Search

Beau comme un camion : avec Tesla, l'expression prend un sens nouveau

Il s'appelle Tesla Semi, pour semi-remorque. Certainement pas pour "semi spectaculaire" ni "semi attendu" par les supporteurs comme les détracteurs d'Elon Musk. Commençons par évacuer ce qui fâche. En quelque trente-cinq minutes de conférence, Elon Musk n'a jamais dévoilé combien pèse son camion électrique, ni quelle est la taille, la masse et la capacité de la batterie géante qui alimente ses quatre moteurs. Mais d'ici 2020 — date des premières livraisons — le constructeur a le temps de nous en dire davantage.

Pour son premier tracteur routier, Tesla Motors annonce une autonomie variant entre 480 kilomètres et 800 km environ. C'est 800 kilomètres entre deux charges complètes de la batterie, à la vitesse maximale autorisée de 96 km/h (60 mph) et en tractant une charge utile maximale autorisée de 36 tonnes. A vide, l'autonomie sera fatalement supérieure.

On ignore la puissance effective des moteurs mais Tesla annonce un couple combiné de 10.000 Nm. De quoi abattre le 0 à 96 km/h en 5 secondes, contre 15 secondes pour un tracteur turbo Diesel conventionnel. Lesté de semi-remorque, le Tesla Semi ne prend que 20 secondes pour atteindre la même vitesse, une performance qui autorise Elon Musk a oser qualifier de "BAMF Performance" les aptitudes de son camion. "C'est du jargon technique", plaisante-t-il devant un public hilare. Les non-anglicistes nous pardonneront de pas oser traduire en français l'interjection graveleuse qui se cache derrière cette abréviation.

Ce camion se veut aussi vif qu'une voiture

Même avec un seul rapport de démultiplication, le Tesla Semi gravit une pente de 5 % à la vitesse de 65 mph (104 km/h), contre 45 mph pour un tracteur Diesel. Une différence qui permet à Tesla Motors de promettre un prix de revient kilométrique sur itinéraire montagneux inférieur de moitié au meilleur des tracteurs Diesel du moment.

Car c'est là le nerf de la guerre. Elon Musk multiplie les garanties à l'attention des gestionnaires de flottes de véhicules industriels, confrontés à des marges toujours plus réduites.

Sur un gros camion, le plein de gazole peut prendre jusqu'à 15 minutes. Tesla Motors imagine que son Tesla Semi fera le plein d'électrons tandis que sa remorque est déchargée. C'est autant de minutes gagnées. Et comme 80 % aux États-Unis des trajets ne dépassent pas 400 kilomètres, rares seront les Tesla Semi à vider leur batterie.

Le Tesla Semi devrait rouler à l'électricité solaire

Mieux, le constructeur américain annonce pouvoir récupérer 640 kilomètres (400 miles) d'autonomie en 30 minutes seulement. Un chiffre qui ne doit rien au hasard : trente minutes, c'est peu ou prou la durée d'une pause déjeuner, tandis que 640 kilomètres correspondent à six ou sept heures de conduite ininterrompue. Amplement de quoi tenir le rythme des autres camions.

Forcément, pour récupérer 640 kilomètres en trente minutes, Elon Musk n'envisage que de la charge sous très forte puissance pour son camion, via le déjà fameux Tesla Megacharger.

On estime que ces bornes délivrent 350 kW de courant. Elon Musk caresse le projet d'en disséminer partout dans le monde, sur le modèle de ses Superchargers. Mieux, il s'engage à garantir la stabilité du prix du kilowatt-heure, puisqu'il envisage de tirer tout ce courant de simples panneaux solaires. A coup sûr, leur surface ne sera pas la même selon qu'on fait le plein à Amsterdam et à Phoenix.  "Nous garantissons le kWh à 7 centimes de dollar", s'engage Elon Musk.

Un camion voulu rentable dès le premier kilomètre

Et de marteler ses chiffres comme autant de raisons d'abandonner le camion Diesel : "En prenant en compte les mensualité du contrat de location longue durée, comme le coût de l'entretien, de l'assurance, des pneumatiques et du courant, le Tesla Semi vous garantit un prix de revient au kilomètre 20 % moins cher", certifie Elon Musk. "Et ce, à charge maximale et à vitesse maximale autorisées. La différence est plus forte encore à charge partielle et en ville."

