
Finies les approximations ! Le président de l'Arcep, Sébastien Soriano, en a marre de « recevoir des tomates dans la figure » lorsqu'il évoque le sujet sensible de la couverture mobile du territoire. « Quand nous disons que plus de 99 % de la population est couverte, cela ne correspond pas au ressenti. C'est vécu comme un mensonge. »
Alors le gendarme des télécoms, après l'avoir expérimenté depuis le printemps dernier sur la région Nouvelle-Aquitaine, a lancé lundi un site Internet, monreseaumobile.fr, pour comparer la qualité de la couverture mobile (voix et SMS) des quatre opérateurs : Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free.
Un podium personnalisé
Il ne s'agit pas d'un énième classement - un format où l'Arcep admet qu'Orange arrive souvent premier, suivi du duo SFR-Bouygues Telecom devant Free. « Mais il n'y a pas un opérateur en France qui couvre partout mieux que les autres, explique Sébastien Soriano. Les Français veulent leur podium, là où ils travaillent, où ils vivent, à la salle de gym, dans le RER... »
Avec ce nouvel outil comparatif, le particulier peut localiser les antennes et savoir, à 50 mètres près, si tel ou tel opérateur fournit une très bonne couverture, une bonne couverture, une couverture limitée ou pas de couverture du tout. Cette carte est donc bien plus précise que les outils binaires existants, qui ne rendent pas compte des situations, nombreuses, où l'utilisateur capte « un peu ».
Pour l'instant, seuls les services voix et SMS dans l'Hexagone sont concernés. Mais le régulateur assure que l'outre-mer sera ajouté en juillet prochain et l'Internet mobile 3G-4G dans le courant de l'année 2018.
L'Arcep reconnaît que l'outil restera imparfait. Ne serait-ce que parce que les données sont issues des modèles mathématiques des opérateurs, qui diffèrent d'une entreprise à l'autre. Le régulateur, lui, a contrôlé la moitié des mesures dans le cadre du test en Nouvelle-Aquitaine et vérifie sur environ 20 % du territoire chaque année l'adéquation des couvertures théoriques avec la réalité. Suffisamment pour assurer que sa carte donne « de très bonnes indications », à défaut d'être parfaite. Pour compléter le dispositif, l'Arcep doit lancer, mi-octobre, un outil de signalement pour que le public fasse remonter les problèmes rencontrés.
Etrangement, le gendarme des télécoms a renoncé à s'appuyer sur des données qui remonteraient directement des utilisateurs, comme au Royaume-Uni, où l'Ofcom - l'alter ego de l'Arcep - a sa propre application qui calcule des cartes de couverture en temps réel à partir des mesures effectuées par le grand public. En France, plusieurs outils similaires existent déjà, comme 4GMark ou Sensorly. Qosi, l'éditeur de 4GMark, est d'ailleurs le prestataire qui a effectué pour l'Arcep les mesures de vérification des données fournies par les quatre opérateurs.
Faire émerger plusieurs baromètres
« Nous voulons accompagner un écosystème de "regtech" sans nous substituer à eux », plaide Sébastien Soriano, qui appelle les acteurs privés à utiliser ses mesures. Pour Fabien Renaudineau, le patron de Qosi, « l'Arcep veut faire émerger plusieurs baromètres, ce qui ne peut qu'avoir un effet bénéfique sur la concurrence ». Car l'ambition du régulateur, plus encore que de pousser les consommateurs à choisir leur opérateur en fonction de la qualité du signal qu'il leur propose, est bien - comme toujours - de pousser Orange, Free, Bouygues et SFR à investir dans leurs réseaux en mettant leurs défauts actuels en pleine lumière.
« En termes de calendrier, on n'est pas trop mal, sourit d'ailleurs Sébastien Soriano. Puisque le gouvernement veut justement relancer la couverture du territoire. »
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