
Le groupe de construction navale public italien Fincantieri prendra bel et bien la barre du chantier de Saint-Nazaire, vendu par le sud-coréen STX en faillite. Après deux mois d'un psychodrame suite à la « nationalisation temporaire » par l'Etat français des anciens Chantiers de l'Atlantique, la France et l'Italie sont finalement parvenues à un accord permettant à chacun de sauver la face.
C'est le président de la République en personne, Emmanuel Macron, qui l'a officialisé mardi soir à Lyon, à l'issue du sommet franco-italien réuni dans la capitale des Gaules. Grâce à un montage capitalistique particulièrement subtil, l'Etat français qui va récupérer les 66,66 % détenus par le groupe sud-coréen dans les prochaines semaines, cédera ensuite 50 % du capital de STX France, qui devra changer de nom, à Fincantieri pour, selon nos informations, environ 60 millions d'euros.
Prêt révocable
Côté français, l'Etat conservera ses 34,34 %, Naval Group (ex-DNCS) détiendra 10 %, voire jusqu'à 13,66 % si la part de 3,66 % dévolue aux sous-traitants locaux ne trouvait pas preneur. Enfin, les salariés détiendront 2 % des actions. Soit, au total, 50 %. Mais afin que Fincantieri puisse avoir le pilotage opérationnel du chantier de Saint-Nazaire, l'Etat français va prêter 1 % à Fincantieri. Un prêt révocable si, d'aventure, les Italiens ne respectaient pas leurs engagements, et ce sur une base assez large. Un comité de suivi sera chargé de l'évaluer au bout de deux ans, puis cinq, huit et douze ans. Au terme de cette période, non seulement Fincantieri ne dispose pas d'un « call », option d'achat, sur ce 1 %, mais encore il dispose d'un « put », option de vente, sur leur participation.
Au titre des engagements, l'ensemble de ceux pris dans le cadre de l'accord scellé en avril 2017, reste valable, fait valoir l'Elysée, avec notamment le maintien du carnet de commandes garantissant dix ans de travail, du tissu industriel, des emplois et de l'indépendance du bureau d'études à Saint-Nazaire, un traitement équitable avec les chantiers italiens, ou encore le développement de l'activité autour des énergies marines renouvelables.
L'Etat français disposera en outre d'un droit de veto sur les nominations de dirigeants, et jusqu'au choix du futur nom du chantier. Le conseil d'administration comportera huit membres, 4 nommés par Fincantieri, 2 par l'Etat français, 1 par Naval Group et 1 par les employés. Le PDG sera Laurent Castaing, l'actuel directeur général de STX France, qui aura une voix prépondérant au conseil d'administration.
Etude poussée dans le naval militaire
Parallèlement à cet accord qui donne naissance à un autre géant des chantiers navals européens, avec l'allemand Meyer, la France et l'Italie ont donné leur feu vert à une étude poussée du rapprochement de Naval Group, l'ex-DNCS, et Fincantieri dans la construction navale militaire. Un groupe de travail est mis en place qui devra rendre sa copie d'ici juin 2018 sur un éventuel projet d'union.
Une opération complexe, tant d'un point de vue financier sur la valorisation des deux groupes, Naval Group étant plus gros que Fincantieri, qu'industriel du fait de l'implication de Thales et Dassault, côté français, et de Leonardo, côté italien. Mais aussi, et surtout, parce qu'elle touche aux questions de défense, avec notamment les sous-marins nucléaires français, et aux intérêts souverains des Etats. Mais, insiste-t-on au sommet de l'Etat, les deux dossiers ne sont pas liés. En d'autres termes, l'échec de la constitution d'un « Airbus » de la construction navale civile et militaire ne remettrait pas en question l'équilibre capitalistique chez l'ex-STX France.
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