Search

Broadcom tente le deal du siècle avec le rachat de Qualcomm

L'industrie du semi-conducteur n'en finit plus de battre ses propres records. En se disant prêt, lundi, à signer un chèque de 130 milliards de dollars pour mettre la main sur son concurrent Qualcomm, le singapourien Broadcom a mis la barre très haut. Cela serait la plus grosse opération du secteur, et une des plus importantes de l'histoire, tous secteurs confondus.

Le numéro trois du secteur

Dans le petit monde des fabricants de puces, le rapprochement serait également un séisme. Lorsqu'au printemps 2015, le néerlandais NXP s'offrait l'américain Freescale pour 17 milliards de dollars, il s'agissait déjà d'un sommet. Un an et demi plus tard, le chasseur devenait gibier et c'était au tour de NXP de se faire avaler par Qualcomm pour près du triple (47 milliards de dollars).

Le passage de Qualcomm dans le giron de Broadcom, pour un montant à nouveau près de trois fois plus important, donnerait naissance au troisième acteur de l'industrie, derrière Intel et Samsung. Le nouveau tandem serait toutefois le numéro un des acteurs « fabless » (sans usine).

Un portefeuille de brevets unique

En termes industriels, les portefeuilles des deux géants se compléteraient relativement bien. Broadcom, très fort notamment dans la connectivité courte distance (les puces Bluetooth ou wi-fi) profiterait de la forte présence de Qualcomm dans la connectivité longue distance (les puces 3G et 4G).

Ce n'est pas le seul attrait de Qualcomm. Pour son prétendant, nul doute que ses processeurs applicatifs pour smartphones, les fameux Snapdragon qui équipent la quasi-totalité des terminaux haut de gamme (hors Apple, Samsung et Huawei qui fabriquent leurs propres puces) sont un actif séduisant.

Sans compter bien sûr l'impressionnant portefeuille de brevets du Californien, unique dans l'industrie, qui représente moins d'un tiers de son chiffre d'affaires de 22 milliards de dollars et 80 % de ses bénéfices.

« Le rapprochement créerait un acteur incontournable, notamment dans la connectivité. Or c'est un pilier de l'Internet des objets, c'est-à-dire du futur de l'industrie, estime Stuart Carlaw, analyste chez ABI Research. De plus, alors que les prix moyens des puces pour les objets connectés seront considérablement inférieurs à ce qui se pratique dans les smartphones, la pression à venir sur les marges rend la consolidation intéressante. »

Une stratégie opportuniste

A 70 dollars offerts par action (essentiellement en cash), soit une prime de 28 % sur le cours de jeudi dernier, avant que les rumeurs ne commencent à se faire jour sur l'opération, le mouvement de Broadcom est aussi largement opportuniste. Le cours de Qualcomm a considérablement chuté ces derniers mois.

Embarqué depuis janvier dans un conflit avec Apple, qui conteste les droits - jugés exorbitants - demandés par Qualcomm pour utiliser ses brevets, le groupe de San Diego est par ailleurs sous le feu de plusieurs autorités de régulation à travers le monde qui lui ont déjà infligé de copieuses amendes pour abus de position dominante. Sans compter que le rachat de NXP tarde à recevoir les autorisations réglementaires, notamment des autorités européennes.

Bilan, l'action Qualcomm est passée de 65 à 50 dollars en moins d'un an. De quoi réveiller l'appétit de son concurrent Broadcom (ex-Avago) - déjà connu pour son profil de consolidateur.

Le risque protectionniste

« Au-delà des problèmes de recoupements de portefeuilles, le Comité pour l'investissement étranger aux Etats-Unis pourrait barrer la route à Broadcom, prévient néanmoins Dorian Terral, analyste chez Bryan Garnier. Deux autres projets d'acquisition dans le secteur - Aixtron et Lattice - ont été bloqués récemment. »

Sans doute pour se concilier l'administration Trump, Broadcom avait annoncé il y a quelques jours qu'il déménageait son siège juridique de Singapour aux Etats-Unis. Reçu à la Maison-Blanche, le patron de Broadcom avait lancé : « Grâce à vous, M. le Président, le climat des affaires s'est continûment amélioré. » Un compliment lourd de sous-entendu. De son côté, le management de Qualcomm a estimé que la proposition de Broadcom était loin de valoriser correctement la cible.

Let's block ads! (Why?)

https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/030832914932-broadcom-tente-le-deal-du-siecle-avec-le-rachat-de-qualcomm-2127851.php

Bagikan Berita Ini

Related Posts :

0 Response to "Broadcom tente le deal du siècle avec le rachat de Qualcomm"

Post a Comment

Powered by Blogger.