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POINT HEBDO-L'inflation perturbe la rentrée des banques centrales

    * La faiblesse de l'inflation complique la tâche de la Fed 
et de la BCE 
    * La vigueur de l'euro préoccupe Mario Draghi 
    * Deux statistiques sur l'inflation attendues dans les 
prochains jours aux Etats-Unis 
    * La Corée du Nord et les ouragans pèsent sur les marchés 
 
    par Patrick Vignal 
    PARIS, 8 septembre (Reuters) - C'est la rentrée pour les 
grandes banques centrales avec l'inflation dans le rôle du 
mauvais élève qui refuse obstinément de décoller, perturbant les 
volontés de resserrement monétaire sur les deux rives de 
l'Atlantique. 
    Avec le retour de la croissance dans la zone euro comme aux 
Etats-Unis, la plupart des conditions sont pourtant réunies pour 
que la Réserve fédérale américaine (Fed) poursuive le 
durcissement de sa politique et que la Banque centrale 
européenne (BCE) enclenche une sortie de son programme 
d'assouplissement quantitatif (QE). 
    La plupart, mais pas l'inflation, qui se maintient sous le 
seuil fatidique de 2% et pose un casse-tête aux responsables de 
la Fed comme de la BCE, qui ont fait de la stabilité des prix 
l'une de leurs missions prioritaires. 
    Le président de la BCE, Mario Draghi, a un problème 
particulier : la vigueur de l'euro, qui pèse sur les pressions 
inflationnistes et menace en outre de freiner la croissance de 
la zone euro.  
    Il avait omis de mentionner cet aspect le mois dernier lors 
du symposium économique de Jackson Hole, ce qui avait conduit 
l'euro à s'apprécier de plus belle face au billet vert. 
    Il en a parlé cette fois-ci, après l'annonce jeudi par 
l'institution de Francfort du maintien de sa politique 
accommodante, même si elle garde le cap sur un ralentissement de 
ses rachats d'actifs dont les modalités pourraient être 
présentées en octobre.     
     
    L'EURO GRIMPE ENCORE 
    La BCE a abaissé ses perspectives d'inflation pour les deux 
prochaines années pour tenir compte de l'appréciation de l'euro, 
qui sera prise en compte par la banque centrale pour déterminer 
sa politique, a dit Mario Draghi lors de la traditionnelle 
conférence de presse qui suit l'annonce des décisions 
monétaires. 
    Tandis qu'il parlait, la devise européenne repassait la 
barre de 1,20 dollar pour porter sa hausse par rapport au billet 
vert depuis le début de l'année à plus de 14%.  EUR=  
    "Si l'intention de Mario Draghi était de poser un couvercle 
sur l'euro, c'est un échec de dimension abyssale", résume 
l'analyste Michael Hewson (CMC Markets). 
    L'euro monte notamment parce que le dollar baisse, en raison 
principalement des doutes sur la capacité de Donald Trump à 
faire passer les réformes d'allègement de la fiscalité, de 
relance budgétaire et de dérégulation financière qu'il avait 
promises aux marchés pendant sa campagne. 
    L'indice dollar, qui mesure le billet vert face à un panier 
de devises de référence dont l'euro, est ainsi en recul de près 
de 11% depuis le début de l'année. 
     
     
    Si le dollar et l'euro suivent des trajectoires 
diamétralement opposées, l'inflation préoccupe tout autant les 
responsables de la Fed que ceux de la BCE. 
    Le dernier "Livre beige" que vient de publier la banque 
centrale américaine reconnaît ainsi que les signes d'une 
accélération de l'inflation sont restés faibles aux Etats-Unis. 
  
    Malgré un taux de chômage très bas et une croissance 
continue de l'activité, l'indice des prix à la consommation dit 
"PCE core" - l'indicateur privilégié par la Fed pour mesurer 
l'inflation - a reculé à 1,4% sur un an en juillet, son plus 
faible niveau depuis plus d'un an et demi, notamment parce que 
la courbe des salaires refuse de suivre celle de l'emploi. 
    
