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Lait infantile contaminé : cinq questions sur la vente de produits Lactalis pourtant interdits des rayons

Plusieurs enseignes ont reconnu avoir vendu des lots de lait Lactalis potentiellement contaminés après le retrait demandé par les autorités. Franceinfo répond aux interrogations autour des failles du processus de retrait.</h2>

Des centaines de références de lait infantile Lactalis devaient être retirées des rayons, après une contamination à la salmonelle de certains produits. Certaines semblent pourtant toujours en vente : des lots faisant l'objet d'un rappel en décembre 2017 ont été retrouvés ces derniers jours dans de nombreux supermarchés dont E. Leclerc et Auchan. Franceinfo répond aux interrogations sur les failles du processus de retrait.

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1Comment se déroule la procédure de retrait dans les supermarchés ?

Lorsqu'une anomalie est détectée dans un produit, et que celle-ci est signalée, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF, rattachée au ministère de l'Economie) peut lancer une procédure de retrait. C'est ce qui s'est passé pour Lactalis en décembre 2017, après la découverte de lait infantile contaminé à la salmonelle. Une fois la procédure de retrait enclenchée, c'est aux distributeurs de s'organiser. A leur convenance : "Il n'y a pas d'obligation de moyens, c'est une obligation de résultat", explique Loïc Tanguy, directeur de cabinet de la DGCCRF.

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La marque et les commerçants se chargent généralement d'informer leurs clients et de communiquer par voie de presse. Charge aux distributeurs d'enlever les lots incriminés des rayons.

La procédure n'existe pas à proprement parler. C'est chaque entreprise qui a la responsabilité de mettre en œuvre une décision de l'Etat. Il n'y a rien qui va inciter, à part quand on est pris [en défaut].Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisirà franceinfo

2Quelle est la situation, enseigne par enseigne ?

Mercredi 10 janvier, plusieurs enseignes de supermarchés françaises ont annoncé avoir vendu des lots de laits potentiellement contaminés, après la date de retrait, ou lancé des vérifications.

• E. Leclerc. Après le rappel dans plusieurs magasins, 984 produits Lactalis ont tout de même été vendus. Selon Michel-Edouard Leclerc, "782 clients étaient potentiellement [concernés]. Tous les clients ont été identifiés, plus de la moitié ont déjà été contactés". Le patron du groupe E.Leclerc indique avoir "bon espoir" que "tout soit rentré dans l'ordre" d'ici mercredi soir ou jeudi matin au plus tard.

• Auchan. Le groupe a annoncé avoir vendu 52 boîtes de lait infantile Lactalis qui auraient dû être retirées de ses rayons. Ces lots ont été vendus dans 28 magasins (hypermarchés et supermarchés). "Des clients ont d'ores et déjà été informés permettant le rappel des produits incriminés, les derniers clients sont en train d'être identifiés et contactés", affirme la direction.

• Intermarché. Une cliente a raconté à franceinfo avoir acheté, le 3 janvier, une boîte de lait faisant partie des lots rappelés pour une possible contamination à la salmonelle. L'enseigne a depuis ouvert une enquête interne "pour s’assurer qu’aucun produit n’a été vendu après la date de demande de retrait/rappel par Lactalis"En fin d'après-midi, Intermarché a indiqué arrêter "définitivement"de commercialiser des laits infantiles Lactalis de la marque Milumel, dénonçant notamment une "gestion chaotique de sa crise" par l'industriel.

• Cora. Selon LCI, des produits Lactalis incriminés étaient encore en rayon, mercredi 10 janvier, dans un Cora situé en Ile-de-France. C'est ce qu'a pu constater une équipe de TF1 qui s'est rendue sur place. Au total, le groupe a reconnu la vente de 72 boîtes depuis le 22 décembre malgré les rappels. Des inspections sont toujours menées pour vérifier si d'autres sont toujours en place dans les rayons.

• Super U, Hyper U. Le groupe Système U a indiqué dans un communiqué mercredi soir que 384 boîtes de lait infantile ont été vendues après la procédure de rappel. Le porte-parole de Système-U, Thierry Desouches, avait plus tôt expliqué à l'AFP que des vérifications étaient en cours après que "l'incident chez Leclerc a attiré notre attention". 

Carrefour. Le groupe assure avoir "été très vigilant" et a en outre "mis en place un plan de contrôle renforcé pour s'assurer de la destruction des stocks des produits concernés dans nos magasins".

3Comment des lots peuvent-ils encore être vendus dans des supermarchés ?

Les explications diffèrent d'un établissement à un autre. "Il y a une forme d'impréparation généralisée complètement inacceptable chez les distributeurs,relève Nicolas Godfroy, directeur juridique à l'UFC Que Choisir, à franceinfo. Les distributeurs n'ont pas mis en place des procédures de suivi et de retrait fiables." "Si la transmission de l'information est informatisée et robotisée, l'application de ces procédures en magasin fait appel à l'humain", explique Thierry Desouches, le porte-parole de Système-U.

Pour expliquer le dysfonctionnement dans ses magasins, Michel-Edouard Leclerc, patron de l'enseigne, a évoqué "à ce stade" des difficultés liées à la succession de rappels. Une opération promotionnelle, décidée trois mois en amont et dont "les stocks seraient arrivés en magasin avec un étiquetage différent", serait aussi à l'origine du dysfonctionnement. Du côté d'Auchan, on blâme "une livraison postérieure aux opérations de retrait exécutées précédemment (...) dans ses magasins".

4Y-a-t-il eu des failles dans le contrôle des autorités ?

Si les manquements de certains distributeurs sont manifestes, plusieurs associations de consommateurs pointent aussi la responsabilité de l'Etat et plus précisément de la DGCCRF. "On voit bien que le dispositif en France n'est pas au point", estime Alain Bazot. Le problème, selon les association de consommateurs, réside dans le manque de contrôles.

Il y a très peu de contrôles de la part de l'Etat. On connaît les moyens indigents de la direction concurrence-consommation qui fait ce qu'elle peut.Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisirà franceinfo

Le son de cloche est différent du côté de la DGCCRF. L'administration affirme avoir mené plus de 2 000 contrôles et une "enquête nationale" pour vérifier que la procédure a bien été respectée par tous les distributeurs, grandes surfaces et pharmacies. Les résultats seront connus vendredi 12 janvier.

5Que risquent les distributeurs ?

En cas de contrôle, les sanctions ne semblent pas très dissuasives pour les distributeurs. "Ils encourent une amende de cinquième classe [de 1 500 à 3 000 euros], affirme Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisir. C'est ridicule. Il faut qu'il y ait des audits externes qui garantissent que la décision prise est traitée selon une procédure efficace et que le consommateur soit rassuré." De leur côté, plusieurs consommateurs ont déjà indiqué qu'elles porteraient plainte contre les enseignes concernées.

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