Le groupe avait également refusé bec et ongles de céder le site à des salariés pour un prix raisonnable.
C'est toujours ça que la concurrence n'aura pas. L'ancien propriétaire finlandais d'une papeterie vosgienne, fermée en 2014 après cinq siècles d'activité, a endommagé les machines avant de céder le site pour éviter qu'elles ne profitent à un concurrent, a-t-on appris dimanche 22 octobre de sources concordantes.
Dans le catalogue de la vente, prévue mardi à Epinal, certains équipements de l'ancienne usine UPM de Docelles - qui fut longtemps la plus vieille usine en activité en France - portent la mention "cylindres percés": les acheteurs éventuels sont ainsi dûment avertis que les appareils concernés vaudront surtout pour leur poids en métal.
"MANQUE DE RESPECT"
Endommager ainsi les machines, "c'est un manque de respect pour tous ceux qui ont travaillé là", se désole Gildas Bannerot, ancien délégué CFDT, qui a travaillé 37 ans à Docelles. Les anciens propriétaires "auraient mieux fait de tout vendre directement à des ferrailleurs, plutôt que de les casser comme ça", ajoute l'ancien ouvrier de maintenance, qui reconnaît toutefois que "sur le fond, ça n'aurait pas changé grand chose".
Après la fermeture de l'usine, qui avait laissé 162 personnes sur le carreau en janvier 2014, certains anciens salariés s'étaient battus en justice, mais en vain, pour reprendre l'usine: le propriétaire du site, le groupe finlandais UPM, avait refusé de le leur céder à un prix raisonnable. "Ils ont tout fait pour qu'il n'y ait pas de reprise d'activité", commente M. Bannerot.
UNE DÉCISION DICTÉE PAR LE "CONTEXTE ÉCONOMIQUE"
Pour l'actuel représentant en France du groupe UPM, Jean Kubiak - qui fut l'avant-dernier directeur du site vosgien, de 2008 à 2012 -, cette mise hors d'usage des anciennes machines "crée une émotion compréhensible", mais doit être considérée "en fonction du contexte économique".
"Effectivement, les rouleaux de la machine à papier ont été percés, afin d'éviter qu'un concurrent puisse les utiliser", a expliqué à l'AFP M. Kubiak. "Je ressens cette charge émotionnelle. J'étais dans cette usine. Je sais ce que ça signifie, cet attachement à un outil industriel. En même temps je sais ce que c'est de devoir vendre une tonne de papier et d'être en concurrence avec le marché mondial", a ajouté l'ancien directeur du site vosgien.
La société qui a acheté en juin le site de Docelles - et qui souhaite se débarrasser des machines cette semaine aux enchères - était parfaitement au courant que les appareils étaient hors d'usage, assure-t-il. Ce dossier n'est donc pas celui d'un "patron voyou qui viendrait détruire en cachette l'outil de travail", selon M. Kubiak.
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