Après " Drive the Change ", "Drive the future" pour la période 2017-2022. Renault aime les slogans anglo-saxons ! Ce vendredi 6 octobre à 8 heures 30, Carlos Ghosn a annoncé à Paris La Défense "21 nouveaux véhicules " d'ici à 2022. Dont trois "SUV" supplémentaires qui n'existent pas aujourd'hui. Le PDG de la firme au losange a promis "une hausse des ventes de plus de 40% à plus de 5 millions de véhicules" (3,47 millions en 2016). Pour une croissance "rentable, durable et mondiale". Hors d'Europe, les ventes vont carrément " doubler" et les " bénéfices tripler ". Le constructeur français vise à cet horizon plus de 70 milliards d'euros de chiffre d'affaires (contre à peine 51,2 milliards en 2016), une marge opérationnelle de plus de 7% (6,4% l'année dernière) avec un plancher à 5% et un flux de trésorerie positif chaque année " pour assurer notre capacité à investir ". Le PDG s'engage à investir " 18 milliards d'euros " en recherche-développement sur six ans.
"Le constructeur français régional de 2005, dépendant d'un seul modèle la Megane et d'un pays la France, est maintenant une entreprise mondiale, profitable, résiliente, multipolaire, et elle le sera encore davantage d'ici la fin du plan", a ajouté Carlos Ghosn. Au menu de ce super-plan, le troisième depuis l'arrivée de Carlos Ghosn à la tête de Renault en 2005, cinq axes majeurs se dégagent : synergies et réductions de coûts, internationalisation, électrification, véhicules à bas coûts, utilitaires, les cinq étant intimement liés.
1-Synergies au sein de l'Alliance
Objectif : " doubler les synergies de l'Alliance à 10 milliards d'euros " au terme de ce plan. En juillet dernier, Renault et Nissan annonçaient des gains de 5 milliards d'euros au titre de 2016, contre 4,3 milliards en 2015. D'ici à 2022, l'Alliance prévoit que " 80% de ses véhicules " seront construits sur les plates-formes modulables Renault-Nissan, contre 20% l'an passé. Renault va inaugurer la petite plate-forme " CMF-B " pour petits véhicules avec la Clio V, a précisé ce vendredi Thierry Bolloré, directeur général de la compétitivité. Cette " CMF-B " devrait être en outre reprise à terme, dans une version simplifiée, par les futures Dacia à bas coûts, selon nos informations. Thierry Bolloré indique par ailleurs que l'efficacité des usines Renault devrait " progresser de 60% " avec un taux d'utilisation des sites passant de " 95% à 120% " (en deux équipes, indice Harbour).
2-Cap sur l'international
Deuxième thème : l'international qui représentera à terme 60% des ventes de Renault (48% en 2016). Et ce, alors qu'en Europe les ventes devraient rester stable autour de 1,8 million d'unités vendues. Si, aujourd'hui, l'Europe génère 75% des profits de Renault, Carlos Ghosn estime que l'international devrait en représenter 50% en 2022 !
En Chine, où il a démarré sa production de voitures particulières à Wuhan avec Dongfeng début 2016 (Kadjar et Koleos), Renault vise plus de 550.000 ventes en 2022, (un peu plus de 30.000 en 2016). Il compte y lancer sept nouveaux véhicules d'ici à 2022, dont 3 utilitaires. En juillet dernier, Renault et Brilliance China Automotive Holdings Limited (CBA) ont en effet signé un accord cadre pour une fabrication conjointe de véhicules utilitaires en Chine.
Enfin, toujours en Chine, Renault a signé un troisième accord fin août avec Nissan et Dongfeng, pour fabriquer 120.000 véhicules électriques par an. Démarrage prévu en 2019. Renault est déjà en train de développer un véhicule électrique à très bas coûts sur la base de la petite Kwid lancée en Inde il y a deux ans. La version électrique serait vendue autour de 8 à 10.000 euros. Ce modèle, prioritairement conçu pour la Chine, sera aussi produit ailleurs dans un deuxième temps.
Autre pays cible : la Russie, où Renault a pris en septembre la majorité des parts d'Avtovaz (Lada), le premier constructeur russe, cette année. Les ventes d'Avtovaz sont désormais consolidées dans celles de Renault. Denis Le Vot, directeur Eurasie de Renault, annonce un doublement des ventes de Lada à plus d'un demi-million d'ici au terme du plan. En parallèle, Renault, qui produit à Moscou mais aussi chez Avtovaz à Togliatti, va aussi doubler ses propres ventes à 250.000 ou plus. Renault et Lada ensemble pourraient dépasser les 750.000 unités en Russie.
En Iran, Renault a annoncé, le 7 aout 2017, la création d'une nouvelle société conjointe dont il sera l'actionnaire majoritaire, avec un centre d'ingénierie et d'achats qui favorisera le développement des fournisseurs locaux, ainsi qu'une usine de 150.000 exemplaires par an, qui s'ajoutera aux capacités existantes du groupe dans le pays de 200.000 véhicules. En plus de l'usine de véhicules, il est prévu dans le pays un site de moteurs d'une capacité de 150.000 par an. 4 nouveaux lancements sont prévus dans les six ans. Les ventes devraient y passer de 109.000 à plus de 250.000 en six ans.
