
A l'époque, un très grand nombre d'entreprises étaient plongées dans l'inconnu. Depuis, la crise sanitaire a disparu des inquiétudes des chefs d'entreprises. Pressées par l'inflation et le durcissement des conditions financières, les entreprises doivent désormais appuyer sur le frein de l'activité. « Face aux chocs, la solution est de passer par le dialogue. D'où l'explosion des sollicitations », a déclaré Pierre Pelouzet, lors d'une réunion avec journalistes au ministère des Finances.
Des retards de paiement en hausse
Lors de la présentation du bilan 2023, Pierre Pelouzet a sonné l'alerte sur les délais de paiement. « On pensait qu'on avait gagné la bataille des retards de paiement. En 2019, le délai moyen était tombé à 10 jours », a rappelé le fonctionnaire. En pleine crise sanitaire, les retards avaient grimpé à 17 jours. « J'avais dû appeler de nombreux chefs d'entreprises et directeurs financiers pour leur dire de payer leurs fournisseurs. En 2023, on était tombé à 12 jours. Et là, ça repart à la hausse », a-t-il poursuivi.
Cet allongement des délais de paiement peut avoir des répercussions néfastes sur le tissu productif hexagonal. « Les entreprises qui subissent l'inflation ont une trésorerie qui diminue. Elles doivent rembourser les PGE. Si un grand compte public ou privé paie en retard, cela peut mettre en difficulté de nombreux prestataires. Je trouve cela terrible de devoir en reparler », a-t-il souligné.
S'agissant des secteurs, la médiation n'a pas apporté de précisions chiffrées. « L'Etat est devenu un bon payeur, selon l'observatoire des délais de paiement », a précisé Pierre Pelouzet. « En revanche, les collectivités locales ou les hôpitaux sont au même niveau que le secteur privé ». Sur l'utilisation du « name and shame », il a reconnu que « c'est un outil utile, mais je préfère que les gens rentrent dans des démarches responsables plutôt que de les clouer au pilori ».
L'énergie, premier motif de sollicitation
Sans surprise, l'explosion des prix de l'énergie en 2022 et 2023 a poussé de nombreuses entreprises a sollicité les services de médiation. Ce sujet a représenté 15% des sollicitations. « Beaucoup d'entreprises ont dû faire face à des renouvellements de contrats et n'avaient pas le choix », a rappelé à La Tribune Pierre Pelouzet. Beaucoup d'entre elles sollicitent la médiation pour sortir de ces contrats, mais elles s'exposent à « des pénalités ». « On peut essayer de trouver des compromis », a fait valoir le médiateur.
L'autre motif important de sollicitations concerne les aides aux entreprises. Face aux conséquences de la pandémie et de la guerre, le gouvernement avait mis en œuvre les aides du « quoi qu'il en coûte » (PGE, fonds de solidarité, chômage partiel, subventions, bouclier énergétique, report de cotisations et prélèvements). La fermeture progressive du robinet des aides et la reprise des activités dans les tribunaux de commerce ont provoqué des remous chez les entreprises les plus fragiles.
En première ligne pendant ces années de crise, le médiateur explique que « le flot des saisines sur les dossiers entre les bailleurs et les commerçants se poursuit ». D'ailleurs, le commerce est le secteur qui interpelle le plus souvent les services de Bercy avec 12% des saisines. Viennent ensuite la construction (10%), l'hôtellerie-restauration et l'immobilier (8%). La crise qui secoue la construction risque de ne pas arranger les choses.
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