Le gouvernement prévoit de déposer mi-mars un projet de loi d'habilitation pour recourir aux ordonnances. Les syndicats des cheminots se sont donnés jusque-là pour décider d'une grève.
Les syndicats de la SNCF ont finalement décidé mardi de donner une chance à la concertation sur la réforme de l'entreprise ferroviaire publique. Ils se sont donné rendez-vous le 15 mars, pour arrêter une éventuelle date de grève, une fois qu'ils auront pris connaissance du projet de loi d'habilitation des ordonnances, qui devrait être présenté la veille. Cette décision «n'est pas un signe de faiblesse des syndicats», se défend Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, interrogé mercredi matin sur France 2. «Le gouvernement dit qu'il veut discuter, on va voir s'il veut réellement discuter». Soit la concertation «sera un dialogue», soit ce sera «un monologue» et «là, les cheminots se fâcheront» prévient-il, rappelant que la journée de mobilisation du 22 mars, avec la fonction publique, est maintenue. «On est gonflés à bloc!» La «réponse» des syndicats «sera à la hauteur de l'attaque» du gouvernement, promet-il.
«Personne n'a intérêt à une grève longue»
Du côté de l'entreprise, comme du gouvernement, on s'accorde à dire que «personne n'a intérêt» à une grève longue, comme menaçait la CGT. Au moment où la SNCF affiche de bons résultats pour 2017, «personne, ni les cheminots, ni les syndicats, ni les clients, ni notre pays n'a intérêt à ce qu'il y ait une grève longue au moment où le train repart», a mis en garde le président de la SNCF, Guillaume Pepy, sur CNews, défendant de nouveau la nécessité de cette réforme. Faute de réforme, la SNCF se fera «bouffer par des concurrents», a-t-il averti. «Il y a une très grande urgence à réformer, parce qu'on a d'abord trop tardé (...) Si la SNCF n'est pas prête, encore une fois, elle va se faire balayer.»
«Personne n'a intérêt à un mouvement dur à la SNCF», a renchéri la ministre des Transports, Elisabeth Borne. Au micro d'Europe 1, elle a répété qu'elle privilégiait la concertation avec les syndicats, qui avaient fait de la réforme par ordonnances un casus belli, et que la loi remplacerait le contenu des ordonnances au fur et à mesure. «Il va y avoir deux mois de concertation et trois mois de débat parlementaire. Les deux vont avancer parallèlement, et (...) à chaque fois que la concertation aura permis d'avancer sur un sujet, alors on mettra dans la loi les dispositions à la place des ordonnances.»
«Les cheminots ne sont pas des privilégiés»
Au menu des négociations qui débutent jeudi avec les organisations syndicales pour deux mois: les conditions de l'ouverture à la concurrence, l'organisation de la SNCF et le calendrier de l'arrêt du recrutement au statut de cheminot. Sur ce point, Philippe Martinez, le numéro un de la CGT (premier syndicat représentatif au sein de la SNCF) a prévenu: ce statut qui comprend une garantie de l'emploi et un départ à la retraite possible à partir de 50 ou 55 ans, selon les métiers «n'est pas négociable». «Les cheminots ne sont pas des privilégiés», a insisté le leader syndical, jugeant «proprement scandaleux» le fait que l'exécutif laisse entendre qu'«un statut, c'est un privilège». À la SNCF, quelque 140.000 employés de l'entreprise publique bénéficient du statut de cheminot. Le premier ministre a annoncé lundi qu'«à l'avenir», il n'y aura plus de recrutement au statut.
Autre enjeu de la réforme: le traitement de la dette de la SNCF (46 milliards d'euros fin 2017), qualifié de «menace pour le service public ferroviaire» par Elisabeth Borne. Même si la SNCF affiche de bons résultats pour 2017, (le bénéfice net de l'entreprise a plus que doublé en 2017, à 1,33 milliard d'euros), ceux-ci «ne règlent en rien les problèmes du secteur», estime la ministre. À ce propos, Guillaume Pepy a mis en cause la politique de l'Etat qui a, selon lui, «laissé la SNCF s'endetter avec des tas de projets depuis 30 ans», ce qui «n'est plus possible». De son côté, le gouvernement a averti qu'elle ne serait pas reprise par l'Etat sans transformation de la SNCF.
(Avec AFP et Reuters)
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