
Le groupe LDC, des poulets Loué, est candidat au rachat de l'entreprise. Une autre proposition est sur la table mais elle préserve moins d'emplois.
Rien ne va plus dans la volaille bretonne. Battant de l’aile depuis plusieurs années, un des anciens fleurons du secteur, Tilly-Sabco, basé à Guerlesquin (Côtes-d’Armor) est au bord du gouffre. Quant à l’ex-leader européen du poulet export, le groupe Doux à Châteaulin (Finistère), après une première crise sévère en 2012 et la perte d’un millier d’emplois, il voit de nouveau son sort suspendu aux projets de repreneurs dont la validité reste encore à confirmer.
Dévoilée ce jeudi, l’offre du groupe LDC (associé pour l’occasion au saoudien Al Munajem, déjà actionnaire et principal client de Doux, aux Volailles de Plouray et à Terrena, devenu en 2016 l’actionnaire majoritaire), apparaît aujourd’hui la plus séduisante. Selon Terrena, ces «offres concertées» permettraient au total de conserver 920 emplois sur les 1 187 personnes que compte actuellement Doux. Plus de 400 possibilités de reclassement auraient également été identifiées. De quoi largement offrir des solutions aux salariés qui pourraient se retrouver sur le carreau.
«On va sauver le site de Châteaulin»
LDC (poulets de Loué, Le Gaulois), leader français de la volaille, s’engage pour sa part à investir 60 millions d’euros dans le projet de reprise, dont 55 millions seraient consacrés à la construction d’un nouveau site industriel d’abattage et de découpe de volailles dédiées aux marchés industriels et de la restauration. Le site devrait être opérationnel d’ici deux ans à Châteaulin. «A l’horizon 2020, le site emploierait 250 collaborateurs pour une capacité d’abattage de 400 000 poulets par semaine», a précisé LDC. Le site actuel de Châteaulin serait loué quant à lui à Al-Munajem pour la «gestion» de la production de poulets surgelés destinés à l’export, tandis que le site de production de produits élaborés de Quimper serait repris avec l’ensemble de ses 168 salariés et un investissement de 5 millions d’euros.
«C’est un soulagement, on évite la catastrophe sociale, notre savoir-faire est reconnu dans le poulet export et on va sauver le site de Châteaulin, a réagi Nadine Hourmant, déléguée Force ouvrière. Mais il faut maintenant étudier l’offre site par site et se préparer à de difficiles négociations avec Al-Munajem dont on nous a annoncé qu’il allait revoir tous les accords sociaux d’entreprise.»
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Pour les délégués du personnel, il n’y a pas photo en tout cas entre l’offre du consortium mené par LDC et la seconde offre de reprise sur la table qui émane du géant ukrainien de la volaille MHP (plus d’un milliard de chiffre d’affaires et quelque 27 600 salariés). Et pour cause. Ce groupe agro-industriel s’est dit certes prêt à investir 76 millions d’euros pour «assurer la pérennité de l’entreprise» et prévoirait également «le développement de l’activité produits frais» avec la construction d’une «nouvelle usine à la pointe de la technologie» à Châteaulin. Mais le bilan social de cette offre apparaît bien maigre. Seuls 285 postes seraient conservés dans l’immédiat, 430 autres étant prévus au démarrage de la nouvelle unité de production, d’ici deux ans. De plus, si MHP assure que l’activité export de poulets congelés serait «repensée pour assurer sa compétitivité sur le marché global et sa pérennité en maintenant la valeur en France», depuis que les salariés ont connaissance de l’intérêt des Ukrainiens pour leur entreprise, ils n’ont qu’une seule crainte : la délocalisation de cette activité en Ukraine.
«Ce qui intéresse avant tout MHP, c’est la marque Doux», estime Nadine Hourmant. Reste que le site de Plouray (Morbihan) serait conservé ainsi que celui de Quimper. Une chose est sûre, dans tous les cas de figure, l’abattoir de Chantonnay et le couvoir de L’Oie, en Vendée, qui emploient au total 180 personnes, seront fermés.
Amende en suspens
Ces offres doivent désormais être présentées au tribunal de commerce de Rennes où une audience est prévue le 3 avril prochain pour examiner, à la demande du groupe Doux, son placement en liquidation judiciaire. Une procédure qui pourrait permettre au volailler d’échapper à une amende en suspens de 85 millions d’euros pour des teneurs en eau trop élevées dans ses poulets. Une décision quant au repreneur ne devrait toutefois pas intervenir avant mi-mai.
Voilà plusieurs semaines que des discussions étaient menées sous l’égide du comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri) avec les différents candidats à la reprise du groupe Doux dont les pertes sont estimées à 3 millions d’euros par mois.
L’Etat et les collectivités locales ont salué les initiatives menées par le consortium LDC et par l’Ukrainien MHP, les jugeant «sérieuses et de nature à apporter des solutions de reprise crédibles». Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, sera quant à lui vendredi dans la Sarthe où il devrait rencontrer les dirigeants de LDC.
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