Pour achever de convaincre le gestionnaire de flotte, Elon Musk Elon Musk garantit une fiabilité mécanique absolue pour 1 million de miles, soit 1,6 million de kilomètres. "Il n'y aucun différentiel, pas de boîte de vitesses. Même avec deux moteurs en panne, le Tesla Semi poursuit son chemin. Et même handicapé de la sorte, il bat les camions Diesel face au chronomètre." En cas de défaillance, l'ordinateur de bord préviendra le chauffeur.

Elon Musk confirme que le système d'aide à la conduite Autopilot sera livré d'office sur chaque exemplaire du Tesla Semi. Ce camion est donc annoncé comme capable de suivre sa trajectoire, et de s'arrêter automatiquement lorsque le conducteur ne réagit plus aux sollicitations de la machine. Un peu comme un TGV qui réclame une vigilance de tous les instants.

Détail inattendu, le verre du parebrise est réputé résister à une "explosion nucléaire". Parce qu'un pare-brise fendu vaut une interdiction stricte de circuler. Le temps de réparer en urgence, le tracteur reste au garage, ce qui se traduit par une perte sèche pour le chauffeur et son employeur. Tesla Motors semble avoir consulté la profession, lorsqu'il dessinait son camion.

Le système Autopilot livré d'office sur le camion de Tesla

Tesla Motors promet une intégration instantanée et sans faille de son camion dans les systèmes déjà existants de gestion de flottes de tracteur routiers. Un critère important. Le chauffeur (décidément, un terme périmé) est assis au centre, pour une visibilité et une protection optimales. Une paire de caméras remplacent les rétroviseurs : les images qu'elles capturent sont projetées sur les deux tablettes tactiles disposées de part et d'autre du volant de direction.

Ce dernier commande à deux roues avant suspendues de manière indépendantes, un raffinement encore rare, sinon exceptionnel sur les tracteurs routiers de fort tonnage (c'est un motif de fierté pour Volvo Trucks). Le nez sculpté par le vent cache un petit coffre à bagages : un détail qui passerait pour anecdotique s'il ne soulignait les particularismes de l'architecture mécanique du Tesla Semi.

Ce camion électrique embarque quatre moteurs, un sur chacune des roues arrière du tracteur. En faisant varier en continu la quantité de courant qu'ils reçoivent, l'ordinateur de bord peut contrôler l'angle de lacet du tracteur et stabiliser la remorque. Un peu à la manière des correcteurs de trajectoire ESC qui agissent sur les freins d'une voiture de tourisme en cas de vent de travers pour éviter que la caravane ne se retourne.

A chaque lever de pied de l'accélérateur, les quatre moteurs remplissent le rôle de générateurs et de ralentisseurs. Selon Elon Musk, le chauffeur utilisera si peu son système de freinage à friction que les plaquettes devraient durer la vie du véhicule. Inouï.

Les performances époustouflantes du camion Tesla Semi s'expliquent en partie par la faiblesse de son coefficient de pénétration dans l'air. Des volets mobiles à l'arrière de la cabine s'allongent pour combler le vide qui la sépare de la remorque, histoire de diminuer les turbulences aérodynamiques. De quoi s'adapter à toutes sortes de charges et afficher un Cx de 0,36. Une supercar fait à peine mieux et la plupart des camions américains du moment se contentent d'un Cx de 0,65 à 0,70.

Les carnets de réservation ont été ouverts hier soir, 16 novembre 2017. Tesla Motors accepte vos acomptes de réservation de 5.000 dollars mais n'est pas prêt à dévoiler le prix de vente. Les premiers exemplaires devraient être livrés dans le courant de l'année 2020.

Let's block ads! (Why?)

https://www.challenges.fr/automobile/nouveautes/premieres-infos-sur-le-camion-electrique-tesla-semi-annonce-pour-800-km-et-36-t_514080

Bagikan Berita Ini

Related Posts :

0 Response to "Beau comme un camion : avec Tesla, l'expression prend un sens nouveau"

Post a Comment

Powered by Blogger.