Législatives anticipées : Anne-Laure Delatte et Jean Pisani-Ferry analysent les programmes économiques - France Inter

Les économistes Anne-Laure Delatte et Jean Pisani-Ferry partagent le constat de la nécessité de redresser les comptes publics de la France. "La priorité, c'est de conduire la transition climatique mais de le faire d'une manière qui réveille l'économie, qui crée des gains de productivité et qui commence à combler notre retard qui s'accroît vis à vis des Etats-Unis", indique l'ancien président de France Stratégie Jean Pisani-Ferry. Pour la chercheuse au CNRS Anne-Laure Delatte, un programme économique "sérieux" serait "un programme qui lève des recettes fiscales pour pouvoir réduire le déficit public et engager des dépenses d'avenir" mais "surtout pas de l'austérité".

Les échecs du gouvernement

Anne-Laure Delatte pointe la politique budgétaire "pas sérieuse" conduite par le gouvernement ces dernières années. "Il y a eu des baisses de recettes publiques, c'est à dire des baisses d'impôts, très conséquentes qui n'ont pas été compensées par des baisses de dépenses équivalentes, la moitié du déficit c'est ça", analyse la professeure associée à l'Université Paris Dauphine-PSL.

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Jean Pisani-Ferry constate, lui, que le "pari" pris par la majorité, "qu'en augmentant le taux d'emploi, on allait redresser les comptes", a "échoué".

Le programme annoncé par le camp présidentiel pour les législatives anticipées semble difficile à appliquer pour Anne-Laure Delatte, compte-tenu de l'engagement pris vis-à-vis de la Commission européenne de "couper 60 milliards de dépenses d'ici 2027". "Soit il respecte son engagement et ce que raconte le programme aujourd'hui ne sera pas appliqué, soit il applique son programme et ne respecte pas sa promesse vis a vis de la Commission européenne. Le gouvernement me semble assez coincé."

A gauche, un programme entre radicalité et social-démocratie

Le programme économique du Nouveau Front populaire est "un programme social-démocrate" pour Anne-Laure Delatte. "Pour cela, il faut des recettes", explique la chercheuse au CNRS. "On s'est penchés avec des collègues sur le programme et dans notre scénario moyen, on chiffre les recettes à 90 milliards d'euros. Avec 90 milliards dans les caisses chaque année, vous pouvez à la fois réduire le déficit et engager des dépenses publiques d'avenir. Pour moi, c'est ça la promesse du Nouveau Front populaire."

Jean Pisani-Ferry estime que ce programme a besoin d'être clarifié. "Il y a une lecture sociale-démocrate et une lecture beaucoup plus radicale qui serait du côté de la France Insoumise", constate l'ancien président de France Stratégie.

Le flou du RN

"Le RN croit que, par une espèce de miracle, le fait de produire français, de réserver les marchés à des entreprises françaises, va réduire le déficit extérieur", qui est aujourd'hui "abyssal", note Jean Pisani-Ferry.

Le programme économique du Rassemblement Nationale est "difficile à analyser", déclare Anne-Laure Delatte "car il y a eu du rétropédalage". "On nous a parlé d'une réforme des retraites qui n'aura pas lieu, d'une suppression de l'impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans qui n'aura pas lieu. Ce que je retiens, c'est une baisse de la TVA sur les produits énergétiques. Or, ça coûte très cher et il n'y a pas de recettes en face, ça veut dire que vous creusez encore le déficit public", avertit la chercheuse.

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