
La plus célèbre des crypto-monnaies a violemment décroché quelques heures avant les fêtes, perdant 45% de sa valeur en une semaine. Les investisseurs s'interrogent sur l'ampleur d'un krach qui intervient après plusieurs semaines d'une ascension aussi vertigineuse qu'irrationnelle.
Krach ou sévère correction passagère d’une monnaie virtuelle erratique? Après nous avoir habitués à des variations en forme de montagnes russes jusqu’à sa folle envolée de ces dernières semaines –il valait 1000 dollars l’unité en janvier, contre plus de 18 000 il y a quelques jours–, le bitcoin est en pleine dégringolade à la veille de la trêve des confiseurs. La plus célèbre des crypto-monnaies cotait vendredi autour de 11 900 dollars en fin d’après-midi sur le site coincapitalmarket alors qu’elle semblait encore toute proche du seuil des 20 000 dollars en début de semaine. Une chute particulièrement brutale de 45% de sa valeur, qui représente par exemple l’équivalent deux fois la capitalisation boursière d’un groupe du CAC40 comme L’Oréal.
Ce n’est certes pas le premier contrecoup de cette devise qui échappe à tous les cadres monétaires traditionnels: ce krach est le cinquième depuis son lancement en janvier 2009 et le bitcoin a déjà connu des décrochages qui sont allés jusqu’à 30% de sa valeur cette année, avant de rebondir à chaque fois plus haut. Pour Neil Wilson, de la société londonienne ETX Capital, «il reste difficile de savoir si le glas a sonné».
Ces dernières semaines ont apporté presque autant de bonnes nouvelles que de mauvaises pour le bitcoin. Il a par exemple gagné une certaine légitimité avec le lancement, aux Etats-Unis, d’instruments spéculatifs basés sur le bitcoin, par des opérateurs reconnus des marchés. Ainsi le géant bancaire Goldman Sachs projetterait (selon Bloomberg) très sérieusement de se lancer dans le «trading» de bitcoins, ce qui serait une sorte de consécration au vu de la notoriété de la banque d’affaires new-yorkaise. Goldman Sachs fait déjà partie des quelques banques, comme Citigroup et Bank of America, qui traitent une partie des opérations sur les contrats à terme en bitcoin lancés par la Bourse de Chicago début décembre.
Piratage
Mais l’univers du bitcoin, accusé de servir à toutes sortes de trafics illégaux et d’être utilisé pour des opérations de blanchiment et d’évasion fiscale, n’en reste pas moins sulfureux. Mercredi, la plateforme sud-coréenne d’échanges de crypto-monnaies Youbit a déclaré avoir été piratée (perdant 17% de ses actifs dans l’opération), ce qui a semé le trouble sur la fiabilité du stockage de bitcoin. Car si les transactions en bitcoins, protégées par la cryptographie, ne peuvent être falsifiées et sont faciles à anonymiser, les portefeuilles numériques sur lesquels la crypto-monnaie est conservée peuvent en revanche être dérobés. Jeudi, le gouverneur de la Banque du Japon, un marché important pour le bitcoin dans un pays qui a reconnu les crypto-monnaies, a jugé «anormale» la flambée du cours.
A quoi s’ajoutent les rumeurs récurrentes de création de crypto-monnaies concurrentes au bitcoin et de rivalités entre «mineurs». A la manière de chercheurs d’or (mais en version numérique), ces «fermes» informatiques surtout basées en Chine créént de manière totalement décentralisée les bitcoins grâce à des ordinateurs aussi puissants que gourmands en éléctricité.
Mais pour certains experts, tous ces facteurs ne suffisent pas à expliquer la chute brutale du bitcoin. «Il semble qu’il soit temps pour les investisseurs de prendre leurs bénéfices et de les dépenser pour Noël», avance Neil Wilson d' ETX Capital.
Retour sur terre
Analyste pour IG France, Alexandre Baradez ne trouve pas non plus «d’explication particulière» à la chute. Il rappelle néanmoins que la crypto-monnaie reste un tout petit marché par rapport à d’autres grandes devises et qu’il suffit donc que quelques gros possesseurs de stocks de bitcoins vendent pour que le cours décroche. Selon Stephen Innes, chef des échanges en Asie-Pacifique pour la plateforme OANDA, les investisseurs du bitcoin font face à «un retour sur terre»: «Une demande effrénée, associée à une disponibilité limitée, a conduit des investisseurs inexpérimentés à être pris la main dans le sac.» Rebecca O’Keeffe, d’Interactive Investor, attend pour sa part de voir si le bitcoin rebondit ou si, au contraire, il se dégonfle pour de bon au profit «d’autres monnaies virtuelles moins onéreuses», comme l’ethereum.
Le «retour sur terre» pourrait toutefois avoir ses limites. Au-delà du bitcoin, l’engouement pour les crypto-monnaies et pour la technologie informatique qui leur sert de base, la «block-chain», reste en effet très fort, pour ne pas dire irrationnel. Le simple fait pour le marchand américain de thés glacés Long Island Tea Corp. de changer son nom en «Long Blockchain Corp.» a par exemple suffi pour que son action décolle de près de 200% jeudi à Wall Street. Et depuis le début de l’année la hausse du bitcoin reste spectaculaire: de l’ordre de 1 200%.
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