Sécheresses, vagues de chaleur, incendies, gel précoce, pluies, maladies… Les vignes n’ont, une nouvelle fois, pas été à la fête l’an passé. Pas étonnant dans ces conditions que la production mondiale de vin ait chuté de 10 % en 2023, tandis que la consommation a reculé de 3 %, a indiqué jeudi l’Organisation internationale du vin. Les vignerons du monde ont produit au total 237 millions d’hectolitres, leur plus faible vendange depuis 1961.
La récolte a particulièrement souffert en Italie (-23 % à 38 millions d’hectolitres) et en Espagne (-21 % à 28 millions d’hectolitres) alors qu’elle a légèrement progressé en France (+4 % à 48 millions d’hectolitres), permettant à l’Hexagone de devenir, de loin, le premier producteur de vin au monde.
L’OIV avait déjà anticipé une chute de la production dans une première estimation en novembre, mais de moindre ampleur (entre 241,7 et 246,6 millions d’hectolitres).
Australie, Afrique du Sud et Chili en difficulté
Cette dégringolade est la conséquence directe de « conditions environnementales extrêmes » ayant touché aussi bien l’hémisphère nord que l’hémisphère sud, a indiqué le directeur de l’OIV, John Barker, devant des journalistes. La récolte a ainsi chuté de 11 % au Chili, de 26 % en Australie et de 10 % en Afrique du Sud, les trois plus gros producteurs de l’hémisphère sud. Alors que les vendanges s’y terminent, la production dans cette zone devrait rebondir de 5 % en 2024, selon les premières estimations de l’OIV.
Du côté des buveurs, la consommation a reculé l’an dernier de 3 % à 221 millions d’hectolitres, son plus bas niveau depuis 1996, confirmant ainsi une tendance à la baisse depuis 2018 (avec un unique sursaut en 2021). Cette tendance est en partie liée à l’inflation, qui a augmenté les coûts de production et donc les prix de la bouteille ou du cubi de vin, tout en réduisant le pouvoir d’achat des consommateurs. La moindre demande est également « motivée par les changements démographiques et de mode de vie », a reconnu John Barker. Les Portugais, les Français et les Italiens sont, par habitant, les plus gros consommateurs.
L’Inde fait son entrée parmi les plus grands vignobles
Les exportations de vin ont, elles, reculé de 6 % en volume à leur plus faible niveau depuis 2010, avec moins de bouteilles, de cubis ou de vrac sortant du Chili, d’Afrique du Sud ou de France. Selon l’OIV, certains acheteurs ont pu être dissuadés par le prix moyen à l’exportation, qui a grimpé à 3,62 euros par litre, un record, et 29 % de plus qu’en 2020.
La surface consacrée à des vignes, pour la production de vin ou de raisins de table, a pour sa part reculé pour la troisième année consécutive, de 0,5 % en 2023 à 7,2 millions d’hectares.
En France, où le gouvernement a subventionné des programmes de distillation et d’arrachage pour faire face à de la surproduction dans certaines régions, elle a baissé de 0,4 %. La surface a en revanche augmenté de 3 % en Inde, qui fait son entrée dans le top 10 des plus grands vignobles au monde.
La chute de la production en Italie ne devrait pas se traduire par un abandon massif d’hectares de vignes, selon John Barker. Entre des pluies favorisant l’apparition du mildiou dans les régions du centre et du sud, de la grêle et des inondations, le repli « a clairement été lié aux conditions météorologiques », et donc normalement momentané, a-t-il dit.
Les fléaux ayant touché la vigne cette année sont très disparates et l’influence du changement climatique n’est pas établie dans tous les cas de figure.
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