Selon l'UFC-Que choisir, le surcoût des produits bio est dû à 46 % aux marges des enseignes.
«Le bio à la portée de tous», «Passer au bio ne vous coûtera pas plus cher»... Ces slogans publicitaires de la grande distribution, vous les avez sans doute déjà vus ou entendus. L'association de consommateurs UFC-Que choisir s'est intéressée aux prix réels des produits bio et à leur disponibilité dans les rayons des supermarchés. Et les résultats sont sévères. «Il y a une double peine pour le consommateur : les prix sont très élevés en partie à cause de marges aberrantes et dissimulées de la grande distribution, et l'offre en magasin est parfois indigente», peste Alain Bazot, le président de l'association.
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L'étude a été réalisée sur les 24 fruits et légumes les plus consommés par les ménages. Sans surprise, le bio est plus cher. Un panier de ces 24 produits bio revient par ménage à 660 € par an, contre 368 € pour ceux issus de l'agriculture conventionnelle. Mais le surcoût ne vient pas forcément d'où on l'attend. «Les consommateurs pensent légitiment que le prix est plus élevé pour des raisons de production (interdiction des engrais, rendement plus faible, etc.), mais en réalité cela représente moins de la moitié du surcoût», indique Olivier Andrault, chargé de mission à l'UFC-Que choisir.
L'association pointe les marges «exorbitantes» de la grande distribution qui sont en moyenne deux fois plus élevées (+ 96 %) sur le bio que sur les produits classiques. Pour Alain Bazot, «il n'y a pas d'explication rationnelle à une telle sur-marge. Est-ce plus cher de transformer un cagot de produits bio ? Non».
La Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui dénonce une «étude partiale basée sur une méthodologie contestable», estime que ce que l'UFC-Que choisir appelle une «sur-marge» s'explique par le conditionnement particulier des produits bio. «Les abricots bio, par exemple, sont des fruits fragiles que l'on présente dans des barquettes. Donc ça coûte plus cher, mais pas autant que l'affirme l'étude», indique la FCD. Pour ce qui est de la disponibilité, l'association pointe l'absence de tomates ou de pommes bio (les deux fruits ou légumes les plus consommés) dans près d'un magasin sur deux (43 %) parmi les 1 541 supermarchés examinés.
Le marché du bio étant en pleine explosion (+ 20 % de chiffre d'affaires l'an dernier), l'UFC-Que choisir aimerait que l'Observatoire de la formation des prix et des marges s'empare du sujet. «On espère que les consommateurs seront moins crédules et que les enseignes seront plus cohérentes entre leurs slogans et la réalité», tance Alain Bazot, qui compte aussi mettre le sujet au menu des états généraux de l'alimentation, dont les ateliers ont été lancés mardi.
Le patron de Lidl France, invité surprise
En plein milieu de la séance de questions-réponses, un invité surprise a pris la parole lors de la conférence de presse téléphonique organisée mardi par l'UFC-Que choisir. Le patron du hard discounter Lidl France est soudain intervenu pour critiquer une étude «qui crée des amalgames», suscitant une réponse agacée du président de l'association, Alain Bazot... et les rires des journalistes qui ont assisté à cet échange. «Vous n'êtes pas journaliste, monsieur, et ceci est une conférence de presse lors de laquelle nous répondons à leurs questions sur notre étude en toute transparence», a répondu Alain Bazot. Le représentant de Lidl a finalement consenti à laisser les participants poser leurs questions, même s'il a tenu à préciser : «Je reste pour écouter...»
N.B.
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