EDF a annoncé, jeudi 22 février, avoir</a> repéré des écarts de qualité par rapport à ses exigences sur des soudures du circuit secondaire du réacteur nucléaire</a> EPR à Flamanville (Manche).
Dans une déclaration publiée sur la page du chantier, EDF précise que « ces tuyauteries sont bien conformes à la réglementation des équipements sous pression nucléaire ». Les soudures de ces tuyauteries auraient dû correspondre</a> au standard « haute qualité », plus exigeant que la réglementation en vigueur, a expliqué au Monde une porte-parole du groupe. Concrètement, EDF avait défini pour la construction de l’EPR cette nouvelle norme de qualité, et n’a pas été en mesure de la faire</a> respecter</a> à ses sous-traitants.
Le groupe a détecté des écarts par rapport à ses propres exigences, d’abord en 2015 puis en 2017, sur des travaux réalisés par des sous-traitants. Il a informé l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et espère démontrer</a> que les équipements en question, même s’ils ne respectent pas le standard « haute qualité », sont tout de même supérieurs à la réglementation. « Cela nous demande de réaliser</a> des tests complémentaires qui n’auraient pas dû être</a> faits si tout avait été parfait », explique-t-on chez EDF.
Ces écarts concernent 38 soudures sur 66 dans le circuit secondaire. Ce circuit d’eau est celui qui sert à évacuer</a> la vapeur vers la turbine. Il est formé de quatre boucles, associées à quatre générateurs de vapeur.
L’analyse d’EDF n’est pas partagée par l’ASN
« Cet événement ne remet pas en cause le planning du projet</a> », assure-t-on chez EDF. En principe, le nouveau réacteur doit démarrer</a> début 2019. Le chantier a connu de nombreux déboires : l’EPR de Flamanville devait entrer</a> en service en 2012 et coûter</a> initialement trois milliards d’euros. Il devrait finalement coûter autour de 10,5 milliards. Tout nouveau retard serait un mauvais signal pour EDF, qui espère faire de l’EPR de Flamanville une vitrine.
L’analyse d’EDF n’est pas partagée par l’ASN. Son président, Pierre-Franck Chevet, a estimé jeudi, à l’Assemblée, que le sujet était « sérieux » et restait « entièrement ouvert ». « Je suis très très loin d’avoir une conclusion. Les objets n’ont pas été fabriqués suivant le niveau d’exigence qui était nécessaire à leur fonction de sûreté. On est au début d’un processus d’analyse », a-t-il expliqué devant les députés de la commission d’enquête</a> parlementaire sur la sûreté et la sécurité nucléaire.
Interrogé par la députée LREM Barbara Pompili sur les conséquences sur le chantier de l’EPR, M. Chevet a estimé qu’il était « très loin d’être en capacité de confirmer</a> ce que dit EDF ».
« EDF a fait lui-même le choix »
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), de son côté, indique ne pas avoir encore expertisé le dossier. Celui-ci n’en est qu’« au début de l’instruction », précise Thierry Charles, directeur général adjoint. A ce stade, ajoute-t-il, l’assurance donnée par l’industriel que le circuit secondaire est conforme à la réglementation est insuffisante : « EDF va devoir</a> caractériser</a> les écarts de qualité, établir</a> leur chronologie et présenter</a> les solutions pour y remédier</a>. »
Pour Yves Marignac, directeur de l’Agence de l’information et d’études sur le nucléaire, Wise-Paris</a>, et par ailleurs membre du Groupe permanent d’experts sur les équipements sous pression nucléaire, le problème est plus sérieux que ne le reconnaît l’électricien. « EDF a fait lui-même le choix, pour le circuit secondaire, du principe de “l’exclusion</a> de rupture”, qui écarte la possibilité d’un tel accident, explique-t-il. Dès lors, sa démonstration de sûreté ne prend pas en compte les conséquences d’une rupture de tuyauterie, par définition exclue, ni la façon d’y remédier. » Or, poursuit-il, du fait des défauts de fabrication mis au jour, ce principe n’est pas respecté. Dans ces conditions, « la démonstration de sûreté d’EDF doit être entièrement revue ». Ce qui, à ses yeux, « risque de prendre</a> du temps ».
http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/02/22/nucleaire-des-problemes-de-soudure-reperes-sur-l-epr-de-flamanville_5261043_3234.htmlBagikan Berita Ini
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