
Alors que son groupe fait toujours face à l’onde de choc provoqué par la crise du lait contaminé, Emmanuel Besnier, PDG de Lactalis, s’est confié au journal Les Échos. Voici ce qu’il faut retenir de cet entretien.
Emmanuel Besnier, PDG de Lactalis, revient sur la crise que traverse le groupe qu’il préside dans un large entretien accordé aux Échos. Contaminations, gestion de la crise, coût de cette dernière, il fait le point.
L’origine de la crise
Lactalis travaille toujours à trouver l’origine de la contamination. « On sait aujourd’hui que nous avons libéré des salmonelles Agona en réalisant des travaux sur les sols et les cloisons de la tour de séchage numéro 1, explique Emmanuel Besnier. Malgré le confinement des espaces en travaux, elle s’est disséminée dans l’environnement. Elle a contaminé des équipements amovibles qui servent à produire des petites séries de lait infantile. Cela s’est fait par du matériel de nettoyage. »
Lactalis « ne peut pas exclure que des bébés aient consommé du lait contaminé » entre 2005 et 2017 concède au passage Emmanuel Besnier.
Ce dernier revient sur la précédente contamination de 140 bébés en 2005. Il confirme que la bactérie mise en cause dans la crise actuelle est identique à celle de 2005 ; époque à laquelle, n’oublie pas de rappeler Emmanuel Besnier, Lactalis n’était pas encore propriétaire du groupe. « Elle était confinée dans les infrastructures de la tour numéro 1. Avant le 1er décembre nous n’avions pas les éléments nous permettant de dire cela », ajoute le PDG de Lactalis.
La défaillance des analyses
Autre élément central de la polémique : les analyses. « Les analyses sur les produits finis étaient conformes aux exigences sanitaires » assure Emmanuel Besnier. Le PDG indique que Lactalis confie ces « analyses systématiques par un laboratoire extérieur de référence ». Et d’ajouter, façon de partager les responsabilités : « Nous nous posons beaucoup de questions sur la sensibilité des analyses faites par ce laboratoire. Nous avons beaucoup de mal à comprendre comment 16 000 analyses réalisées en 2017 ont pu ne rien révéler. Nous avons des doutes sur la sensibilité des tests. Ce n’est pas possible qu’il y ait eu zéro test positif ».
Aussi le groupe entend-t-il « fortement renforcer » ses contrôles sur le lait infantile. « Les tests seront sécurisés par un deuxième laboratoire » annonce Emmanuel Besnier.
Quelles mesures ?
Emmanuel Besnier l’annonce aussi dans cet entretien, la tour de séchage numéro 1, celle qui est incriminée dans la contamination, sera définitivement fermée. « C’est une décision difficile mais indispensable. Il existe des solutions de rénovation pour cette tour, mais si nous suivions cette voie, nous aurions toujours la crainte d’une possible résurgence compte tenu des alertes en 2005 et 2017, à douze ans d’intervalle. »
Quelle incidence sur l’emploi ? Le PDG de Lactalis l’assure, il s’engage à offrir « un programme de mobilité aux salariés concernés par la fermeture de la tour numéro 1 ». « Ce plan a été présenté mercredi soir aux représentants du personnel, en leur assurant de notre volonté qu’il n’y ait aucune suppression de poste. » Emmanuel Besnier rappelle que le groupe dispose de sept sites dans un rayon de 50 km autour de l’usine de Craon.
La tour n° 2, elle, est appelée à rouvrir. Mais aucune date n’est pour l’instant fixée.
Le coût de la crise
Interrogé par Les Échos sur le coût de cette crise, Emmanuel Besnier parle de « plusieurs centaines de millions d’euros ». Il ajoute aussi dans la balance : « Cette affaire peut aussi nous coûter l’agrément à l’exportation sur une période qu’on ne peut pas estimer. »
Le patron du groupe le concède volontiers :« C’est la plus grande crise que j’ai eue à affronter dans ma vie de manager. Notre première responsabilité est de mettre sur le marché des produits sûrs à 100 % »
Reste également le coût judiciaire. Des poursuites ont été engagées par des parents et associations de consommateurs. Combien à ce jour ? Emmanuel Besnier dit ne pas savoir.
Quid de la parole publique du groupe ?
La crise a poussé Lactalis sur le devant de la scène médiatique. Ses dirigeants, qui cultivent le secret depuis de longues années, ont dû sortir du bois. « Je prendrai la parole chaque fois que nécessaire », dit Emmanuel Besnier qui assure pourtant que son groupe communique régulièrement : « Vous savez, nous avons beaucoup de choses à dire sur certains sujets mais on n’a pas toujours l’impression d’être écouté. »
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