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La BCE peine à rassurer sur l'euro

Les propos du secrétaire américain au Trésor, Stephen Mnuchin, qui a  vanté à Davos les mérites d'un dollar faible pour l'économie américaine, ont fait des vagues jusqu'à Francfort. Jeudi, l'euro est remonté pour brièvement passer la barre de 1,25 dollar, sous la double impulsion de cette petite phrase qui a fait baisser le billet vert mais aussi grâce à la confiance exprimée dans l'économie européenne par Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne à l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs à Francfort. 

Ce dernier a indirectement rappelé à l'ordre le secrétaire au Trésor, briseur de tabou, en soulignant l'engagement pris sous l'égide du FMI à Washington en octobre « de ne pas procéder à des dévaluations compétitives et de ne pas cibler des taux de change à des fins concurrentielles ». 

Mario Draghi a aussi évoqué « la récente volatilité du taux de change », « une source d'incertitude qui demande une surveillance quant à ses possibles conséquences sur les prévisions à moyen terme sur la stabilité des prix ».  La hausse de la devise (+14% face au dollar en 2017) freine en effet potentiellement l'inflation.  Le dirigeant, qui a rappelé qu'il n'avait pas d'objectif de taux de change (qui ne relève pas du mandat de la BCE), n'a pas su enrayer l'envolée de la monnaie unique, qui a grimpé dans le sillage de la conférence de presse.

« Le marché attendait un message plus clair de la part de Mario Draghi, commente Ricardo Garcia, économiste chez UBS. Les différents gouverneurs de la BCE vont s'exprimer dans les prochains jours dans la presse avec un ton accommodant qui devrait faire baisser l'euro à court terme. Mais la tendance reste haussière pour l'euro à moyen terme, du fait des anticipations d'un resserrement monétaire, avec la fin du QE et le début du cycle de hausse des taux ». 

Taux inchangés

Sur le fond, Mario Draghi a scrupuleusement confirmé jeudi la position accommodante de l'institution. Jugeant que rien n'avait véritablement changé depuis octobre, date à laquelle la BCE a annoncé la réduction de son massif programme de rachats d'actifs (QE) à 30 milliards d'euros par mois, le conseil des gouverneurs a laissé ses taux inchangés, ainsi que le montant et la durée du QE, toujours prévu pour s'arrêter en septembre 2018, « voire au-delà » si nécessaire. 

En clair : la relance progresse en zone euro, mais la bataille n'est pas encore gagnée, et la BCE continue donc de soutenir la machine économique. « Peut-on déclarer victoire ? La réponse est non, pas encore. La pression sur les prix reste contenue, l'inflation sous-jacente ne montre toujours pas de signes d'un mouvement haussier convaincant », a expliqué Mario Draghi. A 1,4% en zone euro en décembre, l'inflation reste encore loin de l'objectif de stabilité de prix de la BCE proche de 2%. 

Il s'agissait pour Mario Draghi de dissiper l'idée d'un prochain changement de communication vers un resserrement monétaire,  entretenue en janvier par la publication du compte-rendu (ou « «minutes ») de la réunion du mois de décembre, et dont la lecture a surpris certains membres du conseil, a expliqué le banquier. 

Il y a « très peu de chances » pour que la BCE relève ses taux cette année, a même souligné Mario Draghi, tout en répétant que l'institution relèverait ses taux « largement après » la fin du programme d'achats d'actifs.

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https://www.lesechos.fr/monde/europe/0301206074276-la-bce-peine-a-rassurer-sur-leuro-2148181.php

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