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Alstom-Siemens: Le Maire nie toute négligence

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a nié mercredi 4 octobre toute négligence dans la prise de contrôle d'Alstom par l'allemand Siemens, face aux menaces de poursuites pénales, à un moment où des députés communistes demandent une commission d'enquête. "Il n'y a pas d'utilisation frauduleuse de fonds publics et il n'y a aucune négligence (...) justement parce que je n'utilise pas des fonds publics pour faire de la spéculation sur le dos du contribuable", a affirmé le ministre lors d'une audition à l'Assemblée nationale.

M. Le Maire a ainsi répondu aux menaces de poursuites pénales brandies par son prédécesseur Arnaud Montebourg, ainsi que l'intersyndicale des salariés du site de GE Hydro/Alstom à Grenoble, si l'Etat n'exerçait pas d'ici le 17 octobre son option d'achat d'actions du groupe ferroviaire Alstom. L'Etat français est actuellement actionnaire d'Alstom via des actions (représentant 20% du capital) prêtées par le groupe diversifié Bouygues, mais il a prévu de mettre fin à ce prêt.

M. Montebourg a brandi lundi à Grenoble le risque de poursuites pénales contre M. Le Maire pour "détournement de fonds publics par négligence", rappelant le précédent de Christine Lagarde, condamnée par la Cour de justice de la République, tout en étant dispensée de peine. Face aux députés de la commission des Finances, le ministre a réagi vivement aux allusions à l'affaire de l'arbitrage controversé qui a permis à Bernard Tapie de toucher 404 millions d'euros pour régler son litige avec le Crédit lyonnais, à l'origine de la condamnation de l'actuelle directrice du FMI. "Que chacun veille bien à ne pas franchir certaines lignes rouges dans le cadre de ce débat", a-t-il prévenu, citant nommément le député Gilles Carrez (LR).

"Recomposition européenne"

Lors de cette audition, le ministre a révélé que l'Etat a choisi de ne pas entrer au capital d'Alstom, car Siemens aurait alors préféré une autre option que l'alliance avec Alstom. "L'opération entre Siemens et Alstom n'aurait pas eu lieu si l'Etat avait exercé ses options d'achat sur les titres d'Alstom", a-t-il affirmé. "L'opération n'était tout simplement pas possible et, dans ce cas, Siemens se serait tourné vers l'autre option qu'il avait sur la table, qui était le rachat de Bombardier (groupe canadien, ndlr) qui, je le rappelle, a des sites représentant 2.000 emplois en France", a-t-il poursuivi.

Face aux critiques, M. Le Maire a dénoncé "la suspicion que certains font peser sur Siemens". "J'ai un peu de mal à comprendre, sauf par xénophobie ou germanophobie à peine dissimulée, les critiques de certains, d'ailleurs sur beaucoup de bancs, de toute la classe politique, vis-à-vis de Siemens", a-t-il regretté.

Déjà en 2015, le patron de Siemens, Joe Kaeser, avait évoqué un "ressentiment vis-à-vis de l'Allemagne" pour expliquer le choix de l'américain GE pour la vente par Alstom de sa branche énergie au lieu du groupe allemand. L'ancien PDG d'Alstom Patrick Kron l'avait alors menacé de poursuites.

Lors de l'audition parlementaire, M. Le Maire s'est dit convaincu que l'opération Siemens-Alstom allait donner lieu à "une recomposition européenne". "Je suis convaincu que cette consolidation intégrera le moment venu, et Bombardier et le constructeur espagnol (CAF)", a-t-il assuré.

"Engagements importants"

Pour le ministre, Siemens a pris des "engagements importants". "La composition du conseil d'administration reflètera le caractère franco-allemand de l'entreprise", a-t-il assuré, citant notamment le droit de veto dont disposeront trois administrateurs indépendants français du nouvel ensemble.

"Aucun départ contraint ni aucune fermeture de site ne pourra avoir lieu dans les deux pays (France et Allemagne, ndlr) jusqu'en 2023 au moins", a-t-il affirmé. Malgré ces assurances, les députés communistes ont enclenché le processus pour obtenir une commission d'enquête parlementaire sur les conditions de la fusion entre Siemens et Alstom, qui "suscite beaucoup d'inquiétudes".

L'opération pose "de nombreuses questions", estiment les députés PCF, car c'est "un fleuron de l'industrie nationale et le coeur de la filière ferroviaire française qui est touchée, pire, +qui passe sous pavillon étranger+". A Grenoble, des salariés de GE Hydro/Alstom bloquaient mercredi l'entrée de l'entreprise pour dénoncer le silence autour du plan social concernant 345 des 800 postes de ce site de production de turbines hydroélectriques, a constaté une journaliste de l'AFP.

(Avec AFP)

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