
Considérée comme le premier succès de l'Union bancaire européenne, la restructuration de Banco Popular laisse un goût amer à un certain nombre d'investisseurs. Contraints d'essuyer des pertes lors de l'opération express menée début juin par les autorités européennes, plusieurs d'entre eux ont décidé de saisir la justice. Parmi eux, un groupe de hedge funds, qui accusent directement Bruxelles devant la Cour de justice européenne.
Ce petit groupe d'investisseurs demande l'annulation de la procédure de mise en faillite de la banque espagnole, qui a été revendue pour 1 euro symbolique au géant Santander. Les fonds spéculatifs en question assurent avoir perdu des centaines de millions d'euros. Si les intérêts des déposants et des contribuables ont été préservés, les actionnaires et certains créanciers de l'établissement ibérique ont en effet supporté le coût de cette faillite. Et ce, en application des règles mises en place dans le contexte de la crise de la zone euro.
Des fuites « illégales »
Les hedge funds n'hésitent pas à accuser des représentants de la Commission européenne d'avoir précipité la chute de Banco Popular. En cause notamment, les propos tenus par l'allemande Elke König, qui préside le Conseil de résolution unique et qui, lors d'un entretien avec Bloomberg le 23 mai, a expliqué que la banque espagnole était « sous surveillance ». Plus étonnant, les investisseurs pointent aussi la responsabilité d'une source anonyme officielle qui, le 31 mai, a parlé à Reuters de l'envoi d'un premier avertissement à l'établissement ibérique !
Ces fuites émanant de Bruxelles sont considérées par les plaignants comme « illégales » et violant le secret professionnel. Les investisseurs insistent sur le fait que les déclarations d'Elke König ont été suivies d'une chute de 50 % du cours de Banco Popular, qui a poussé les déposants à retirer leur argent de la banque et a donc condamné l'établissement.
Autre grief des hedge funds, ils estiment que la Commission ne disposait pas d'une information suffisamment étayée, surtout pour prendre une décision sur le sort de Banco Popular en seulement « 77 minutes », comme ils le disent. Le rapport remis par le cabinet Deloitte pour évaluer l'établissement a été « bâclé », selon eux. Plus généralement, ils reprochent aux autorités européennes de ne pas avoir été transparentes.
Le dossier Banco Popular risque de donner lieu à une vague de poursuites. D'autres détenteurs de titres obligataires émis par la banque sont en train d'affûter leur stratégie. De gros investisseurs, comme le californien Pimco, qui était exposé à hauteur de 279 millions d'euros en mars, ont perdu de l'argent. Pimco se serait associé à d'autres pour lancer une action en justice. Par ailleurs, selon le « Financial Times », un groupe d'investisseurs mexicains a déjà déposé plainte devant la Cour de justice européenne.
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