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Fnac et Darty passent à l'heure allemande

François-Henri Pinault a cédé ses parts dans le groupe Fnac-Darty à Ceconomy. L'Allemand devient le nouvel actionnaire de référence des deux enseignes mythiques.

L'«agitateur culturel» tourne une nouvelle page. La Fnac, icône de la culture à la française depuis plus de soixante ans, va devenir en partie allemande. La famille Pinault, son actionnaire principal, a annoncé mercredi la vente de ses parts à Ceconomy, le champion allemand de l'électronique grand public (groupe Metro). La famille Pinault possédait jusqu'ici 24,33 % du capital de Fnac-Darty par l'intermédiaire de sa holding Artemis, ce qui en faisait le premier actionnaire, loin devant Vivendi (11 %), le reste étant éparpillé en Bourse.

Si l'annonce a surpris les salariés de Fnac-Darty, la vente des deux enseignes s'inscrit dans la stratégie de recentrage du groupe Kering, propriété de Pinault, sur le luxe et le « life style ». Dans le même esprit, Pinault s'était déjà délesté de Surcouf, de la Redoute, du Printemps et de Conforama.

Pour s'offrir les 24,33 % de Pinault, Ceconomy a mis 452 millions d'euros sur la table. La transaction — qui devrait être finalisée fin août — a fait hier bondir l'action Fnac-Darty de 5 %. Il est vrai que, grâce à l'entrée au capital de l'allemand, « Fnac-Darty disposera de moyens renforcés pour accélérer la mise en oeuvre de sa stratégie de croissance », a fait valoir hier François-Henri Pinault en guise de message d'adieu.

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Fragilisée par la baisse des achats de livres, de disques et la concurrence d'Amazon, la Fnac avait su rebondir. L'introduction en Bourse en 2013 (à l'initiative d'Alexandre Bompard, parti il y a quelques semaines chez Carrefour ) lui a permis de mettre la main sur Darty au nez et à la barbe de Conforama. Le nouveau géant des produits culturels, électroniques et électroménagers, né de la fusion de la Fnac et de Darty, n'est pas dans une santé florissante. Au premier semestre 2017, il a accusé une perte nette de 103 M€. Mais les ventes et les marges progressent, et les synergies commencent à porter leurs fruits. Aucun magasin n'a été fermé. Au contraire. Le groupe installe des « corners » Darty dans les Fnac et vice-versa. Ces magasins mixtes devraient passer de six à ce jour à une vingtaine fin 2017.

«Ce mouvement d'actionnaires n'entraînera pas de changement»

L'arrivée d'un nouvel actionnaire de référence remettra-t-elle en cause les orientations de Fnac-Darty ? La direction, qui a convoqué mercredi matin un comité d'entreprise, se veut rassurante. « Ceconomy sera un actionnaire minoritaire, fait-elle valoir dans un courrier interne aux collaborateurs. Ce mouvement d'actionnaires n'entraînera pas de changement : le développement des deux enseignes, Fnac et Darty, sera poursuivi [...] autour de la même stratégie et selon le même calendrier. Ce sera le cas en France, où Ceconomy n'est pas présent, comme dans les autres pays du groupe où Ceconomy est présent. »

Les salariés ne semblent pas inquiets. « Il s'agit d'une participation minoritaire, et nous préférons que ce soit par un groupe industriel dont l'activité est proche de la nôtre plutôt que par un fonds de pension », analyse Benoît Duval, l'un des délégués syndicaux CFTC, le syndicat majoritaire chez Fnac-Darty. « Pour Metro, Fnac-Darty était la meilleure façon d'entrer sur le marché français, analyse l'expert Guy-Noël Chatelin, du cabinet OC&C. Ils avaient raté leur entrée en France il y a quelques années avec Saturn, et Fnac était plus accessible que Boulanger. »

Dans les magasins, la surprise est totale

Surprise, mercredi, dans les magasins Fnac et Darty. Les vendeurs des magasins de La Défense (Hauts-de-Seine) que nous avons interrogés sont tombés des nues en apprenant la vente de 24 % du groupe à l'allemand Ceconomy. « Ce n'était pas prévu et, en tout cas, pas annoncé en interne ! » confie un vendeur de Darty. Et d'ajouter : « Avec la fusion avec la Fnac en 2016, ça fait beaucoup de changements. Mais j'espère que ça ne modifiera pas la stratégie du groupe. »

Un de ses collègues est plus critique : « C'est dommage qu'un fleuron français soit en partie racheté par un groupe étranger. » D'autant que rien n'interdira à l'avenir à Ceconomy d'accroître sa participation. « Cela ne changera pas grand-chose dans l'immédiat, mais ceux qui travaillent à Darty ou à la Fnac depuis longtemps et sont imprégnés de la culture maison sont peut-être plus inquiets que moi », poursuit le vendeur embauché il y a quelques mois seulement.


 

Dans le magasin Fnac situé de l'autre côté du parvis de La Défense, un vendeur assure qu'il n'est « pas trop inquiet à court terme », mais s'interroge sur la suite : « J'espère qu'on va garder notre rôle de conseiller. » Depuis sa fondation en 1954, l'enseigne de produits culturels a forgé sa réputation et basé son marketing sur le conseil des clients par des vendeurs passionnés de musique et de littérature. En attendant d'en savoir davantage, les vendeurs de la Fnac espèrent que l'arrivée au capital d'un groupe allemand ne tuera pas l'âme de l'enseigne. « Je vais me renseigner pour savoir si des choses vont changer », affirme l'un d'eux qui avoue ne pas être très rassuré.

Par Nicolas Berrod

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