Search

Mondial de l'auto : la voiture à l'hydrogène déjà dans le rétroviseur des électriques - Les Échos

Publié le 20 oct. 2022 à 10:25Mis à jour le 20 oct. 2022 à 13:42

Lumière tamisée, musique lounge, camaïeux de gris, le tout, sur un espace géant et épurée… malgré la cohue des premiers temps du Mondial de l'auto, difficile de rater le stand d'Hopium, qui se présente comme « le premier constructeur français de véhicules haut de gamme à hydrogène ».

Au centre de la scène, la principale intéressée :  la « Machina vision », première berline de la firme. Autour, un public intrigué et pour répondre aux questions, un certain Jean-Baptiste Djebbari, ancien ministre délégué aux Transports du précédent quinquennat Macron et désormais président du Conseil d'administration de la marque.

Berline sportive à hydrogène vert

« Cette berline à hydrogène vert possède 1.000 km d'autonomie, 500 chevaux et peut passer de 0 à 100 km/h en 5 secondes. Le tout, avec zéro dioxyde de carbone émis et un plein en 3 minutes, comme une voiture essence », détaille l'intéressé. Quid du prix du véhicule ? « 120.000 euros. C'est certes onéreux, mais c'est un premier pas. Vu que l'hydrogène vert a vocation à se développer dans différents secteurs, pas que l'auto, on est confiant sur la baisse des coûts de production au fil du temps. Avec d'autres modèles plus accessibles à l'avenir. »

L'entreprise créée en octobre 2019 par Olivier Lombard voit en effet son futur en grand . « On vise 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires d'ici 2030 et on espère produire jusqu'à 8.000 véhicules par an d'ici là. Ils sortiront de notre future usine installée Normandie. L'idée est de fabriquer un maximum en France et de profiter de l'axe de la Seine entre Le Havre et Paris pour livrer les véhicules », explique cet ancien pilote des 24H du Mans.

Hopium peut déjà compter sur un soutien financier de 95 millions d'euros, dont 70 proviennent de LDA Capital et d'Atlas Capital, deux fonds installés aux Etats-Unis, un des marchés visés, avec l'Europe et l'Asie. Pour l'heure, l'équipe de 160 collaborateurs d'Hopium travaille aux premières livraisons de la berline prévues en 2025, avec des préventes déjà ouvertes.

Un constructeur franco-marocain

Prendre sa place sur un marché d'avenir et a priori complémentaire des véhicules électriques à batterie. C'est aussi la stratégie adoptée par NamX, constructeur franco-marocain cofondé en 2017 par un ancien cadre commercial de Volkswagen Faouzi Annajah et le designer Thomas de Lussac. Sur leur stand, ils dévoilent « Le NamX HUV », un SUV à hydrogène vert, avec une autonomie affichée de 800 km. Pour y arriver, le constructeur a développé un système de recharge mobile baptisé « CapXtores, qui est couplé à un réservoir H2 classique.

L'idée : surmonter le problème du manque actuel de stations à hydrogène et permettre à l'utilisateur de rouler sans discontinuer le maximum de temps. Une question d'usage centrale pour la plupart des futurs clients. Chargées dans une sorte de distributeur, les capsules s'insèrent à la main à l'arrière du véhicule.

« Une station à hydrogène coûte entre 3 et 10 millions d'euros, cela va donc mettre du temps à se déployer. On a donc répondu à cette problématique avec ce système, 50 fois moins cher et plus simple à installer », précise Faouzi Annajah.

Les préventes du SUV de NamX sont ouvertes pour une livraison en 2025, pour un prix oscillant entre 65.000 et 95.000 euros, selon la version, 350 ou 550 chevaux. Côté financement, le fondateur table sur une levée de fonds de 700 millions d'euros avec une première annonce d'ici la fin de l'année. L'objectif en 2030 : atteindre pas moins de 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Les utilitaires, premier marché de l'hydrogène automobile

Si Hopium et NamX sont les têtes de ponts du salon des véhicules passagers à hydrogène, il convient de rappeler que les véhicules professionnels (camions, camionnettes, bus, etc) seront sans doute les vrais bénéficiaires de cette énergie décarbonée.

