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En cédant 4,7% de Renault, l'Etat clôt la partie de bras de fer entre Macron et Ghosn

L'Etat annonce ce jeudi 2 novembre la cession par l'APE (Agence des participations de l'Etat) de 4,73% des titres Renault, soit 14 millions d'actions acquises en 2015. Cette cession répond aux promesses faites alors par Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, lorsque l'Etat avait accru brutalement sa participation au sein du constructeur automobile. Bercy s'était engagé à revendre ses titres supplémentaires beaucoup plus rapidement. Mais la volatilité du titre l'a empêché de tenir ses engagements initiaux. Après cette cession, l'Etat retrouvera son niveau de participation antérieur de 15% et demeurera le premier actionnaire de la firme au losange.

Renault se réserve d'acquérir 1,4 million de ces actions mises sur le marché, qui seront ultérieurement cédées aux salariés et anciens salariés du groupe, annonce l'APE. Voici donc l'épilogue de la longue partie de bras de fer entre Emmanuel Macron et Carlos Ghosn, PDG de Renault, entamée il y a deux ans et demi. Tout avait démarré en avril 2015. Le gouvernement avait en effet décidé de monter au capital de Renault pour imposer la "loi Florange"  - sur les droits de vote doubles pour les actionnaires de long terme. L'Etat voulait en fait se prémunir à moyen terme contre une modification éventuelle de la structure de l'Alliance Renault-Nissan sans son consentement.

Carlos Ghosn était furieux

La décision avait rendu Carlos Ghosn furieux, selon son entourage. Le conseil d’administration de la firme française s’était même clairement exprimé contre. En portant sa participation de 15 à 19,74% du capital -et à 23,2% des droits de vote- l’Etat avait réussi à obtenir la minorité de blocage lui permettant de s’imposer. Des administrateurs de Renault avaient certes brandi la menace de donner plus d’influence à Nissan au sein de l’Alliance Renault-Nissan nouée en 1999, afin de contrebalancer l’Etat. Renault détient 43,4% de Nissan, lequel possède 15% du français… mais les actions du constructeur japonais sont dépourvues de droits de vote!

Après une longue bataille à fleurets mouchetés, un compromis avait toutefois été finalement trouvé, lors d'une réunion du conseil d'administration de la firme tricolore le 11 décembre 2015. L’Etat conservait ses droits de vote doubles, mais acceptait de les réserver à des situations "à caractère exceptionnel", selon le pudique communiqué du conseil. Parmi les cas envisagés: la "modification ou résiliation du RAMA (accord fondamental de l'Alliance signé en 2002), la récupération par Nissan de ses droits de vote dans Renault, l'annonce d'une offre publique sur Renault, le franchissement du seuil de 15% en capital ou en droit de vote par un tiers actionnaire, y compris Nissan…".

L’Etat français avait dû, en contrepartie, accepter que ses droits de vote soient plafonnés "à 17,9% sur l'ensemble des décisions relevant de la compétence de l'assemblée générale ordinaire". L’Etat s’engageait en outre à ne pas s'immiscer dans la gestion opérationnelle de Renault. Mais il pourrait quand même revendiquer ses droits de vote doubles pour "des décisions relatives à la distribution de dividendes, la nomination et la révocation des administrateurs représentant l'Etat, la cession portant sur plus de 50% des actifs de Renault, des conventions réglementées non-approuvées par les représentants de l'Etat….", soulignait le conseil.

L'Etat actionnaire de PSA

L’Etat français est impliqué dans les deux constructeurs automobiles tricolores. Actionnaire de Renault depuis la nationalisation de 1945, il est également actionnaire de PSA depuis 2014, à parité avec la famille Peugeot et le constructeur chinois Dongfeng. Fin mars 2017, l’Etat a toutefois transféré sa participation dans PSA à BPIFrance (à travers sa holding Lion Participations). Les titres Peugeot SA détenus par l'État, qui représentaient 12,7% du capital, ont été en conséquence transférés à l'organisme français de financement et de développement des entreprises, détenu à égalité par  l'Etat et la Caisse des dépôts.

La transaction portait sur 1,92 milliard d'euros. L'Etat a fait une excellente affaire. Le montant de la transaction représentait effectivement presque 2,5 fois plus que la mise de l'Etat dans PSA en 2014. Soit une plus-value de 1,12 milliard. L’Etat était entré dans PSA pour aider le constructeur à se sauver d'une quasi-banqueroute.

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