
Atos va finalement contenter les banquiers, les analystes et ses actionnaires qui lui susurraient, depuis quelques mois déjà, les bienfaits d'un rapprochement avec un spécialiste de la sécurité numérique. La société de services informatiques française a rendu publique lundi soir son offre de rachat à 4,3 milliards d'euros sur l'entreprise de droit néerlandais et aux racines bien françaises Gemalto.
Déclarée « amicale », l'offre en numéraire propose d'acquérir l'action de l'acteur majeur des marchés de la carte SIM et de la carte de paiement pour 46 euros, soit une prime de 42 % par rapport au cours de l'entreprise avant annonce. L'ensemble donnerait naissance à un leader européen de la cybersécurité.
En fin de journée ce mardi, le titre Gemalto s'est envolé de 34,57 % en Bourse, à 45,60 euros. Celui de Atos progressait de 7,14 %. Plus tôt, le groupe dirigé par Philippe Vallée avait fait savoir que son conseil d'administration étudiait l'offre avec attention. Cependant, « il n'y a aucune certitude que l'offre débouche sur une offre ferme et recommandée », ajoutait lapidaire, son communiqué.
Soutien de la BPI
« Nous sommes très amicaux mais très déterminé », a précisé Thierry Breton, le PDG d'Atos, devant la presse. Il revendique déjà le soutien de la Banque publique d'investissement, actionnaire à 8,51 % de Gemalto, ce qui laisse entendre que l'Etat aurait aussi donné son accord pour cette opération dans un secteur jugé stratégique.
L'ancien ministre s'est aussi présenté à la famille allemande Quandt, premier actionnaire et membre du conseil d'administration qui détient 8,88 % de Gemalto. Celle-ci n'a pas fait connaître sa position sur l'opération, mais la prime proposée par Atos pourrait intéresser l'ensemble de l'actionnariat tant le cours de Gemalto a été chahuté sur les marchés ces derniers mois. « C'est peut-être une porte de sortie honorable pour Gemalto », estime Stéphane Houry, analyste chez Natixis.
Gemalto en difficulté
Le groupe a publié quatre alertes sur résultats entre octobre 2016 et juillet 2017, en raison de difficultés sur ses activités principales (cartes SIM et cartes bancaires). La croissance des nouvelles activités comme la cybersécurité ou la souveraineté gouvernementale ne compensant pas les incertitudes, les actionnaires avaient fait chuter la capitalisation du groupe à 2,9 milliards d'euros, un plus bas depuis six ans. Très loin du pic à 7,66 milliards de l'été 2013.
Fin novembre, le groupe avait annoncé qu'il allait devoir lancer un plan de réduction de ses coûts qui passerait par le départ de 10 % de ses effectifs en France (288 postes). Thierry Breton n'ignore pas ces difficultés mais il les minimise. Selon lui, 80 % des transactions dans le monde sont encore réalisées en cash et pourraient être converties en échange électronique par carte. La filiale d'Atos Wordline travaille déjà avec le gouvernement indien sur un important projet allant dans ce sens.
A la recherche d'un partenaire pour l'activité SIM
« Sur la carte SIM, être adossé à un grand groupe comme Atos permettra de se donner du temps », considère Thierry Breton qui ouvre aussi la porte à un troisième partenaire et se félicite même d'avoir déjà été appelé. « A l'heure actuelle, trouver un partenaire ne sera pas facile car l'activité SIM physique telle qu'elle existe aujourd'hui est vouée à disparaître », tempère toutefois Richard-Maxime Beaudoux, analyste chez Bryan Garnier.
Pour Atos, Gemalto viendra enrichir ses compétences et son portefeuille de technologies en matière de sécurité des données. Atos n'a pas conditionné son offre à une due-dilligence et est encore dans l'impossibilité de chiffrer les synergies attendues. Mais son directeur financier, Elie Girard, table sur des ventes croisées renforçant la croissance de chacune des deux entités et compte « sur des synergies de coûts comparables à celles réalisées lors des précédentes acquisitions d'Atos, comme par exemple Bull », soit de l'ordre de 6% du chiffre d'affaires de Gemalto. Atos est prêt à emprunter pour cette opération. Si elle aboutit, Atos entend rembourser les banques en moins de trois ans.
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