
L'Etat demande à Carlos Ghosn une "feuille de route" en vue "d'une intégration plus forte entre Renault et Nissan", affirme-t-on à Bercy. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et Carlos Ghosn se sont entretenus vendredi 9 février au téléphone. Au menu de leur conversation: la nomination d'un bras droit du PDG chez Renault (actionnaire de Challenges), mais aussi et surtout l'avenir d l'Alliance. Le gouvernement insiste : "nous souhaitons un engagement de Carlos Ghosn à nous présenter un plan stratégique à l'Assemblée des actionnaires (de Renault) mi-juin 2018". L'Alliance franco-japonaise repose aujourd'hui "sur le charisme de Carlos Ghosn". Mais il faut que cette Alliance "lui survive". Rarement l'Etat aura été aussi pressant. Même si celle-ci n'est pas encore à l'ordre du jour, le gouvernement se place déjà dans l'optique de la succession du PDG. précise enfin les futurs contours de l'Alliance préparer sa future succession.
Au terme de l'Alliance nouée en 1999 par la prise de contrôle de Nissan par Renault, ce dernier détient 43,4% de son partenaire nippon. Celui-ci a en échange 15% du Français, mais sans droits de vote. Nissan a par ailleurs pris 34% de son compatriote Mitsubishi Motors en 2016. L'Etat est pour sa part l'actionnaire de référence de Renault avec 15% et des droits de vote doubles sur les sujets stratégiques. Renault, Nissan - et aussi Mitsubishi Motors - fonctionnent depuis dix-neuf ans comme des entreprises entièrement indépendantes. Le seul fédérateur est en fait ... Carlos Ghosn, PDG de Renault et président de Nissan comme de Mitsubishi Motors.
Nomination d'un numéro deux
En attendant la feuille de route, le conseil d'administration de Renault doit entériner ce jeudi 15 février la nomination d'un numéro deux chez Renault. En même temps que la prorogation pour quatre ans du mandat de Carlos Ghosn comme PDG. L'annonce devrait être faite par un communiqué en fin d'après-midi. Le tout, en vue d'une ratification par la prochaine assemblée des actionnaires.Thierry Bolloré, 54 ans, actuel directeur délégué à la compétitivité de Renault (actionnaire de Challenges), est le grand favori. Sauf décision contraire de dernière minute. Thierry Bolloré, "ça nous irait très bien", souligne -t-on au sein du gouvernement.
Ancien de Michelin et de Faurecia, Thierry Bolloré a pour lui d'être déjà "responsable de l'ingénierie, de l'industriel, du design, du produit et de piloter la voiture connectée et autonome, soutient un de ses fervents partisans. En plus, il s'entend bien avec Carlos Ghosn". Il a en outre travaillé au Japon et en Chine, une nécessité au sein de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors. Seuls lui échappent aujourd'hui le commerce, à la charge de Thierry Koskas, 53 ans, et les régions, que détenait jusqu'ici Stefan Mueller, 57 ans.
Mais la démission - rendue officielle dans le courant de la semaine - de ce dernier, vétéran de BMW, Ford et Volkswagen, laisse d'autant plus le champ libre à Thierry Bolloré. Mis en orbite en 2016 par le PDG Carlos Ghosn, comme un compétiteur possible de Thierry Bolloré et Thierry Koskas, Stefan Mueller avait contre lui d'être Allemand et de mal maîtriser le français - difficile de devenir ainsi le numéro deux d'un constructeur tricolore - tout en suscitant en interne des réactions aussi ambivalentes que l'ambiguïté de son titre (Directeur à la performance). On lui reprochait de ne pas avoir réussi son immersion dans l'univers Renault. Au sein de l'Etat, on évoque toutefois "des raisons personnelles".
Une dizaine de noms
Cette nomination d'un numéro deux devait se réaliser en principe dans les règles de l'art. Pas question pour Carlos Ghosn de donner l'impression d'un choix arbitraire et opaque. "Nous avons été obligés de passer par un cabinet de recrutement, comme l'imposent désormais les règles de bonne gouvernance", assure un administrateur. Le recrutement du numéro deux a donc été confié au chasseur de têtes Korn Ferry.
Une "dizaine de noms, la moitié venant de l'interne, l'autre de l'externe, et tous Français a priori" a été alors transmise au comité des nominations de Renault présidé par Marc Ladreit de Lacharrière. Mais, le soudain départ du conseil d'administration de Thierry Desmarest, 72 ans et Ex-PDG de Total, laisse planer un doute sur la totale transparence du processus. "Les candidatures externes n'ont pas été étudiées comme elles auraient dû l'être", lâche une source citée par l'agence Reuters.
Des noms de l'extérieur étaient encore évoqués il y a quelques mois. Tels Fabrice Brégier (Airbus) ou des transfuges de Nissan. Carlos Ghosn a aussi parlé, début 2017, du poste à Didier Leroy, vice-président de Toyota. Le créateur de l'usine du constructeur nippon à Valenciennes (Nord) avait pour lui d'être un ancien de Renault et de savoir traiter avec les Japonais. Mais son âge (60 ans), trop proche de celui de Ghosn, le limitait à un poste d'adjoint sans engagement ferme pour l'avenir. Or, ce qui l'intéressait, c'était de concourir pour la succession du PDG. "Une solution interne serait la plus simple, estime Gaëtan Toulemonde, analyste à la Deutsche Bank. Car quelqu'un de l'extérieur devrait prendre ses marques vis-à-vis de Nissan." C'est l'argument qui place Thierry Bolloré en tête.
Relations apaisées avec l’Etat
En tout cas, le choix "se fait en harmonie avec l'Etat actionnaire", souligne un membre du comité des nominations. Les pouvoirs publics y sont représentés par Martin Vial, commissaire aux participations de l'Etat (APE). Les relations sont désormais au beau fixe entre Carlos Ghosn et Emmanuel Macron, qui se sont parlé au récent Forum économique mondial de Davos. Et, à Bercy, on qualifie d'"amicaux" les rapports du PDG avec le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
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