    SORTIR DU QE, TANT BIEN QUE MAL 
    Face à cette situation, plusieurs responsables de la Fed ont 
prôné la prudence dans la poursuite du resserrement. 
  
    La Fed a relevé ses taux directeurs par deux fois cette 
année. Une troisième hausse était en attendue à la fin de 
l'année mais le marché se montre désormais sceptique, estimant à 
un peu plus de 30% seulement la probabilité d'un nouveau 
relèvement en décembre, selon le baromètre FedWatch de CME 
Group.     
    Les grandes banques centrales, dont le mandat s'est 
considérablement élargi depuis la crise financière, n'ont 
pourtant d'autre choix que de poursuivre tant bien que mal dans 
la voie de la normalisation, ne serait-ce que pour se préparer à 
la prochaine crise, qui finira bien par survenir, font valoir de 
nombreux analystes. 
    "La politique de sortie est un art délicat", souligne 
Nicolas Forest, responsable de la gestion obligataire chez 
Candriam. "Elle a commencé par la Fed et devrait se poursuivre 
par la BCE. Il serait naïf de croire qu'elle est purement liée 
au taux d'inflation." 
    Pour les stratèges de Lazard Frères Gestion, les banques 
centrales doivent arbitrer entre leur objectif d'inflation et le 
risque qu'une politique toujours accommodante ne cause des excès 
dans le secteur financier. 
    "La Fed américaine va très probablement annoncer dans les 
prochaines semaines qu'elle va commencer à réduire la taille de 
son portefeuille de titres lié à son QE et poursuivre par la 
suite les remontées de taux", écrivent-ils dans une note. "De 
son côté, la BCE va probablement commencer à réduire ses achats 
au début 2018 mais elle sera très prudente." 
    En attendant la prochaine réunion monétaire de la Réserve 
fédérale, les 19 et 20 septembre, les marchés seront 
particulièrement attentifs à deux indicateurs de l'inflation aux 
Etats-Unis : l'indice des prix à la production (PPI), mercredi, 
et celui des prix à la consommation (CPI), le lendemain. 
      
     
    UN ESSAI NUCLÉAIRE, DEUX OURAGANS 
    Toujours sur le front des banques centrales, la Banque 
nationale suisse (mercredi) et la Banque d'Angleterre (BoE) 
(jeudi) tiendront parallèlement des réunions monétaires. La BoE, 
qui a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2017 et 
2018 en raison des effets du Brexit sur le pouvoir d'achat des 
ménages, ne devrait pas toucher à son taux directeur avant 2018, 
pense-t-on sur les marchés.   
    Si le marché des changes a réagi vivement aux annonces de la 
BCE, les Bourses ont accueilli l'événement avec une relative 
sérénité. 
    Il est vrai qu'elles en avaient vu d'autres, avec un nouvel 
essai nucléaire de la Corée du Nord, plus puissant que les 
précédents, et les ouragans qui avancent les uns derrière les 
autres dans l'Atlantique. De quoi réduire l'appétit des 
investisseurs pour les actifs risqués et entraîner un regain de 
volatilité sur les marchés actions. 
    Après avoir semé le chaos dans les Antilles, Irma menace les 
côtes de la Floride, quelques jours après la tempête tropicale 
Harvey qui a fait 60 morts au Texas et en Louisiane, laissant 
des dégâts estimés à 180 milliards de dollars qui pourraient 
amputer la croissance des Etats-Unis sur le trimestre en cours, 
voire également sur le suivant. 
    "Si Irma fait autant de dégâts, on aurait donc une facture 
Harvey + Irma comparable à celle de Katrina. L'impact sur la 
croissance pourrait être bien plus large que le 0,2-0,3 (point 
de pourcentage) initialement estimé après le passage de Harvey", 
écrivent dans une note les stratèges de la Banque postale Asset 
Management. 
 
    <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ 
INDICE DOLLAR    http://reut.rs/2jaCjrI 
L'inflation aux Etats-Unis    http://reut.rs/2vIm5vW 
    ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> 
 (édité par Blandine Hénault) 
 

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