Enfin, Renault poursuivra l'offensive en Inde où il vient d'introduire le Captur, version " chic " du Duster à bas coûts, produite sur la base de ce dernier - et donc différente du Captur européen sur la plate-forme d'une Clio IV. Renault y lancera 4 véhicules inédits, dont un monospace compact inédit de moins de 4 mètres de long, un type de véhicule très prisé sur place. La Kwid à très bas coûts sera déclinée, quant à elle, dans d'autres versions. Les ventes devraient grimper en Inde de 132.000 à plus de 250.000 en six ans. Au Brésil, Renault vient de lancer la petite Kwid, industrialisée désormais aussi à Curitiba. En Argentine, il produira l'an prochain l'utilitaire et " ludospace " Dacia Dokker… sous le nom de Renault Kangoo. Les ventes en Amérique latine sont prévues, selon le plan ; pour presque doubler à plus de 600.000 en 2022.
3-Priorité à l'électrique
Dans le domaine électrique, le triple patron de l'Alliance avait déjà annoncé, le 15 septembre 2017, " douze nouveaux modèles zéro émission dans les six ans sur des plates-formes communes " pour l'ensemble de l'Alliance. Avec cette nouvelle salve de véhicules, le dirigeant espère " rester le numéro un mondial de l'électrique ". Pour Renault seul, qui détient 25% du petit créneau de l'électrique en Europe aujourd'hui, " 8 modèles électriques, 12 modèles électrifiés " seront proposés, affirme Carlos Ghosn. Les électriques représenteront " 20% des ventes " du constructeur français à la fin du plan. Les véhicules électriques seront aussi vendus au Brésil ou en Inde. Grâce à une architecture comme avec Nissan, Gilles Normand, directeur électrique chez Renault vise une " baisse des coûts de recherche-développement de 40% et des coûts de batteries de 30% ". Les modèles auront des autonomies jusqu'à plus de 600 kilomètres (selon le cycle d'homologation).
Par ailleurs, l'Alliance va multiplier les modèles hybrides rechargeables, en " tirant parti " la technologie de MMC. Renault développera des modèles sur cette base Mitsubishi. La future Clio sera vendue dans une version hybride. Au total, " 50% des modèles vendus par l'Alliance seront en 2022 électrifiés ", c'est-à-dire électriques ou hybrides, affirme Carlos Ghosn. En revanche, l'offre de diesels sera " réduite de 50% et une seule famille de moteurs sera produite, au lieu de trois aujourd'hui ", souligne Thierry Bolloré. En outre, en 2022 " 100% de nos véhicules seront connectés ", assure Thierry Bolloré. Et " 15 véhicules " seront - partiellement - des véhicules autonomes en Europe, au Japon, en Corée et en Chine. Une plate-forme de robots taxis " sera lancée en 2022 ".
4-Les véhicules à bas coûts au top
Enfin, Carlos Ghosn veut " étendre " la gamme des véhicules à bas coûts d'entrée de gamme, qui sous-tend la stratégie d'internationalisation de la firme. Un nouveau " SUV " compact complémentaire sera lancé. Lancée en 2004, la Dacia Logan a donné naissance à une famille de véhicules (Logan II, Sandero I et II, " SUV " Duster I et II, monospace Lodgy, utilitaire Dokker) sur la même plate-forme. " Nous devrions être à 1,5 million de voitures cette année, contre 1,35 million l'an dernier ", affirmait à Challenges Marc Suss, directeur de la gamme à bas coûts de Renault, au salon de Francfort, le 12 septembre. La moitié de ces ventes se fait sous le label roumain Dacia et l'autre sous la marque au losange elle-même. Dacia ne vend effectivement qu'en Europe et Afrique du nord. " Nous dépasserons deux millions par an à la fin du plan ", indique Carlos Ghosn. Soit 80% d'augmentation. La gamme " Entry " sera aussi vendue en Chine.
5-Les utilitaires communs
Carlos Ghosn veut " être un des grands acteurs dans le monde " de l'utilitaire. Il table sur " 600.000 utilitaires " en 2022 pour Renault, soit une progression de 40%. Les utilitaires sont l'activité la plus intégrée de l'Alliance, puisqu'elle est chapeautée par un seul dirigeant pour les deux groupes. Un des marchés essentiels sera la Chine (voir plus haut). L'Alliance Renault-Nissan-MMC devrait friser les 2,5 millions de véhicules à terme.
En tant que PDG de Renault mais aussi président de Nissan et Mitsubishi Motors (MMC), Carlos Ghosn avait créé la surprise le 15 septembre 2017 en affirmant qu'il visait au total pour l'Alliance " plus de 14 millions d'unités " d'ici à 2022, soit une hausse de quelque 40%. L'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a vendu un peu moins de 5,27 millions de véhicules au premier semestre 2017. Elle est devenue le deuxième constructeur du monde, juste derrière Volkswagen. Le chiffre d'affaires consolidé de l'Alliance devrait atteindre 200 milliards d'euros à la fin du plan, en hausse d'un tiers. Nissan et MMC doivent annoncer leur propre plan stratégique à la mi-octobre.
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