« Avec des espaces à réservoir plus grands et une utilisation plus intensive, en toile de fond la réduction des émissions des CO2, les utilitaires sont le marché numéro un de l'hydrogène automobile », déclare David Holderbach, Dg de Hyvia, co-entreprise de Renault et l'américain Plug power, née en juin 2021.

La filière automobile bénéficiera de l'hydrogène vert mais n'en sera pas le premier client

Stéphane Siebert directeur de la recherche technologique du CEA

Lui présente le « Renault Master Van H2-TECH », premier utilitaire de série combinant énergie électrique et hydrogène. Caractéristiques affichées : 400 km d'autonomie, 90 km/h de vitesse maximale, 6,4 kg d'hydrogène stockable, pour un prix de 100.000 euros. Annoncée pour 2023, la camionnette sera produite sur trois sites français.

« Le savoir-faire de Plug en matière de stations de recharges est une des clefs de nos utilitaires H2. Les entreprises de livraisons et de logistique que nous visons pourront faire le plein en 3 minutes dans leurs entrepôts de stockage. C'est un gain de temps considérable par rapport à la charge électrique », déclare le CEO de Hyvia, qui vise 30 % de part de marché en 2030.

Le problème des stations

Construire ses propres stations à hydrogène est la stratégie visée par Hype , qui s'est lancée à Paris en 2015, à l'occasion de la COP 21. L'entreprise opère sur tous les fronts : production d'hydrogène vert via des partenariats industriels, usage, en opérant 160 taxis H2 et distribution, avec 7 stations d'ici fin 2022 et 26 en 2024.

L'entreprise travaille avec Hydrogen Refueling Solutions, McPhy, Air Liquide, ses partenaires stratégiques pour produire et stocker le carburant vert. Les trois firmes sont d'ailleurs présentes sur le salon, aux côtés de Symbio ou Plastic Omnium , concepteurs, entre autres, de piles à hydrogène.

« On souhaite être le premier réseau à la bonne échelle de distribution d'hydrogène vert en France. L'idée est de permettre aux professionnels de la mobilité, comme les taxis, mais aussi les logisticiens du dernier kilomètre, les poids lourds, les services publics de passer au zéro émission sans attendre trop longtemps », affiche Matthieu Gardies, CEO et fondateur de Hype.

Incertitudes…

Il n'empêche. Avec en France seulement 61 stations-service fournissant le carburant prometteur, la filière automobile hydrogène a encore un long chemin à parcourir pour émerger réellement. Stéphane Siebert, directeur de la recherche technologique du Commissariat à l'énergie atomique, partage son analyse : « C'est avant tout la décarbonation de l'industrie le premier moteur de l'hydrogène vert. La filière automobile bénéficiera de cette transition mais n'en sera pas le premier client. Il est cependant incontestable que les véhicules H2 ont leurs atouts à faire valoir, notamment le peu de terres rares qu'ils demandent, gros problème de leurs concurrentes électriques ».

Le soutien financier de l'Etat à cette nouvelle filière industrielle est donc un bon indicateur de son potentiel. Dernier investissement en date à noter : 2,1 milliards pour soutenir l'implantation d'une dizaine de « giga factories », fabriquant électrolyseurs , réservoirs d'hydrogène, piles à combustible, trois technologies clefs de cette énergie décarbonée.

VIDEO. L'hydrogène, une révolution pour l'énergie ?

Adblock test (Why?)

https://news.google.com/__i/rss/rd/articles/CBMijwFodHRwczovL3d3dy5sZXNlY2hvcy5mci9pbmR1c3RyaWUtc2VydmljZXMvYXV0b21vYmlsZS9tb25kaWFsLWRlLWxhdXRvLWxhLXZvaXR1cmUtYS1saHlkcm9nZW5lLWRlamEtZGFucy1sZS1yZXRyb3Zpc2V1ci1kZXMtZWxlY3RyaXF1ZXMtMTg3MTI0M9IBAA?oc=5

Bagikan Berita Ini

0 Response to "Mondial de l'auto : la voiture à l'hydrogène déjà dans le rétroviseur des électriques - Les Échos"

Post a Comment

Powered by Blogger.