
« Nous avons fait le choix de prendre le tournant vers l'électrique, et nous ne voulons pas de retour en arrière ». Alors que l'industrie automobile européenne est fragilisée par la concurrence chinoise, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, réaffirmait il y a quelques jours la ligne de conduite du gouvernement dans ce secteur bouleversé par une transition énergétique menée tambour battant en Europe. Celle-ci va se concrétiser ce lundi par la signature du contrat entre l'Etat et la filière automobile fixant les engagements réciproques pour garantir l'avenir de l'industrie automobile française d'ici à 2027. Un acte fort à l'heure où la France accueille le président chinois Xi Jinping et que les élections européennes se profilent avec la volonté de certains partis politiques partisans de remettre en cause le calendrier de la fin des ventes de véhicules thermiques en 2035.
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Dans le document de 50 pages distribué aux journalistes en amont de la signature, peu de nouveautés par rapport au contrat précédent. L'objectif est toujours de produire 2 millions de véhicules en France en 2030 et aucune enveloppe de financement de ce projet n'a été présentée. Seule nouveauté, une étape intermédiaire à horizon 2027. Le document demande à la filière une multiplication par 4 des véhicules électriques en trois ans, soit passer de 206.000 voitures électriques vendues en 2022 à 800.000 en 2027. Côté véhicule utilitaire, la barre est plus haute avec une multiplication par 6 de leur nombre, à 100.000 ventes en 2027.
L'ancien contrat entre le gouvernement et la filière automobile avait pour objectif une multiplication par cinq d'ici fin 2022 des ventes de véhicules 100% électriques. « Nous avons atteint cet objectif et nous l'avons même dépassé », s'est réjoui le ministre de l'Economie, avant d'ajouter que « nous sommes à 19% de part de marché dans les ventes en électrique en 2024, contre 17% en 2023 ». Problème : depuis le début de l'année, les ventes de voitures électriques ont principalement été tirées par le leasing électrique, une aide gouvernementale de 13.000 euros par véhicule qui permet la location de voitures électriques neuves entre 50 et 150 euros par mois.
Maintien des aides et création d'un marché de l'occasion
Ce leasing devrait d'ailleurs être renouvelé en 2025, est-il précisé dans le contrat, de même que les aides à l'achat de voitures électriques neuves, actuellement entre 4.000 euros et 7.000 euros selon les ménages. Et ce, « jusqu'à ce que le prix des véhicules électriques soit équivalent à celui des véhicules thermiques », a affirmé le cabinet de Bruno Le Maire. Le montant du bonus pourrait en revanche être abaissé au cours du temps, comme cela a déjà été le cas cette année.
Malgré ces aides, le prix des véhicules électriques reste tout de même largement supérieur aux voitures à moteur thermique. Le contrat demande ainsi aux constructeurs d'« examiner les opportunités de développement de nouvelles gammes de petits véhicules légers, permettant de répondre de façon très sobre à certains types d'usage ». Plusieurs voitures de petit gabarit sont attendues d'ici à la fin de l'année et l'année prochaine, toutes autour de 25.000 euros. L'objectif est de produire des modèles en dessous de 20.000 euros avant la fin de ce contrat.
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Autre levier de baisse de prix : les voitures électriques d'occasion. « Nous voulons créer un marché de l'occasion dans les cinq ans », a affirmé Marc Mortureux, le directeur général de la Plateforme automobile, le principal syndicat automobile. Pour cela, le gouvernement et la filière misent sur les flottes d'entreprises, trop peu électrifiées selon eux. Une proposition de loi du député de la majorité, Damien Adam, est actuellement en Commission pour renforcer et accélérer le verdissement des flottes.
Lutter contre la vague de voitures chinoises
Le document présente plusieurs axes pour renforcer la souveraineté de la filière. Il prévoit ainsi un accès à de l'électricité à un prix compétitif ainsi que des conditions facilitant l'implantation de process industriels sur le territoire. Les mentions de baisse d'impôts pour les entreprises n'apparaissent pas, mais les cabinets des ministres ont assuré qu'elles ne bougeraient pas. L'Etat veut également sécuriser les approvisionnements et accélérer le recyclage. Mais la grande nouveauté du contrat réside en l'intervention du gouvernement dans les relations entre constructeurs et fournisseurs, afin de maintenir l'ensemble des emplois de la filière sur le territoire national.
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« Tous les trimestres, il y aura des rencontres avec chacun des grands donneurs d'ordre à savoir Stellantis, Toyota et Renault, afin d'identifier les fournisseurs en grande difficulté et s'assurer que les demandes de solidarité soient portées et suffisamment suivies », a renchéri le cabinet de Roland Lescure, ministre de l'Industrie.
Encore récemment, c'est la filière plasturgie qui a tiré la sonnette d'alarme sur les risques de l'inflation sur l'emploi et la sourde-oreille des constructeurs à une revalorisation des achats.
Ce contrat doit ainsi armer l'industrie automobile française face aux grandes puissances automobiles mondiales, à commencer par la Chine. Sa signature tombera d'ailleurs en même temps que la venue du Président chinois Xi Jinping en France. « Un hasard de calendrier », a précisé le cabinet du ministre Roland Lescure. Un hasard qui tombe bien, puisque des annonces dans la filière automobile sont attendues au même moment.
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