
Les mesures répressives engagées contre la vitesse ne semblent plus suffire à endiguer la hausse du nombre de victimes de la route. Il n'y a que le Gouvernement et quelques associations de lutte contre l'insécurité routière pour s'obstiner à ne pas voir l'évidence.
Dans ce très vieux débat, les opposants à la politique du tout-radar citent l'abus d'alcool, la consommation de stupéfiants, la somnolence et l'usage du téléphone parmi les causes toujours plus fréquentes des accidents. Mais ils sous-estiment l'importance de l'état de la chaussée, un facteur outrageusement passé sous silence par l'Administration.
Le nid-de-poule, facteur sous-estimé de mortalité routière état de la chaussée, absent dans le rapport d'accident
Selon le sondage du Syndicat des Equipements de la Route et de l'organisme Opinion Way "Les Français et la sécurité routière" (septembre 2015), les Français seraient 42 % à estimer que l'état des routes, en particulier communales et départementales se dégrade. Ce qui constitue "une source d'inquiétude" pour 75 % d'entre eux.
Si les automobilistes se disent inquiets, c'est parce qu'ils connaissent la relation étroite qui existe entre leur sécurité et l'état de la chaussée. Les ornières qui se creusent au passage des camions influent sur la trajectoire de leur véhicule ; devenu lisse, l'enrobé draine moins l'eau de pluie et devient dangereusement glissant ; par le jeu des infiltrations d'eau, les fissures se transforment en nids-de-poule. Le cercle vicieux.
Un déficit de plusieurs centaines de millions d'euros
Les fameux nids-de-poule sont la hantise des automobilistes. Les plus profonds peuvent causer une crevaison brutale du pneumatique. A minima, la fréquence des déflagrations de la roue qui heurte les bordures du trou accélèrent l'usure des organes de la suspension et de la direction. Plus fréquemment, les nids-de-poule causent des écarts de trajectoire qui peuvent être dangereux, particulièrement en virage. Ils déstabilisent le véhicule et surprennent les motards.
Selon les informations du quotidien Le Parisien parues ce lundi 18 décembre 2017, les services techniques du Ministère des Transports plancheraient sur un projet de taxation de l'automobiliste, afin de le faire contribuer plus directement au budget de l'entretien du réseau routier. La Ministre des Transports Elisabeth Borne pourrait ainsi décréter dès le mois de janvier l'instauration d'une vignette annuelle, suivant logique de l'utilisateur payeur.
Pas d'affolement pour autant. Si l'on en croit le Sénateur Hervé Maurey entendu ce matin sur la fréquence de France Info, il est encore trop tôt pour parler de l'instauration d'une vignette. D'après le président de la commission de l'Aménagement du territoire et du développement durable au Sénat, toutes sortes de pistes sont envisagées pour combler le déficit du budget d'entretien des routes : une hausse et une redistribution des taxes sur les carburants peut-être, un péage modulé sur les poids lourds qui usent plus vite la chaussée, des péages modulés au kilomètre, etc.
L'état de la chaussée est absent dans le rapport d'accident
Voilà des années déjà que le Sénateur Hervé Maurey tire la sonnette d'alarme. A l'entendre, le désengagement de l'État au profit des collectivités locales, le déclassement en 2004 de nombreuses routes nationales en départementales et la diminution des sommes allouées par l'État aux collectivités locales a sérieusement entamé les budgets d'entretien. De sorte que certains travaux sont repoussés d'une année à l'autre.
Ce constat est d'autant plus inquiétant que l'état de la route n'entre pas dans le Bulletin d'Analyse des Accidents Corporels (ou BAAC), le document que les agents de police ou les Gendarmes remplissent chaque fois qu'ils constatent un accident de la route.
A en croire Pierre Chasseray, délégué général de 40 Millions d'Automobilistes, 47 % des accidents répertoriés en France impliqueraient le mauvais entretien de la chaussée. "Le premier facteur reste le comportement du conducteur mais la route devrait laisser le droit à l'erreur. Elle devrait pardonner les fautes de conduite comme par exemple en intercalant systématiquement une glissière de sécurité entre la voiture et le platane."
Le Syndicat des Équipementiers de la Route regrette que la fonte des moyens financiers des Départements diminue le nombre des Enquêtes Comprendre pour Agir (ECPA) commandées pour analyser et comprendre les causes réelles — bien souvent multiples — d'un accident grave ou mortel. Entre 1983 et 1991, près de 50 % de ces enquêtes (alors plus poussées) révélaient une absence ou un mauvais état de l'infrastructure (route, équipement, environnement). Au vu de la dégradation ces dernières années de l'état des routes du réseau secondaire et de leur signalisation, rien ne permet d'imaginer que cette part ait diminué depuis.
En 2013 déjà, nous nous faisions l'écho de l'initiative de la Ligue de la Défense des Conducteurs qui répertorie les points dangereux du réseau routier via le réseau Activ'Rout. Même approche avec le site jaimalamaroute.com, lancé en novembre 2015 par l'Association 40 Millions d'Automobilistes : dans un cas comme dans l'autre, l'usager de la route est invité à photographier non seulement les carrefours et les virages dangereux, mais aussi les ralentisseurs non conformes, la signalisation confuse, le marquage au sol effacé et — surtout — les trous en formation.
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